L'infirmière Libérale Magazine n° 269 du 01/04/2011
Hasard du calendrier, la 22e Semaine d’information sur la santé mentale coïncide avec l’examen par l’Assemblée nationale du projet de loi sur les soins sans consentement(1). Cet événement souhaite faire descendre dans la rue la réflexion sur la maladie mentale et éviter que les professionnels de la psychiatrie soient « les seuls à apporter des réponses ». Tandis que, dans l’hémicycle, nos députés planchent sur un projet de loi déjà précédé par une sévère réputation liberticide(2). Y est prévue notamment « l’intervention du directeur de l’établissement de santé pour réinsérer le patient dans les soins » en cas de non-présentation à une consultation. Mais qui sonnera à la porte : un infirmier, un policier ou un recouvreur de dettes ? Autre mesure plus novatrice, l’arrivée des “soins ambulatoires sans consentement”. Si ce texte est adopté, il sera possible d’obliger un patient à se soigner, sans pour autant l’hospitaliser. De là à imaginer que les infirmiers libéraux auront une place à prendre sur l’échiquier, il n’y a qu’un pas. Las, les pièces d’un jeu n’ont pas toutes la même valeur. L’accompagnement spécifique de malades “psy” ne figure pas dans votre nomenclature(3). Pour autant, devriez-vous oublier votre mission d’éducation thérapeutique et toutes les belles théories de soin global, la seule référence existante aux “soins psy” vous limitant à la surveillance de la “thérapeutique orale” ? Certains chronomètres tournent plus vite que d’autres : le projet de loi pourrait être effectif au 1er août. Et la révision de votre nomenclature, c’est pour quand ?
(1) Le “Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge”, adopté au Conseil des ministres du 26 janvier 2011, devait être discuté à l’Assemblée nationale du 15 au 17 mars.
(2) Lire le décryptage du texte par le “collectif des 39 contre la nuit sécuritaire” sur www.collectifpsychiatrie.fr.
(3) Philippe Sarlat, infirmier libéral en Midi-Pyrénées, s’est vu notifier par sa CPAM le non-remboursement d’actes infirmiers de soins « pour des patients ne présentant qu’une dépendance liée exclusivement à une pathologie psychiatrique », lire notre actualité parue dans L’ILM n° 266.