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FINANCES > L’Ordre national des infirmiers a échappé de peu au dépôt de bilan fin juillet. Sursitaire après un coup de pouce bancaire, l’Oni n’en est pas pour autant tiré d’affaire.
Élue à la tête de l’Ordre en janvier 2009, Dominique Le Bœuf a démissionné de son poste le 8 juillet dernier. David Vasseur, qui l’a remplacée par intérim a, lui, démissionné vingt et un jour plus tard. Jusqu’alors vice-président, Didier Borniche assure depuis les fonctions de président.
« Je refuse de contraindre les infirmiers salariés à cotiser [à l’Ordre]. ». En une phrase, dans un courrier adressé à David Vasseur le 15 juillet dernier, Xavier Bertrand résume toute la quadrature du cercle auquel l’Oni est confronté depuis sa création. Outre qu’une large partie de la profession, syndicats généralistes en tête, s’est toujours, plus ou moins formellement, opposée à sa mise sur pied (le secteur libéral y étant quant à lui favorable), et alors que le corps infirmier compte quelque 480 000 professionnels, l’Oni engrange mollement les adhésions depuis son installation. Ainsi, cette année, il compte seulement quelque 58 000 cotisations. Un déficit d’adhérents qui l’oblige depuis plus de deux ans à vivre à crédit pour faire fonctionner ses instances et rémunérer son personnel, environ 140 salariés. Ainsi, au milieu de l’été, l’Oni n’était pas en mesure de rembourser ses échéances, soit quelque 7,8 millions d’euros, et accusait un déficit cumulé de 9 millions d’euros. Peu enclin à laisser filer le découvert, le groupe BPCE (Banque Populaire-Caisse d’Épargne), principal partenaire financier de l’Ordre, a décidé de lui couper les vivres.
La cessation de paiement devait aboutir au dépôt de bilan de l’instance, mais Didier Borniche a visiblement su convaincre le groupe bancaire. Sans doute qu’une intervention politique – David Vasseur avait adressé le 28 juillet une missive à l’Élysée pour demander l’aide du chef de l’État – a également concouru à ce que la banque rouvre les vannes. Bref, sur le fil, les argentiers ont accepté de reconduire une ligne de crédit jusqu’à fin août. Le temps pour la nouvelle direction de peaufiner un plan de restructuration qualifié de « drastique ». En l’espèce, outre qu’il devra doubler d’ici à 2012 ses adhésions, l’Ordre devra supprimer, a minima, les deux tiers de son personnel et les 4/5e de ses structures locales. Une réduction de train de vie qui ne sera certainement pas sans impact sur la conduite de ses missions et qui ne manquera pas de poser la question de sa crédibilité et, par conséquent, celle de sa légitimité. Une légitimité déjà malmenée puisque sept organisations syndicales (CFDT santé-sociaux, CFTC, CGT, FO, Snics, Sud et Unsa) souhaitent plus que jamais l’abrogation des lois et décrets fondant l’Oni. La rentrée promet donc d’être mouvementée. À suivre…