VAL D’OISE (95)
Initiatives
Infirmière libérale à Eaubonne, Véronique Renaut revêt deux après-midi par semaine l’uniforme des sapeurs-pompiers. Volontaire depuis cinq ans, elle veille sur la santé du personnel du groupement territorial n° 2, qui regroupe treize communes du sud du département.
Elle se définit comme un tantinet hyperactive. « À la maison, le canapé est tout neuf et je n’allume pas souvent la télé. » Et pour cause… Entre son activité d’infirmière libérale, son volontariat chez les pompiers et la course à pied, pratiquée à haute dose, Véronique Renaut, 47 ans, est plus souvent dehors que dedans.
Tournée du matin achevée, il est 13 h 30 tapantes lorsqu’elle gare son véhicule au centre de commandement du groupement à Eaubonne. Dans la foulée, l’uniforme enfilé, elle enchaîne les consultations infirmières jusqu’à la fin de l’après-midi. Objectif : s’assurer que les pompiers sont “bons pour le service”.
Le centre de secours dispose en effet de son propre dispositif de médecine du travail, animé par les infirmières et les médecins volontaires. « Sans les volontaires, nous ne pourrions pas fonctionner », admet Régis Le Dus, infirmier en chef de la division santé et secours médical du groupement territorial n° 2.
Qu’ils soient volontaires
« Un médecin, lui-même pompier volontaire et avec qui je travaillais, m’a parlé du volontariat », raconte l’infirmière. C’est ainsi qu’il y a cinq ans, Véronique Renaut pousse la porte du centre de secours d’Eaubonne, à quelques encablures de son cabinet. D’emblée, cela lui plaît. « D’autant qu’était proposée à tous la formation destinée aux pompiers professionnels. Je profitais de l’opportunité de remettre à jour mes connaissances, notamment en matière de gestes d’urgence. »
Depuis, elle a obtenu le fameux CFAPSE (Certificat de formation aux activités de premiers secours), sésame pour porter la tenue et la garnir des galons d’officier, grade des infirmiers sapeurs-pompiers. « La formation est très dense, une partie des cessions se déroule sur plusieurs jours en province. J’avoue que j’ai été étonnée de la qualité de cette formation. Nos pompiers sont vraiment bien formés », remarque-t-elle.
Mais l’infirmière a également été séduite par le bon esprit qui règne entre eux. Pas évident lorsqu’on connaît son aversion pour la hiérarchie et l’autorité et son goût de l’autonomie… « En fait, ce n’est pas tant la hiérarchie qui me pose problème que la façon dont elle se comporte parfois. À cet égard, je conserve un assez mauvais souvenir de mes premières années à l’hôpital… Ici, au centre de secours, ce n’est pas du tout le cas. On sent un vrai esprit de corps. Et j’apprécie qu’aucune différence ne soit faite entre professionnels et volontaires. Nous sommes associés à la vie du centre et informés de toutes les activités et formations qu’il propose. Libre à nous d’y participer. De surcroît, il y a un vrai respect pour les volontaires. Je donne mon planning de disponibilités sur un mois. Ensuite, le service s’adapte. »
Le plus souvent, Véronique Renaut est présente deux après-midi par semaine, parfois trois. Elle a intégré son volontariat à son emploi du temps. « Le fait de travailler en groupe permet d’avoir ce type d’activité. Sans les collègues, cela n’aurait pas été possible. Ce sont elles qui ont assuré mes tournées lors des périodes de formation », souligne-t-elle.
Audiogramme, éléctrocardiogramme, spirométrie, test de la vue… Cet après-midi, Véronique Renaut assure cinq consultations de trente minutes chacune. « Le programme de la visite est protocolisé. Je reçois d’abord chaque pompier, puis je transfère les données au médecin. C’est lui qui, après avoir vu le pompier, valide ou non l’aptitude. »
Puis elle ajoute : « Peut-être qu’en découvrant le volontariat plus tôt, je me serais engagée différemment et sans doute sur des missions de terrain. Mais, aujourd’hui, cela me convient. J’ai trouvé un équilibre entre le travail et ma vie privée. J’ai pris un engagement moral et j’essaie de le respecter. Cela dit, je suis libre d’arrêter du jour au lendemain. »
Qu’on se rassure, elle n’a absolument pas l’intention d’arrêter. Et ce, d’autant que son volontariat n’a aucun impact sur son activité professionnelle. « De toute façon, je ne prendrais pas davantage de patients. J’ai mis longtemps à savoir dire non. J’ai couru après le temps pendant des années et ce n’était satisfaisant pour personne. ». Aujourd’hui, lorsqu’elle court, c’est seulement pour le plaisir. Un plaisir chaque jour renouvelé car elle avale quotidiennement 8 kilomètres au moins et souvent le double. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente ou qu’il gèle, ses baskets sont toujours à portée de main. « Je crois que je suis un peu accro… », plaisante-t-elle. Et de préciser : « Je n’aime pas beaucoup les contraintes. Courir, on peut le faire partout et à n’importe quelle heure. »
En mars dernier, Véronique Renaut a pris le départ de l’Éco-trail de Paris, une course de 80 kilomètres et, en juillet prochain, elle a déjà des vues sur l’Ultra-tour du Beaufortain, un 100 kilomètres à forts dénivelés. « Jusqu’à maintenant, ma plus longue distance est un 60kilomètres avec un dénivelé positif de 3 000 mètres et autant en négatif. Alors, on verra bien. Je ne cours pas pour gagner mais pour la convivialité », affirme-t-elle. Lors du dernier cross départemental des sapeurs-pompiers du Val d’Oise, elle est montée sur le podium. « Je n’ai pas de mérite : dans ma catégorie, nous n’étions que trois ! », s’amuse-t-elle. Certes, mais elle a terminé première… Pas de temps à perdre, il est presque 17 h 30. En ville, les patients l’attendent déjà pour la tournée du soir.
* Dans le Val d’Oise et en fonction des missions, les sapeurs-pompiers volontaires perçoivent une petite indemnité d’une dizaine d’euros de l’heure.