L'infirmière Libérale Magazine n° 271 du 01/06/2011

 

Échappées

ELLE VA PARTIR

La mère de Jenna, 13 ans, a un cancer du sein. Chaque nouveau traitement la fragilise un peu plus. L’ado se rapproche d’une voisine de son âge qui aime la fête, la boisson et les garçons. Jenna veut toujours croire que sa mère guérira mais les chances s’éloignent. Dur de grandir d’un coup, se retrouver à tout gérer à la maison entre deux allers-retours à l’hôpital. Le chagrin est trop lourd à porter : elle s’engage à se suicider si sa mère s’en va… Un roman d’une tristesse lumineuse, dont les images restent gravées pour longtemps.

Johanna Thydell. Des étoiles au plafond. Thierry Magnier, 2010. 326 pages. 17,50 euros.

GARE À LA CHUTE !

Quinze personnes s’embarquent pour du rafting dans les gorges du Grand Canyon. Cette descente prend rapidement les allures d’un voyage initiatique. Dans un des plus beaux cadres du monde, les blessures secrètes se révélent et se pansent. À bord du raft, un couple âgé attachant, dont l’époux entame sa dernière descente, atteint par la maladie d’Alzheimer. Suspense psychologique garanti dans cette sympathique histoire chorale. De quoi ravir les passionnés des grands espaces.

E. Hyde. Au cœur du canyon. Belfond, 2011. 391 pages, 19 euros.

DE L’AUTRE CÔTÉ

Inventer une langue pour exprimer l’indicible, l’incompréhensible… La Belge Lydia Flem relève le défit avec ce roman audacieux où le personnel médical se transpose en Blanc Lapin et autant de personnages fabuleux. Cette Alice lutte contre le temps, contre un mal jamais autrement nommé que ”la Reine des maladies”. Cancer du sein ? De toute façon, dans ce monde de l’hôpital en demi-teinte, on ne reconnaît pas tout… Magique et drôle, comme du Lewis Caroll. Fantastique !

Lydia Flem. La reine Alice. Seuil, 2011. 304 pages, 19,50 euros.

TOUT OUÏE

Pas un mot ne sort de la bouche de Moussa, qui subit les railleries de ses frères et des autres enfants du village. Lassé, il s’enfuit dans le désert. Après l’avoir retrouvé dans les dunes, son père a une idée : il roule une feuille de bananier en cornet qu’il glisse dans l’oreille de son fils. Et lui parle… Moussa sourit. De sa gorge sortent alors les premiers sons, graves et rouilllés. Il n’est pas muet, il n’entendait pas. Grâce à la solidarité du village, il pourra apprendre à parler. Un beau conte moderne dans le Maghreb traditionnel.

R. Causse, P. Davaine (ill.). Moussa le silencieux. Le Sorbier, 2011. 32 pages. 13,50 euros.

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