L'infirmière Libérale Magazine n° 271 du 01/06/2011

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

POSITION > Défavorable à la coercition en matière de régulation démographique – « la coercition infantilise », considère-t-il –, le ministre de la Santé milite pour un zonage pragmatique.

À un an des élections présidentielles, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a choisi de jouer la carte du dialogue avec les professionnels de santé. Invité par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), le 2 mai dernier, il a considéré qu’en douze mois, « on a encore le temps de faire des choses ». Peut-être est-ce la raison pour laquelle il a organisé le 12 avril une rencontre avec 600directeurs d’établissements hospitaliers, patrons de Commissions médicales d’établissement (CME) et directeurs des soins, à l’École militaire de Paris. Un rendez-vous qu’il réitérera à l’automne.

Défi démographique

Cette dynamique affichée pour le dialogue avec les hospitaliers n’a semble-t-il pas d’équivalent avec les libéraux, exception faite peut-être des médecins qui conservent un contact privilégié avec les pouvoirs publics. D’infirmières et de paramédicaux libéraux, il n’est point question dans les propos du “ministre des patients”, tel qu’il se définit lui-même. Cependant, Xavier Bertrand garde à l’esprit les problématiques démographiques des professions de santé et martèle « incitation, incitation, incitation, je ne sors pas de cela ». Interpellé sur le fait que ce dossier, commun à toutes les professions de santé, devrait être traité dans le cadre de l’accord-cadre interprofessionnel (Acip) actuellement en discussion entre l’Union nationale des professions de santé (UNPS) et l’Assurance maladie – plutôt que d’être négocié profession par profession –, Xavier Bertrand devrait en faire la suggestion à l’UNPS, de même qu’il souhaite un zonage pragmatique et cohérent.

Courrier à l’Oni

Enfin, interrogé au sujet de l’Ordre national des infirmiers, Xavier Bertrand s’est dit « déçu » par l’entêtement de l’Oni au sujet du montant de la cotisation des infirmières. Il considère qu’aujourd’hui, « la balle est dans le camp de l’Oni ». Le ministre a en ce sens adressé un courrier à Dominique Le Bœuf, présidente de l’Ordre, et sa secrétaire d’État à la santé, Nora Berra, a brandi la menace d’une adhésion facultative à l’Ordre.

Accès aux soins : le débat

Pendant son entretien avec les journalistes de l’information sociale, ce 2 mai, Xavier Bertrand a nié qu’il puisse exister des problèmes d’accès aux soins pour raison financière en France. « On n’a pas besoin d’une carte Visa Gold pour bénéficier du progrès médical », a-t-il ainsi considéré. Une affirmation que ne partage pas Étienne Caniard, président de la Mutualité française. Invité à son tour par l’Ajis le 5 mai, il a de son côté listé les difficultés : forfaits divers et variés, dépassements d’honoraires, y compris à l’hôpital public – qui « servent de coupe-file », ce qui « n’est pas admissible » –, et facturation de chambres individuelles rendent l’accès aux soins onéreux. Une évolution qui s’accompagne d’une augmentation continue des prix des couvertures complémentaires, indique-t-il. Et d’expliquer que les transferts de charges de l’Assurance maladie vers les complémentaires imposent à ces dernières d’augmenter leurs tarifs. Du coup, les assurés basculent vers des couvertures moins complètes et donc moins onéreuses pour eux, ce qui augmente alors leur reste à charge. Au final, on observe « une tendance très visible des Français à renoncer aux soins ou à les différer ».