UNE VIE SAUVÉE…
L’exercice au quotidien
Libérale à Pionsat (Puy-de-Dôme) depuis deux ans, Laetitia prodigue régulièrement des soins à une patiente souffrant d’un faux Parkinson. Jusqu’au jour où le mari de sa patiente fait un malaise sous ses yeux.
« Installée depuis peu en Auvergne, je suivais quotidiennement une patiente de 85 ans atteinte d’un faux Parkinson. Moi et mes collègues nous relayions chaque jour pour lui faire sa toilette le matin et lui délivrer ses médicaments. Elle était en fauteuil roulant et sa maison était équipée d’un ascenseur, près des escaliers. J’arrivais chez elle chaque matin vers six heures et demi pour commencer la journée. Son mari – un ami de ma grand-mère que je connais depuis mon enfance – se réveillait souvent lors de mon arrivée et descendait les escaliers pendant que j’effectuais les soins et la toilette. Ce matin-là, en décembre 2009, je décide de passer chez ma patiente un peu plus tôt que d’habitude, vers six heures. Et je commence à prodiguer mes soins. Je pensais que, comme à l’accoutumée, le mari de ma patiente allait descendre les escaliers. Mais quelque chose ne s’est pas passé comme d’habitude. J’ai entendu ce vieux monsieur crier à l’étage et quand je me suis précipitée vers lui, il était tout violet, limite noir ! Je me suis rendue compte qu’il était en pleine dépression respiratoire et faisait un infarctus. Il était trop tard pour le conduire à l’hôpital, assez éloigné de la zone où ils habitaient, en campagne.
J’ai alors fait appeler les pompiers par le petit-fils de la famille qui vivait sur place avec eux et j’ai profité de la télé-alarme que la mamie portait autour du cou pour doubler l’appel et le SOS, afin d’être sûre d’être entendue. Puis j’ai commencé à effectuer un massage cardiaque et une prise des constantes pour maintenir ce monsieur en vie. Il est resté inconscient suite à ce double malaise respiratoire et cardiaque mais a fini par reprendre connaissance… Les pompiers et le Samu sont ensuite arrivés et l’ont emmené vers l’hôpital. Heureusement, il s’en est sorti ! La seule chose qu’il répétait avant de partir, allongé dans la civière, c’était : « Merci, merci, merci, je m’excuse pour hier ! » Il s’était en effet un peu énervé la veille contre ma collègue. Il s’en est fallu de peu, en tout cas, pour qu’il n’ait pas la vie sauve. Car qui sait ce qu’il serait advenu si j’avais conservé mes horaires habituels ? Je l’aurais peut-être retrouvé mort dans son lit ! »
Marc Giroud, président du Samu de France
« C’est une belle histoire, où la chance et une bonne réactivité professionnelle s’allient pour aboutir à cette heureuse issue. Le constat « il était tout violet » est éclairant mais il manque une appréciation de l’état de conscience pour signifier l’arrêt cardiaque. À ce stade, il n’est d’ailleurs pas utile de tenter un diagnostic. Le bon réflexe est d’appeler les secours, ou, mieux, de faire appeler les secours, comme l’a fait l’infirmière. Le massage cardiaque (à effectuer sur un plan dur, à la fréquence de 100 par minute, sans bouche-à-bouche) s’imposait devant l’état d’inconscience. La « prise des constantes » pendant le massage cardiaque est, en revanche, une perte de temps. Enfin, l’appel au 15 est recommandé dans ces situations d’urgence médicale : le médecin régulateur du Samu peut réévaluer la situation et indiquer la conduite à tenir (guidage des gestes) en attendant l’arrivée des secours. »