Une maladie infectieuse
Cahier de formation
LE POINT SUR
La maladie de Lyme, appelée aussi borréliose de Lyme, est une infection bactérienne transmise par la piqûre de tique. L’apparition d’un érythème migrant, dans les jours qui suivent la piqûre, nécessite la mise en route d’un traitement antibiotique.
La maladie de Lyme est due à une bactérie appartenant au groupe Borrelia burgdoferi et transmise à l’homme par piqûre de tique.
La pathologie est fréquente dans certaines régions de France où une surveillance particulière est mise en place : Alsace, Lorraine, Cantal, Puy-de-Dôme, Haute Savoie… En revanche, les tiques sont quasiment absentes du pourtour méditerranéen (le climat est trop sec pour leur survie). Le pic de fréquence des cas de borréliose de Lyme correspond à la période d’activité des tiques : du début de printemps à la fin de l’automne.
La maladie évolue en trois phases.
→ La phase primaire correspond à l’apparition d’un érythème migrant qui affirme le diagnostic. Il s’agit d’une macule érythémateuse qui survient au point de piqûre dans les jours ou les semaines qui suivent (trois à trente jours après la piqûre) et qui évolue de manière centrifuge. Il peut y avoir une fièvre modérée, des céphalées, des arthralgies. L’érythème migrant est parfois absent.
→ La phase secondaire, liée à la dissémination de la bactérie vers d’autres organes, apparaît quelques semaines à quelques mois après l’inoculation (généralement lorsque l’érythème migrant est passé inaperçu et n’a pas été traité) : elle se manifeste le plus souvent par des atteintes articulaires ou neurologiques.
→ La phase tertiaire (rare, quelques mois à quelques années après l’inoculation) survient en l’absence de traitement adapté aux stades précédents. Il peut s’agir d’une arthrite chronique ou récidivante, de troubles neurologiques chroniques, de l’acrodermatite chronique atrophiante (ou maladie de Pick-Herxheimer qui atteint les extrémités et évolue vers une atrophie cutanée définitive).
Pour qu’il y ait transmission de la maladie, il faut que la tique soit infectée par la bactérie (environ 5 à 20 % des tiques selon les régions) et qu’elle soit restée fixée à la peau suffisamment longtemps : le risque devient maximal à partir de la 48e heure.
Pour limiter le risque de piqûre de tique, en particulier dans les régions où le risque de contracter une maladie de Lyme est considéré comme élevé, plusieurs recommandations peuvent être faites.
→ Dans la mesure du possible, marcher au milieu des chemins (en évitant les hautes herbes, les buissons…).
→ Porter un chapeau, des vêtements couvrants, des chaussures fermées (en prenant soin idéalement de rentrer le pantalon dans les bottes ou les chaussettes : les piqûres se font le plus souvent au niveau des chevilles ou des jambes). Pour une meilleure efficacité, les experts recommandent d’imprégner les vêtements de perméthrine (Prébutix Spray Tissus, Insect Ecran Vêtements…), une molécule ayant à la fois des propriétés répulsives et insecticides.
→ Sur les zones découvertes du corps, il est recommandé d’utiliser des répulsifs cutanés : le DEET, l’icaridine, l’IR3535, le citriodiol offrent une protection contre les tiques (et les moustiques). Cette efficacité est dose-dépendante : il est donc préférable de choisir des références suffisamment dosées (tout en respectant les limites d’âge préconisées par le fabriquant). Ces molécules peuvent être utilisées chez le nourrisson (dès 6mois) et la femme enceinte, en complément de la protection vestimentaire : il faut veiller à limiter les applications (une à deux applications par jour au lieu de trois par jour) et à bien rincer le produit au retour de la ballade.
→ Les experts ne recommandent pas l’utilisation d’huiles essentielles (lavande, citronnelle…) ou de bracelets anti-insectes (Para’Kito…) lorsque le but visé est de se protéger d’une maladie aaussi grave.
→ Lorsqu’une protection solaire est nécessaire, elle doit être appliquée au moins vingt minutes avant le répulsif cutané.
→ Il est recommandé de bien inspecter les vêtements et la peau (genoux, aisselles, cuir chevelu…) et de retirer sans attendre toute tique (voir encadré).
→ Dans les jours ou semaines qui suivent la piqûre, il faut consulter un médecin en cas d’apparition d’un érythème migrant ou de symptômes inhabituels (arthralgie, fièvre, fatigue…) : une antibiothérapie précoce et adaptée évite les complications tardives de la maladie.
Une consultation médicale n’est pas nécessaire après une piqûre de tique, sauf dans les situations suivantes où une antibioprophylaxie (amoxicilline pendant dix à quatorze jours ou doxycycline en prise unique) est souvent mise en route : enfant de moins de 8 ans et femme enceinte (par prudence), sujet immunodéprimé ou ayant une pathologie chronique associée (diabète…), piqûres de tique multiples et long délai d’attachement (supérieur à 48 heures) dans une zone difficilement visible.
Un traitement antibiotique s’impose pour éviter la dissémination de la bactérie et l’atteinte d’autres organes : amoxicilline (Clamoxyl), doxycycline (VibramycineN, contre-indiqué chez la femme enceinte et l’enfant de moins de 8 ans), céfuroxime axétil (Zinnat) ou azithromycine (Zithromax) en cas de contre-indication aux bêtalactamines.
La durée du traitement est habituellement de quatorzejours.
À savoir : il est normal que les signes cutanés persistent quelques jours à quelques semaines après le début de l’antibiothérapie. Sous doxycycline, il faut veiller à se protéger du soleil durant le traitement (risque de photosensibilisation) et à ne pas s’allonger juste après la prise de l’antibiotique (les cyclines peuvent être responsables d’ulcérations œsophagiennes).
En cas de manifestations neurologiques ou articulaires en phase secondaire ou tertiaire de la maladie, on a recours à l’amoxicilline ou à la doxycycline par voie orale sur une durée plus longue (vingt et un à vingt-huit jours, voire davantage). La ceftriaxone en injectable (Rocéphine) est également utilisée selon les cas.
→ Avant le retrait, il ne faut pas appliquer de produits chimiques (désinfectant, alcool, éther…) car ils peuvent faire régurgiter la tique, ce qui augmente le risque de transmission des bactéries si la tique est infectée.
→ Pour la retirer facilement, il est recommandé d’utiliser un tire-tique (à défaut une pince à épiler): il suffit de saisir la tique au plus près de la peau et de la tirer en effectuant un mouvement de rotation pour éviter de casser le rostre et de provoquer la régurgitation de la tique.
→ Il ne faut pas oublier de désinfecter le point de piqûre après le retrait de la tique.