Octave bouleverse le marché de l’audition - L'Infirmière Libérale Magazine n° 272 du 01/07/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 272 du 01/07/2011

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

NOUVEAU > Apparu en janvier dernier en pharmacie, l’assistant d’écoute Octave permet aux personnes souffrant d’une perte auditive légère de mieux entendre. Une révolution dans le marché de l’audition ?

« Octave est un peu à la prothèse auditive ce que la lunette loupe vendue en pharmacie est aux lunettes », analyse Louis Blohorn, cofondateur de la société Sonalto, qui a conçu Octave. Aide numérique pré-réglée, Octave propose deux niveaux d’amplification des sons : + 11 décibels (dB) ou + 20 dB. Sa cible ? Les personnes souffrant d’une légère perte auditive – ou presbyacousie – due à l’âge. Conçu par un médecin ORL et vendu aux alentours de 300 euros dans 1 100 pharmacies, Octave permet de s’appareiller à moindre coût. Le personnel de chaque officine concernée est formé pour vérifier que le patient souffre bien d’une presbyacousie liée au vieillissement. « Au moindre doute, ils doivent l’orienter vers un médecin », précise Louis Blohorn.

Assignation en justice

Entre janvier et avril 2011, entre 500 et 600 assistants d’écoute Octave ont été vendus. Sonalto espère distribuer le produit dans 3 000 officines d’ici à la fin de l’année. Faut-il s’en inquiéter ? Oui, pour l’Union nationale des syndicats d’audioprothésistes français (Unsaf), qui vient d’assigner Sonalto en justice. « Il s’agit bien d’une prothèse auditive : elle doit donc être prescrite par un médecin et distribuée par un professionnel, estime Patrick Arthaud, vice-président de l’Unsaf. La baisse d’audition peut être due à d’autres facteurs que la presbyacousie : seul un professionnel peut le voir et détecter une pathologie plus sérieuse… »

Séduire par le prix

Sur 6,3 millions de personnes souffrant d’une déficience auditive en France, seules 17 % portent un appareil. Un taux insuffisant, selon la Haute Autorité de santé*. La raison ? Outre la réticence à porter une prothèse auditive, le coût relativement élevé des appareils, et leur prise en charge insuffisante sont régulièrement pointés du doigt : entre 800 et 2 300 eurospour une prothèse, avec un remboursement à 129 euros par la Sécurité sociale… et un éventuel complément par la mutuelle. Faux procès, selon Patrick Arthaud : « Il existe des entrées de gamme, en numérique, à 800 euros. Mais cela ne se sait pas assez. Il nous faut mieux communiquer à ce sujet auprès du grand public et des médecins ORL. »

Un autre bouleversement est attendu dans le marché de l’audition : l’arrivée d’Alain Afflelou, opticien spécialisé dans les solutions économiques, qui annonce l’ouverture d’une dizaine de boutiques audio d’ici l’été 2011, placées sous la responsabilité d’un audioprothésiste. Avec certainement des baisses de prix en perspective…

* “Appareils électroniques correcteurs de surdité”, par le service évaluation des dispositifs de la Haute Autorité de santé, avril 2008.

EN SAVOIR +

LES ENSEIGNES AU BANC D’ESSAI

Le magazine 60 millions de consommateurs propose dans son numéro de juin (n° 461) un dossier de dix pages sur les prothèses auditives. Au programme, un édifiant comparatif des services proposés par les audioprothésistes et un guide d’achat qui regroupe toutes les questions à se poser avant de signer un devis.