Cahier de formation
Savoir faire
M.P. garde son petit-fils Nicolas qui a été diagnostiqué hyperactif. Il a du mal à maintenir son attention quand il lui demande de faire quelque chose. « Il est toujours dans la lune », ajoute-t-il.
Vous lui expliquez que l’hyperactivité diminue les capacités d’attention de l’enfant et ne doit pas être confondue avec une mauvaise volonté de sa part. Quelques conseils peuvent toutefois améliorer leurs relations. Ils sont une aide et même un atout thérapeutique pour les parents d’un enfant hyperactif dont le comportement peut désorienter.
Les enfants atteints de TDAH sont plus en difficulté dans les situations qui impliquent de l’attention et un contrôle de leur impulsivité et de leurs mouvements. Ils ont plus besoin que les autres enfants d’ordre et de régularité, de règles simples et claires. Lorsqu’en plus des parents, les grands-parents ou d’autres membres de la famille jouent un rôle dans l’éducation de l’enfant, il est important que tous collaborent pour proposer une approche concordante. Ils doivent s’entendre sur les méthodes, les exigences, les encouragements et les punitions.
La difficulté de maintenir l’attention de l’enfant sera d’autant plus forte qu’il a affaire à des tâches répétitives ou ennuyeuses qui nécessitent une attention soutenue. Dans les situations où l’enfant doit se concentrer, il est recommandé de lui éviter toutes causes de distraction ou d’excitation qui pourraient le détourner de l’activité en cours. Il s’agit par exemple de l’installer dans un endroit calme pour faire ses devoirs, en évitant de laisser sur sa table des objets susceptibles de le distraire. Les mêmes conditions seront réunies lors de la prise d’un repas.
De la même manière, les instructions sont présentées de façon claire et simple, en évitant les mots et les phrases superflus. « Il vaut mieux s’approcher de l’enfant et réduire les sources de bruits pour lui donner des consignes », explique Mariama Dieng, infirmière puéricultrice dans un centre médico-psychologique (cf. Point de vue page précédente). « Il faut éviter de s’adresser à lui à distance car l’enfant ne sera pas concentré sur l’information donnée. » L’infirmière incite aussi les parents à se limiter à une seule consigne à la fois, courte et claire. Ils doivent choisir des attitudes appropriées, « en se mettant à hauteur de l’enfant et en le regardant dans les yeux pour capter son attention », conseille-t-elle. De même, après s’être adressée à l’enfant, elle suggère de le questionner pour vérifier que la consigne ou la demande a bien été comprise.
« Pour les activités qui peuvent poser problème à l’extérieur, il est souhaitable de préparer l’enfant en lui donnant des objectifs clairs et précis », explique Mariama Dieng. Elle prend l’exemple des courses au magasin, « les parents peuvent préparer l’enfant en lui demandant de rester près d’eux ». Cette préparation peut se faire aussi en racontant ce qui va se passer dans la situation à venir. C’est aussi le cas lors de visites chez les amis ou les grands-parents.
Les enfants hyperactifs ont peu d’occasions d’être félicités, et de nombreuses d’être réprimandés. Cette situation altère leur estime d’eux-mêmes. Même quand ils font de leur mieux, ils n’apportent pas toujours les satisfactions attendues. Les professionnels distinguent les récompenses matérielles et les récompenses “sociales”. Les premières consistent à offrir des friandises, un dessert, une bande dessinée, ou autres, à l’enfant qui a réussi à adapter son comportement à une situation. Les récompenses sociales sont le fait de prêter attention à l’enfant, l’embrasser, l’approuver ou le regarder avec admiration…
L’encouragement doit être immédiatement consécutif au comportement récompensé. D’autant que l’enfant hyperactif a du mal à fixer son attention sur une seule chose et peut perdre de vue le lien entre son action positive et la récompense.
L’enfant hyperactif a besoin d’être maintenu dans une ligne de conduite conforme aux règles et aux conventions. Les punitions sont parfois nécessaires mais doivent être logiques et proportionnées pour être comprises par l’enfant et produire l’effet attendu. L’impulsivité de l’enfant hyperactif est souvent assimilée à de l’indiscipline ou de l’impolitesse. Les parents sont parfois exaspérés par ce comportement. Les professionnels recommandent de ne pas se limiter à des punitions agressives (crier, gronder, etc.) qui n’ont qu’un effet à court terme. Elles peuvent amener l’enfant à faire un lien désagréable entre la punition et celui qui punit (parent-bourreau), au risque d’inhiber aussi les comportements souhaités. Comme pour les encouragements, le comportement inadapté ou dangereux est interrompu par une intervention immédiate, brève, claire et bien expliquée.
L’enfant hyperactif est soumis à des exigences constantes visant à adapter son comportement à la vie sociale. Elles lui demandent de gros efforts et le dépassent parfois. L’objectif d’un lieu déterminé par les parents et l’enfant est de permettre à ce dernier de s’apaiser. « L’idéal à cet effet est un endroit sans stimulant perturbateur, sans objets fragiles, avec un minimum de matériel et seulement destiné à laisser l’enfant s’occuper en toute tranquillité. Pensez à y mettre un tableau et de la craie, des feuilles pour dessiner, quelques livres, [de la musique] qu’il aime et qui le calme… » (Du calme !, Théo Compernolle et Théo Doreleijers, p.86, cf. Savoir plus p.40). Dans ce cas, les parents doivent rappeler à l’enfant qu’il ne s’agit pas d’une punition.
Les enfants hyperactifs demandent beaucoup d’attention de la part des parents qui ont l’impression de ne jamais être entendus. Ces derniers, stressés et épuisés, peuvent douter de leurs capacités d’éducation. Le comportement de l’enfant est rejeté par ses camarades et par les autres adultes, et les parents se sentent mis à l’écart. La guidance parentale par des professionnels est alors d’un grand secours. « Elle permet à certains parents de retrouver confiance en eux quand ils ont tendance à baisser les bras, avec l’impression d’être de “mauvais” parents », constate Mariama Dieng. Les parents trouveront aussi du soutien auprès de l’association des HyperSupers (cf. Savoir plus p.40).
« Dans les cas de dépression ou de manifestations hystériques chez l’enfant, si le diagnostic est figé sur le symptôme, on n’écoute plus l’enfant. Par ailleurs, l’hyperactivité met aussi en cause la tolérance des parents. Or des interactions précoces apparaissent lors des consultations avec la famille. Il nous est arrivé de nous opposer au choix de parents qui voulaient placer leur enfant dans une institution, le problème relevant selon nous du lien entre la mère et l’enfant. C’est souvent difficile à entendre pour les parents. Les troubles dyspraxiques ou l’hyperactivité sont présentés par les parents comme un dysfonctionnement cérébral ou cognitif de l’enfant qui ne les met pas en cause. Il y a intérêt à comprendre avec l’enfant et la famille d’où vient ce symptôme. »