L'infirmière Libérale Magazine n° 269 du 01/04/2011

 

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CRISE > Le ministère a fait savoir à l’Ordre endetté qu’il le laissera aller jusqu’à la « cessation de paiement » s’il ne réduit pas la cotisation.

Après la défiance exprimée par Nora Berra au Sénat, l’Ordre national des infirmiers (Oni) est mis au pied du mur par l’équipe de Xavier Bertrand. C’est un courrier signé par Dominique Le Bœuf, sa présidente, qui en atteste. La lettre vise à “rendre compte” au ministre et aux conseillers ordinaux d’une réunion tenue le 1er mars.

Ce jour-là, Dominique Le Bœuf et Myriam Petit, secrétaire générale du conseil national, ont été reçues, à leur demande, par les directeurs de cabinet de Xavier Bertrand et de Nora Berra. « Il n’a été question que des finances de l’Ordre », regrette le courrier. Il rapporte que « l’Oni enregistre actuellement un déficit cumulé de 5,2 millions d’euros », qui « s’alourdit en moyenne de 600 000 euros par mois ». « Notre banque ne peut […] envisager de renouveler son prêt à une institution […] dont l’État encourage le boycott et qu’il conduit ainsi inéluctablement à l’asphyxie », avertissent les élues. Elles affirment que « la survie à très court terme » de l’Oni est en jeu.

Forte pression

La réponse du ministère a été sans ambiguïté, à en croire le texte : « Malgré son indépendance, l’Ordre doit “proposer un montant de cotisation considéré comme acceptable par le gouvernement”. » L’Oni doit tabler sur une cotisation réduite, si possible d’un euro symbolique, en tout cas de 30 euros au plus. Il lui revient aussi de « proposer un modèle de fonctionnement allégé ». Une modélisation en ce sens devra être soumise à la banque et au ministère d’ici à la fin mars. Faute de quoi ce dernier laissera l’Oni « aller jusqu’à la cessation de paiement ».

La pression est forte sur le conseil national, qui doit se réunir le 29 mars. En 2010, il avait réaffirmé sa confiance à Dominique Le Bœuf et maintenu la cotisation de base à 75 euros. Cette fois, l’ambiance est tout autre. Dans une lettre ouverte en date du 20 février, quatre conseillers ordinaux* reprochaient à la présidente de communiquer auprès des pouvoirs publics « en utilisant l’agressivité et la provocation », et dénonçaient une attitude « suicidaire ». « Entre une cotisation symbolique et 75 euros, à nous de trouver un juste milieu », proposaient-ils. Le temps est compté.

* Didier Borniche, vice-président du conseil national, Karim Mameri, secrétaire générale adjoint, Thierry Amouroux, président du CDOI de Paris et Christophe Bouchet, président du CROI de Midi-Pyrénées.