L'infirmière Libérale Magazine n° 271 du 01/06/2011

 

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DÉPENDANCE > Dans le cadre des consultations lancées tous azimut, Roselyne Bachelot a convié les syndicats infirmiers à une table ronde pour aborder l’architecture de la prise en charge de la dépendance.

Sans plus de détails, l’agenda de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, Roselyne Bachelot, affichait jeudi 21 avril à 10 heures une « table ronde avec les syndicats d’infirmières sur le thème de la dépendance ». Ont répondu présent le SNPI CFE-CGC et la CNI pour les salariés, et Sniil, CI, Onsil du côté des libéraux. Ce “premier tour de piste” avant remise du projet ministériel prévue pour fin juin a permis d’évoquer « le financement et la gouvernance » de la future prise en charge de la dépendance, selon le secrétaire général du SNPI, Thierry Amouroux. Accompagnée de sa secrétaire d’État Marie-Anne Montchamp, de son directeur de cabinet et d’un médecin, la ministre a « surtout écouté » et « avoué avoir beaucoup appris », s’amuse Anne Seiglan, administratrice de l’Onsil. « Nous avons eu l’occasion d’insister sur notre vision des choses », renchérit Marcel Affergan, président de CI.

Empilement d’acteurs

« La prise en charge de la dépendance sur le terrain, ce ne doit pas être du social avec un peu de poudre sanitaire. C’est bien ici que le rôle infirmier s’impose : coordonner les acteurs pour agir contre la perte d’autonomie », affirme Marcel Affergan. Même conviction chez la présidente du Sniil, Annick Touba, qui avait croisé trois jours plus tôt la ministre lors du premier débat interdépartemental sur la dépendance, organisé en Pays-de-la-Loire : « Les infirmiers libéraux, c’est 3,6milliards d’euros d’actes effectués, et ce chiffre augmente de 8,2 % chaque année. Parmi ces actes, 60 % sont destinés à la dépendance », rappelle-t-elle. Historiquement, « nous sommes formées, contrairement aux médecins. On assiste à un empilement de structures d’aides et d’acteurs, mais, pour y voir plus clair, il est important que quelqu’un coordonne ces services et l’infirmier est le mieux placé pour cela. Il y a notamment tout un travail d’évaluation de la pathologie qui ne peut pas être confié à n’importe qui », prévient-elle. « Notre formation est polyvalente et adaptée », appuie Anne Seiglan.

La qualification des professionnels amenés à superviser la prise en charge de la dépendance à l’avenir est aussi source de préoccupation pour le SNPI, qui déplore au passage la réduction du nombre d’heures consacrées aux personnes âgées dans le nouveau référentiel de formation infirmière. « Le risque que l’on constate déjà, c’est de mettre des gens peu qualifiés, peu formés, peu payés pour s’occuper de personnes âgées, avec tous les risques que cela comporte en termes de maltraitance ou en tout cas d’absence de bientraitance », observe Thierry Amouroux, qui juge nécessaire qu’un professionnel de santé assure la supervision de la prise en charge.

L’Arlésienne

Des outils pour construire cette coordination des différents acteurs de la dépendance existent déjà, comme la démarche de soins infirmiers (DSI), mise en place il y a une dizaine d’années pour assurer notamment l’articulation médecin/médico-social, mais hélas trop peu utilisée. « Une fois la DSI mise en place, la coordination devait suivre, mais on ne la voit toujours pas »*, regrette ainsi Annick Touba. Au bout d’une heure et demie de réunion, les syndicats présents se sont engagés à adresser à la ministre dans un délai d’un mois un document écrit avec leur synthèse de la table ronde et leurs attentes.

* Le 29 mai, les libéraux devaient se retrouver autour d’une table sur ces mêmes thèmes (DSI, AIS…) pour la poursuite des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie.