L'infirmière Libérale Magazine n° 273 du 01/09/2011

 

Cahier de formation

Savoir faire

L’utilisation prolongée d’un traitement anti-inflammatoire (stéroïdien ou non) ne se conçoit pas sans une surveillance rigoureuse, ni sans une éducation thérapeutique adéquate des patients, à laquelle les infirmières contribuent largement.

M. B., 53 ans, est traité depuis quelques années pour une HTA par Ecazide (association d’IEC et de diurétique thiazidique) et sa tension est stabilisée à 135/80 mm Hg. En arrêt de travail à cause d’une hernie discale, il est traité depuis cinq jours par des injections quotidiennes de Voltarène (AINS). Aujourd’hui, M. B. vous demande de contrôler sa tension : 142/90 mm Hg. M. B. s’étonne…

L’augmentation de la pression artérielle est un effet indésirable possible des AINS et est estimée en moyenne entre 3 et 6 mm Hg. Ainsi une surveillance de la TA est-elle indispensable, a fortiori chez un patient hypertendu. Cette augmentation doit être signalée au médecin, qui réévaluera, le cas échéant, le traitement anti-inflammatoire ou réajustera l’anti-hypertenseur.

SURVEILLANCE D’UN TRAITEMENT CORTICOÏDE

Lors d’un traitement corticoïde au long cours, la surveillance des patients permet de s’assurer de la bonne tolérance au traitement et de déceler précocement toute complication iatrogène.

Au plan clinique

Il est important de surveiller régulièrement :

la température, une hyperthermie pouvant révéler une infection liée à une immunodépression. Une infection ne doit pas faire interrompre la corticothérapie, mais peut justifier la prescription d’un traitement anti-infectieux ;

le poids qui peut augmenter en cas d’œdèmes, signes de rétention hydrosodée ;

la tension artérielle, qui peut s’élever en cas de rétention hydrosodée ;

l’état cutané à la recherche d’une atrophie cutanée, de vergetures ou d’ecchymoses ;

l’état buccal à la recherche de mycoses ;

la taille chez l’enfant traité au long cours, à la recherche d’un retard de croissance.

Par interrogatoire, l’infirmière peut aussi rechercher d’éventuels troubles du sommeil ou des difficultés d’endormissement, des gastralgies, des troubles musculaires, des crampes ou des douleurs tendineuses, une mycose vaginale.

Sur le plan biologique

Il importe de bien surveiller :

la glycémie et la lipidémie qui sont susceptibles d’augmenter sous corticoïdes ;

l’ionogramme sanguin à la recherche d’une hypokaliémie, hypocalcémie et hypernatrémie ;

la NFS à la recherche d’une immunodépression.

Examens complémentaires

Lors d’une corticothérapie au long cours, il convient de s’assurer qu’un bilan ophtalmique avec une mesure de la pression intra-oculaire est bien réalisé tous les 6 à 12 mois. Éventuellement, une ostéodensitométrie peut être réalisée chez certains patients.

SURVEILLANCE D’UN TRAITEMENT AINS

Compte tenu des effets indésirables attendus, l’utilisation d’un AINS impose une surveillance rigoureuse sur le plan clinique comme sur le plan biologique.

Sur le plan clinique

Il est important de s’assurer de la bonne tolérance digestive au traitement, en recherchant, par interrogatoire du patient, la survenue de gastralgies et l’éventuelle présence de sang (rouge ou noir) dans les selles.

Il faut également surveiller l’état cutané à la recherche d’une manifestation allergique ou d’un éventuel syndrome d’hypersensibilité cutané.

Il est aussi nécessaire de surveiller la tension artérielle, notamment chez les patients hypertendus.

Sur le plan biologique

Il est important de surveiller les fonctions hépatique et rénale du patient en cas de traitement prolongé.

Par ailleurs, en fonction des antécédents pathologiques du patient et des autres traitements en cours, certains contrôles particuliers doivent être réalisés dans les jours suivant l’introduction de l’AINS, et peuvent justifier une diminution de la posologie de l’anti-inflammatoire, voire son arrêt :

l’INR, si le patient est sous AVK à la recherche d’un risque hémorragique ;

la lithiémie, dans le cas où le patient est traité par lithium (à la recherche d’un surdosage en lithium en raison de l’interaction entre les deux médicaments).

Point de vue…
Martine Portal, infirmière libérale à la Garenne-Colombes (92)

« Les deux points essentiels de surveillance du traitement »

« Avant toute chose, il est indispensable de rechercher des gastralgies et de les signaler au médecin. Le cas échéant, si le patient n’a pas de protecteur gastrique, on peut suggérer au médecin une co-prescription d’Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), même si c’est lui qui a le dernier mot en matière de prescription ! Ensuite, il est important de surveiller l’état cutané à la recherche d’une allergie ou de pétéchies liées à une fragilité capillaire. »