L'infirmière Libérale Magazine n° 274 du 01/10/2011

 

Un traitement

Cahier de formation

LE POINT SUR

L’incontinence urinaire limite considérablement les activités physiques et perturbe la vie sociale, sexuelle et professionnelle du patient adulte. Le rôle de l’infirmière est essentiel dans l’aide et les conseils qu’elle lui apporte pour mieux gérer sa vie quotidienne.

Mise en place du traitement

L’incontinence urinaire est une perte accidentelle ou involontaire d’urine qui se produit le jour ou la nuit. Il ne s’agit pas d’une maladie, mais d’un symptôme lié à divers troubles physiques ou mentaux. Le traitement varie en fonction de la cause et de la gravité de l’incontinence urinaire.

→ Les exercices de rééducation ou l’électrostimulation perinéale par sonde vaginale permettent de renforcer les muscles du périnée. Ces techniques sont pratiquées par les sages-femmes, les kinésithérapeutes ou les gynécologues.

→ La chirurgie peut s’imposer dans les cas les plus difficiles (bandelette de soutien, électrode et stimulateur, etc.).

→ Les antispasmodiques permettent de réduire les contractions de la vessie. Ils diminuent l’amplitude et la fréquence des contractions vésicales.

Surveillance du traitement

L’attitude à adopter pour la surveillance du traitement dépend du type d’incontinence dont souffre le patient et de l’antispasmodique utilisé.

Déterminer le type d’incontinence

On distingue trois formes d’incontinence urinaire.

→ L’incontinence urinaire à l’effort est la forme d’incontinence urinaire la plus fréquente chez les femmes. En raison d’une pression sur les muscles du périnée, il y a des fuites involontaires d’urine, peu abondantes, de survenue brutale au moment d’un effort physique. Cette incontinence survient lorsque les muscles du bassin sont affaiblis. C’est le cas après la grossesse et chez la femme ménopausée.

→ L’incontinence urinaire par impériosité est un besoin urgent, soudain et impérieux d’uriner. Il aboutit à une fuite involontaire d’urine, généralement importante, ne pouvant être différée et retenue (pas le temps d’aller aux toilettes). La vessie est hyperactive et se contracte en excès.

→ L’incontinence urinaire par regorgement se rencontre chez l’homme en cas d’adénome de la prostate. L’incontinence résulte d’un trop-plein d’urine dans la vessie. De faibles quantités d’urine s’échappent à plusieurs reprises tout au long de la journée. En effet, l’augmentation du volume prostatique est responsable d’une obstruction urinaire de la vessie.

→ L’incontinence fonctionnelle du diabète est occasionnée par la polyurie (urines abondantes), la polydipsie (avoir soif et boire beaucoup) et la pollakiurie (uriner souvent). L’incontinence neurologique se rencontre en cas de paraplégie, de myopathie ou de sclérose en plaques.

Dépister les effets secondaires

Les effets secondaires des antispasmodiques sont de type atropinique : sécheresse de la bouche, constipation, anorexie, rougeurs faciales, hypotension, rétention urinaire, vision oue et tachycardie. Troubles neuro-psychiques du type agitation et impuissance.

Pratiquer les soins d’hygiène

Le patient doit être équipé d’une protection pour éviter les conséquences de l’incontinence.

Traitement des irritations

L’incontinence urinaire chronique cause des rougeurs et des irritations de la peau qui entoure les parties génitales. Elle accroît le risque d’infections urinaires et d’ulcérations qui seront traitées par les antibiotiques.

Les soins sont réalisés à l’aide de crème hydratante et cicatrisante, voire de lotion antiseptique si nécessaire.

Mettre des protections diurnes ou nocturnes

→ Les changes complets sont également appelés couches-culottes pour adulte. La couche contient un coussin absorbant assurant un effet “gardé au sec”. Des barrières latérales et élastiques souples au niveau de l’entrejambe assurent une protection contre les risques de fuites. Les couches droites simples s’utilisent seules ou pour renforcer le taux d’absorption des changes complets.

→ Les alèses sont installées en complément afin de protéger la literie. Les alèses sont jetables.

→ Les étuis péniens avec poches de recueil sont spécialement conçus pour permettre aux hommes de maîtriser leur incontinence urinaire d’une manière discrète et autonome.

→ La sonde urinaire est insérée dans l’urètre et reliée à une poche de recueil d’urine.

Les conseils au patient

Favoriser la réussite du traitement

→ Les tabous demeurent vivaces. Pudeur, honte ou fatalisme ne permettent pas aux patients d’avouer qu’ils souffrent d’incontinence. De leur côté, les personnes âgées mettent ces troubles sur le compte de l’âge et se résignent. Une personne qui souffre d’incontinence urinaire doit pouvoir en parler.

→ Les exercices de rééducation périnéale seront pratiqués seul à la maison à la suite des séances avec le kinésithérapeute.

→ La prise de certains médicaments peut causer ou aggraver l’incontinence. Il s’agit des antihypertenseurs, des antidépresseurs, des diurétiques, des décongestionnants nasaux, des relaxants musculaires et des somnifères.

→ Réduire l’excès de poids si c’est le cas.

→ L’incontinence urinaire cause souvent de l’anxiété (technique de relaxation).

Règles hygiéno-diététiques à respecter

→ Il est important de boire suffisamment, soit 1,2 à 1,5 litre par jour. Réduire la quantité de liquide absorbé ne solutionne pas l’incontinence.

→ Il faut néanmoins diminuer ou éviter la consommation de café, de thé ou de cola ainsi que celle de l’alcool, qui ont un effet diurétique.

→ Éviter de boire beaucoup en peu de temps.

→ Ne pas manger très salé ni trop sucré.

→ En cas d’incontinence nocturne, il faut réduire sa consommation de liquide le soir et uriner avant de se coucher.

→ Ne pas beaucoup boire en dehors de chez soi et loin des toilettes.

CETTE FICHE A ÉTÉ RÉALISÉE À PARTIR DE LA NOUVELLE ÉDITION DE PHARMACIE ET SURVEILLANCE INFIRMIÈRE, ÉD. LAMARRE