Échappées
Quand la Première Guerre éclate sur le continent, le cousin de Louise est fier d’être mobilisé. Mais, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, Louise perd son amour secret, son père puis sa nourrice. La jeune fille, sans ressources, doit quitter la Corse pour errer de familles d’accueil en tuteur de guerre. Victime d’un énième coup du sort (que nous tairons ici), elle finit par se porter volontaire pour soigner les blessés des tranchées dans la Somme, pensant ainsi retrouver son bien-aimé. Mais son entêtement va l’amener à faire la découverte d’un métier, celui d’infirmière, ainsi que d’autres suprises … Un vrai feuilleton tenu d’une main de maître par l’auteur, scénariste dans la vie – ça n’étonnera personne.
Elsa Chabrol. La guerre de Louise. Belfond, 2011. 252 p., 18 euros.
Monologue chaotique et violent dans la tête d’une femme de 45 ans, tout à coup si « vieille » et fatiguée, rendue groggy par la chute d’un mur puis bientôt par l’alcool… Un Haïti peuplé de fantômes, à commencer par celui de sa fille qu’elle laisse sous les gravats de son appartement. Elle fuit les ruines de son chez-elle pour se tourner vers son ami d’autrefois, Simon le reporter-photographe, qui l’a plantée il y a vingt-cinq ans en fuyant le village. Personnage mûré dans son silence, ou pur produit du délire ? En tout cas, Ursula parle pour deux et recompose leur passé de misère. Leur présent dévasté. Le tremblement de terre de janvier 2010 est bien là, sous les fenêtres. C’est même lui qui déclenche la quête d’Ursula dans les rues de Port-au-Prince. Mais l’auteur lui préfère la métaphore incarnée par cette femme brisée mais debout.
Marvin Victor. Corps mêlés. Gallimard, 2011. 250 p., 18,50 euros.
Freud et Jung, les nouveaux détectives new-yorkais ? Ici, des personnages réels côtoient un univers de fiction reposant sur des faits réels… Thriller plein de finesse, ce roman donne une image assez juste de ce que pouvait être le quotidien des années 1930 dans la “Grosse Pomme”. En acceptant de soigner une jeune fille souffrant de sévères nevroses handicapantes, le psychanalyste se retrouve impliqué dans une enquête où la patiente est le seul témoin, retrouvée inconsciente auprès de son père assasiné… Course contre la montre puisque l’illustre Freud n’a que sept jours pour la soigner. Mais s’il réussisait, quelle coup marketing pour sa discipline ! Original, intelligent et quasi hypnotique.
Luc Bossi. Manhattan Freud. Le livre de poche, 2011. 446 p., 6,95 euros.