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FICHE PRATIQUE
Cette assurance est obligatoire… Comme les autres garanties qui sécurisent votre activité professionnelle, il est intéressant d’en comprendre les tenants et aboutissants.
L’assurance dite de responsabilité civile professionnelle (RCP) couvre les conséquences dommageables des actes non conformes effectués par les professionnels. Une injection réalisée sur une mauvaise personne ou avec un produit inadéquat, par exemple, et la responsabilité du professionnel de santé peut être engagée. Plus généralement, le fait de commettre un acte non conforme aux pratiques ou aux données acquises de la science peut être déclencheur de la RCP si la faute cause un dommage.
Contrairement aux responsabilités pénales et disciplinaires qui peuvent être engagées également en cas de faute, la responsabilité civile s’intéresse à l’indemnisation de la victime. On parle alors de la responsabilité de la réparation.
Si elle couvre aussi la responsabilité de l’assuré en tant que “gardien” (occupant professionnel) d’un local, une RCP comporte des restrictions comme tout contrat d’assurance. Par exemple, les dommages causés par le véhicule de l’assuré sur la route le menant chez un patient ne sont pas couverts par la RCP, mais par l’assurance automobile. Cependant, la restriction la plus importante est la faute intentionnelle, qui désigne essentiellement le dommage ou le sinistre volontaire. S’agissant de couvrir les fautes non intentionnelles, le recours à une RCP peut s’inscrire dans une démarche d’indemnisation amiable ou dans une procédure judiciaire en cas de désaccord.
Lorsque la RCP intervient pour procéder à une indemnisation amiable, cette dernière est définie en fonction de plafonds de garanties. Cela doit être le premier critère de choix d’un assureur : quels sont-ils ? La loi du 4 mars 2002 prévoit des minima de 3 millions d’euros par sinistre corporel et 10 millions d’euros par année d’assurance. Certaines garanties ont des plafonds avec des montants supérieurs.
Si tous les assureurs se basent sur une même nomenclature des préjudices, qui fixe très précisément tous les postes de dommages possibles, toutes les compagnies ne recourent pas au même référentiel indemnitaire. Celui-ci détermine un barème et un montant moyen pour chaque poste de préjudice. Certaines assurances s’appuient sur le référentiel défini collégialement par l’Oniam.
Si, généralement, les professionnels ayant provoqué un dommage dans le cadre de leur activité ne suivent que très peu la procédure d’indemnisation, la qualité de cette indemnisation pourra avoir des conséquences sur l’image du cabinet libéral. Sans compter qu’une indemnisation correcte, estimée dans l’intérêt du patient, aura des répercussions sur l’amélioration de l’état de santé de la victime et pourra, in fine, atténuer les dommages…
La souscription à une RCP est obligatoire, même si l’exercice libéral n’est pas majoritaire dans votre activité professionnelle. L’inscription au tableau de l’Ordre infirmier est en outre demandée par les assureurs. Moyen pour ces derniers de vérifier que tel professionnel est bien habilité à exercer. Beaucoup des professionnels de santé libéraux sont orientés dans le choix de l’assureur par le syndicat ou toute autre organisation professionnelle auxquels ils adhèrent. Mais chaque professionnel garde son libre arbitre en la matière. À titre d’exemple, citons une RCP vendue au tarif de 70 euros par an pour une infirmière libérale. Des assurances proposent une RCP couplée à une protection juridique. Cette couverture permet que les honoraires d’avocat – si une action judiciaire ou disciplinaire est engagée – soient pris en charge, au moins partiellement.
Philippe Tréguier, responsable des assurances de dommage et de responsabilité au Groupe Pasteur Mutualité.
La garantie solidaire
« L’immense majorité des assureurs sérieux proposent déjà des plafonds dépassant les minima légaux pour couvrir les sinistres les plus lourds. Pour uniformiser l’offre et éviter un risque de ruine aux professionnels du soin, le législateur souhaite augmenter ces plafonds (8 millions d’euros par sinistre). Mais comme les gros sinistres ne concernent que très peu les professionnels paramédicaux, certains considèrent qu’ils n’ont pas à participer à cette augmentation par une hausse des primes. Pourtant, une fois les minima légaux dépassés, c’est sur le patrimoine du professionnel en cause que la victime pourrait demander le complément de la réparation à laquelle elle a droit. Le système futur induira, au-dessus des 8 millions d’euros, un fonds de réassurance alimenté par un prélèvement supplémentaire sur les primes, sans que celui-ci soit vraiment important. »