Un traitement
Cahier de formation
Le point sur
La constipation peut concerner tous types de patients. Aussi est-il indispensable pour l’infirmière libérale de bien connaître le mécanisme d’action des différents laxatifs, ainsi que les risques et inconvénients liés à leur utilisation.
Ils provoquent un appel d’eau dans la lumière intestinale et ramollissent les selles. Le sorbitol présente en plus une action cholagogue (favorisant la vidange de la vésicule biliaire) lui permettant d’être utilisé pour traiter les troubles digestifs.
Ce sont les laxatifs les mieux tolérés. On note cependant de possibles douleurs abdominales, ballonnements, ou selles semi-liquides en début de traitement.
Duphalac, Forlax, Importal, Movicol, Sorbitol Delalande, Transipeg…
Constitués de mucilages ou de gommes végétales, ils gonflent en présence d’eau et augmentent la masse et le volume des selles. Ils doivent être administrés avec un grand verre d’eau.
Ces laxatifs peuvent être responsables de ballonnements et de flatulences, surtout en début de traitement. Ainsi convient-il d’en adapter progressivement les posologies.
Des bézoards (amas solides se formant dans l’estomac ou l’intestin) ont été rapportés chez des sujets alités ou souffrant d’atonie intestinale, c’est pourquoi ils ne doivent pas être ingérés en position allongée.
Karayal, Spagulax, Transilane…
À base d’huile de paraffine, ils rendent les selles plus grasses et facilitent leur exonération.
Risque de suintement huileux anal et d’irritation péri-anale à forte dose. En usage prolongé, l’huile de paraffine peut diminuer l’absorption intestinale des vitamines liposolubles et induire des carences en vitamines A, D, E et K. Aussi est-il préférable d’administrer ces laxatifs à distance des repas et de ne pas utiliser ce type de laxatif pendant la grossesse. De même, son utilisation chez un patient traité par AVK doit rester prudente.
Risque de pneumopathie lipoïde en cas d’inhalation bronchique : de ce fait, l’administration à des personnes alitées ou souffrant de troubles de la déglutition (à l’instar des patients atteints de la maladie de Parkinson ou de la maladie d’Alzheimer) ou de reflux gastro-œsophagien doit être évitée. Il est également conseillé de ne pas se coucher dans les deux heures suivant l’administration de ces laxatifs.
Lansoÿl, Lubentyl, Parlax, Restrical…
Les laxatifs stimulants augmentent la secrétion intestinale d’eau et d’électrolytes, et stimulent la motricité colique. Ils provoquent une évacuation rapide et quasi complète du contenu colique, qui peut se traduire par une absence de selle les jours suivants l’exonération. Les laxatifs salins exercent un effet osmotique d’action brutale, dont l’intensité se rapproche de celle des stimulants.
Ces laxatifs d’action puissante peuvent induire des crampes abdominales et des diarrhées.
Ils peuvent induire d’importants désordres hydro-électrolytiques, en particulier une hypokaliémie, et sont de ce fait impliqués dans de nombreuses interactions médicamenteuses. Leur utilisation prolongée peut induire la “maladie des laxatifs” et mener à une situation de dépendance. C’est pourquoi leur utilisation ne doit pas excéder dix jours de traitement et est réservée au cas de constipations rebelles aux autres traitements.
Les dérivés anthracéniques peuvent colorer les urines en jaune/brun ou rose/rouge.
Laxatifs stimulants : Contalax, Dragées Fuca, Dulcolax, Grains de Vals, Idéolaxyl, Jamylène, Modane, Pursennide, Péristaltine, Sénokot, Tamarine, Tonilax, etc.
Laxatifs salins : Chlorumagène.
Ils exercent une action mécanique locale qui déclenche le réflexe de défécation et présentent un intérêt dans le traitement des constipations terminales.
Ces laxatifs peuvent induire une irritation anale et sont à proscrire en cas de poussée hémorroïdaire ou de fissure anale. Leur utilisation prolongée peut entraver le réflexe naturel de défécation, ils doivent donc être utilisés de façon très ponctuelle, surtout chez l’enfant.
Éductyl, Microlax, Normacol lavement, etc.
Pour la majorité d’entre eux à base de dérivés anthracéniques d’origine végétale (séné, cascara, bourdaine, aloès), et parfois présentés en tisane, les laxatifs stimulants sont considérés à tort par les patients comme étant “naturels et inoffensifs”. Ce sont en réalité des laxatifs d’action drastique, modifiant les échanges hydro-électrolytiques intestinaux, pouvant induire une hypokaliémie, facteur de troubles du rythme cardiaque.
Appelés également laxatifs irritants, car ils agissent directement sur la muqueuse digestive, ils peuvent, dans le cadre d’un usage abusif, provoquer une colite avec alternance de diarrhées et de constipation.
Leur utilisation prolongée peut ainsi entraîner la “maladie des laxatifs” et mener à une situation d’accoutumance, de dépendance, une altération des plexus nerveux coliques renforçant la constipation et pouvant ammener le patient à augmenter les doses.