L'infirmière Libérale Magazine n° 270 du 01/05/2011

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

PRISE EN CHARGE > Le 2 avril, Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, le Collectif Autisme a lancé une campagne en faveur de la scolarisation en milieu ordinaire.

Le nombre d’enfants autistes est estimé à 110 000 en France. « 80 % d’entre eux n’ont pas accès à l’école et sont donc privés du droit fondamental de tout enfant à recevoir une éducation appropriée à ses besoins », rapporte le collectif. Or il rappelle que « la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées devait garantir ce droit à la scolarisation et les moyens pour le rendre effectif ».

Plusieurs raisons expliquent ce retard de l’Hexagone. Tout d’abord, la définition erronée de ce trouble depuis une trentaine d’années puisque la France a conservé l’approche psychanalytique de l’autisme « freinant considérablement la mise en place de thérapies éducatives adaptées et l’intégration des enfants autistes à l’école », alors que la communauté internationale a fait entrer l’autisme dans les Troubles envahissants du développement.

De plus, la loi Chossy de 1996 a reconnu officiellement l’autisme comme handicap spécifique. Ce n’est pas le cas de la loi de 2005. Dès lors, « les moyens compensatoires nécessaires pour assurer l’accessibilité au savoir des enfants autistes ne sont pas souvent mis en œuvre dans les écoles ».

Enfin, l’opinion publique est très réservée à l’égard de la scolarisation des enfants autistes : 96 % des enseignants ont conscience que la scolarisation des enfants autistes permet d’ouvrir les enfants à la différence. Mais 18 % d’entre eux seulement déclarent que le meilleur environnement d’accueil pour les élèves autistes est la classe ordinaire et 61 % considèrent que cela ne permet pas aux enfants autistes d’apprendre dans de bonnes conditions, à la différence de l’établissement médico-social (68 %).

Pourtant, la scolarisation en milieu ordinaire est primordiale, d’après le collectif. « Un enfant autiste, immergé dans une classe ordinaire, et bien encadré, évolue et progresse durablement, tant sur le plan des apprentissages que sur le plan des relations avec les autres. » Un choix moins coûteux pour la collectivité que le placement à l’hôpital ou en institution. Pour que cette option se mette en place, il faudrait du personnel adapté. Mais, d’après le collectif Austisme, il manque en France des formations spécifiques et professionnalisantes. Il encourage donc l’Éducation nationale à se saisir du problème.