POLITIQUE DE SANTÉ
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AILLEURS > L’éducation thérapeutique auprès de populations précarisées exige un travail de partenariat entre associations et hôpitaux. C’est ce qui ressort de l’expérience des centres de prévention en santé de Guyane, présentée lors d’un colloque de la Croix-Rouge à Paris.
À son tour, la Croix-rouge française
C’est en 2007 que la Croix-rouge a créé trois centres dans ce département d’outre-mer, à Cayenne, Kourou et Saint-Laurent-du-Marouni. Les équipes de chaque centre comprennent un médecin, au moins deux infirmiers et une secrétaire parlant créole. La Guyane est une terre d’immigration où l’on parle français, anglais, portugais, néerlandais, créole… Plus de 30 % des patients qui viennent dans les CPS – où ils sont reçus gratuitement et sans rendez-vous – ne disposent d’aucune couverture sociale. Autres particularités de ce territoire : un manque de médecins, une prévalence élevée de la tuberculose, mais aussi, dans une moindre mesure, du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST). Dans ce contexte, les CPS ont développé trois missions principales : vaccination des personnes de plus de six ans, lutte contre la tuberculose, lutte contre le VIH et les IST. « Nous avons franchement amélioré la couverture vaccinale : nous sommes en passe d’éradiquer la rougeole », se félicite le Dr Grenier. Les CPS pratiquent la vaccination contre la fièvre jaune, que tous les médecins de Guyane ne peuvent pas réaliser.
Pour mener à bien leurs missions, les équipes n’hésitent pas à se rendre au domicile des patients, parfois au bout de trois jours en pirogue, pour le rattrapage vaccinal dans les villages les plus éloignés. Il faut en effet compter avec les difficultés de déplacement, car une seule route existe, le long du littoral. D’autres fois, elles se rendent dans des squats afin de mener des enquêtes sur l’entourage d’un patient tuberculeux.
Les CPS assurent aussi le dépistage du VIH et des IST, dans les locaux, mais aussi, là encore, hors les murs, auprès des populations à risque. Un travail rendu possible grâce à un partenariat avec différentes associations : Médecins du monde, Samu social, Entraides, Réseau drogues solidarité… La Croix-rouge agit aussi pour améliorer l’observance des traitements, notamment pour les tuberculeux : « Nous avons mis en place des stratégies telles que le “traitement direct observé” : les patients viennent prendre leurs médicaments au CPS, ou alors nous les leur apportons à domicile. Une fois que leurs droits sociaux sont ouverts, le relais est pris par une infirmière libérale qui intervient à domicile. »
Pour la coordinatrice des CPS, l’éducation thérapeutique est multiforme. Dans le contexte guyanais, il est indispensable de travailler en lien avec les associations et les hôpitaux. Et de mener, en préambule, des actions d’éducation à la santé, qui passe par une orientation des patients les plus précaires dans le système de soins.
Pour l’avenir, les CPS envisagent de faire circuler un “camion santé” afin d’aller au plus près des populations éloignées des établissements sanitaires.
* La Croix-rouge française compte 253 établissements et services implantés dans 29 départements (www.croix-rouge.fr).