POLITIQUE DE SANTÉ
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PISTES D’ACTIONS > La Société francophone du diabète (SFD) a présenté, le 17 mars dernier, le Livre blanc du diabète
En moins de dix ans, la France a vu le nombre de diabétiques passer de 1,6 à 2,9 millions de personnes, selon les auteurs du Livre blanc. Sans compter quelque 600 000 malades qui s’ignorent… Parce que cette pathologie complexe fait intervenir une multitude de professions de santé, « il faut développer la pluriprofessionnalité, et ce, dès la faculté de médecine et dans les Ifsi », insiste Pr Bringer, président de la SFD et chef de service de diabétologie et d’endocrinologie au CHU de Montpellier.
Autre constat pointé par les auteurs du Livre blanc : le diabète est marqué socialement. Il touche davantage les personnes en difficulté et peu éduquées, migrants, populations économiquement défavorisées, ainsi que les Dom-Tom et les familles à risque héréditaire. La probabilité de développer un diabète gestationnel est 50 % plus élevée en Seine-Saint-Denis qu’à Paris… « Un effort considérable doit être mené vers les populations à bas niveau socio-éducatif, pour réduire les amputations et le nombre de patients mis sous dialyse », ajoute Jacques Bringer. Pour cela, l’éducation thérapeutique du patient doit être une priorité, qu’il faut développer en ambulatoire car, pour l’heure, elle reste hospitalo-centrée.
Autre piste relevée : agir sur la prévention, « en particulier via la pratique d’une activité physique adaptée, comme cela est déjà proposé dans des associations sportives et maisons de quartier à Grenoble », note le Pr Serge Halimi, chef du service diabétologie et nutrition au CHU de Grenoble. Une priorité quand on sait que 80 % des cas de diabète de type 2 sont dus à des facteurs environnementaux, selon l’Organisation mondiale de la santé, et donc évitables ! Serge Halimi insiste par ailleurs sur la prise en charge des problèmes podologiques : « Il faut donner un accès plus large aux centres de soins départementaux pour le pied diabétique, car l’hôpital ne dispose pas d’acte de nomenclature ad hoc. » Car les nombreuses complications qui affectent les malades – pied diabétique mais aussi insuffisance respiratoire, cancer, apnée du sommeil, insuffisance rénale, etc. – ont fait exploser le coût de la prise en charge.
Édité à 5 000 exemplaires, ce Livre blanc, qui liste sept propositions (cf. encadré), a été adressé au gouvernement, aux parlementaires, aux professionnels de santé et aux représentants des malades.
* Le Livre blanc du diabète, par Alain Coulomb, Serge Halimi, Igor Chaskilevitch, février 2011, Edinews.
1. Inventer des solutions pour diminuer l’impact du diabète : les ARS pourraient réduire les inégalités d’accès aux soins, mieux dépister et prendre en charge les patients, etc.
2. Médiatiser le diabète pour mieux le prévenir.
3. Centrer l’organisation sur le malade et non sur la maladie : la prise en charge ne doit pas se résumer à l’observance de l’ordonnance, et passe par l’étude du projet de vie, du milieu social du patient, de sa capacité à être autonome, etc.
4. Améliorer la qualité de vie des malades, via la télémédecine, qui pourrait prévenir des hospitalisations.
5. Mettre en réseau les professionnels de santé, en renforçant les points forts de l’hôpital (nouvelles technologies, recherche clinique), et en permettant au diabétologue hospitalier d’être au centre de l’organisation des soins.
6. Mieux former les professionnels de santé à l’éducation thérapeutique.
7. Développer la recherche, en particulier clinique et épidémiologique, et faire de l’approche du diabète un paradigme de la prise en charge des maladies chroniques.