POLITIQUE DE SANTÉ
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ACCOMPAGNEMENT > La mairie de Paris relance le débat sur l’assistance sexuelle pour les personnes handicapées autour de la projection
Doit-on favoriser l’assistanat sexuel pour les personnes handicapées ? Comment, lorsque l’on vit entre les murs d’une institution régie par des règles strictes et en considérant le dur regard des autres sur son corps meurtri, accéder à une vie sexuelle épanouie ?
Véronique Dubarry, adjointe au maire de Paris chargée du handicap, avait déjà organisé un colloque sur la question en novembre 2010.
Voilà de nombreuses années que le monde associatif y réfléchit. C’est Marcel Nuss qui a lancé le débat sur la reconnaissance de cette pratique. Souffrant d’amyotrophie spinale qui le contraint à vivre couché en permanence, il évoque la « misère affective et sexuelle » liée à la « souffrance d’un corps et d’une libido bridés » dans sa Lettre ouverte à Roselyne Bachelot de la part d’un citoyen (presque) ordinaire.
Dans le film de Jean-Michel Carré, il est effectivement beaucoup question de corps : corps touchés, caressés par Christine, esthéticienne relaxologue et “assistante sexuelle” bénévole à Marseille, « corps en prison » pour la jeune Christelle, « corps déstructurés » pour Marcel Nuss… Un jeune homme infirme moteur cérébral (IMC) explique avoir « un soleil dans la tête à la place d’un trou noir » après avoir bénéficié des services d’une “assistante”.
Dans le sud de la France, des associations ont lancé un “manifeste pour la reconnaissance de l’assistance sexuelle”. Si des services d’accompagnement sexuel existent en Hollande, au Danemark, en Allemagne ou encore en Suisse alémanique, en France, on en est loin. Juridiquement, dès lors qu’il y a sexe contre de l’argent, peu importe le mobile, il s’agit de prostitution. Avec la remise du rapport parlementaire sur la prostitution le 13 avril
(1) La projection et le débat ont eu lieu à l’Hôtel de ville le 2 mai.
(2) Lire aussi notre débat paru dans ILM n° 269.
Quelle est votre position sur l’assistance sexuelle ? Cela ne me paraît pas une bonne réponse. Derrière les aidants sexuels, il y a l’idée qu’on amène l’extérieur à l’intérieur de l’environnement de la personne. Je milite pour l’inverse : qu’on nous permette de sortir de chez nous. Je crois que la question est mal posée. On doit se demander comment les personnes handicapées peuvent vivre leur désir sexuel. Il n’y a pas de réponse standard, car leur sexualité n’est pas une particularité : elle est comme celle de tout un chacun, unique.
Pourquoi cela vous pose question en tant que psychanalyste ? Qu’est-ce qui motive à devenir aidant sexuel ? Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a une perversion quelque part. Et cela pose beaucoup de questions : est-ce que l’un des deux ne va pas réagir violemment ? Comment évaluer le risque d’abus ? Il faut garder en tête qu’on livre l’autre à un inconnu qui va potentiellement faire de lui ce qu’il voudra.
Que peut-on faire évoluer rapidement ? Avant de parler d’assistance sexuelle, il faut revoir les règles : permettre à deux personnes de se rencontrer sans être sous surveillance, respecter l’intimité… Or, jusqu’à présent, en voulant réguler l’angoisse du sexuel, les responsables des institutions sont restés très frileux : ils s’imaginent que cela va immédiatement entraîner des problèmes.