L'infirmière Libérale Magazine n° 270 du 01/05/2011

 

Éditorial

Des châteaux, des cathédrales, des arènes et des temples de pierre. Des siècles précédents, nous avons hérité ces bijoux offerts à la vue de tous. À notre tour, nous marquons notre paysage. À notre façon. En permettant aux générations futures de découvrir des déchets nucléaires, au hasard d’un coup de pelleteuse, et le décor glaçant de réacteurs abandonnés et recouverts d’une chape de béton qui, pensait-on, stopperait les fuites. Las, pourront-ils même les admirer un jour lorsque l’on sait quels effets les rejets radioactifs ont sur les espèces vivantes ? Tchernobyl était de toutes les mémoires, Fukushima a eu lieu. Que le nom d’une ville passe dans le langage courant pour devenir synonyme d’une catastrophe, c’est déjà arrivé. N’oublions pas Pompéi ! Éruptions volcaniques, tremblements de terre et tsunamis : vivre au XXIe siècle ne nous protège pas des caprices de la nature. Néanmoins, à quoi bon rajouter du risque aux risques naturels en parcellant notre territoire de bombes à retardement ? Il n’est pas dangereux d’en parler. Ne laissons pas non plus passer l’occasion de nous demander si cette électricité produite pour faire tourner en veille un téléviseur ou une ampoule dans une pièce vide ne nous coûtera pas la santé un jour ou l’autre. Affections thyroïdiennes, leucémies, l’énergie nucléaire est un package. Une énergie pas chère, vraiment ? Que les pétales des cerisiers qui sont tombés des arbres ne recouvrent pas ce qui s’est produit hier au pays du Soleil-Levant. Ni toutes ces vies touchées aujourd’hui, et demain.