L'infirmière Libérale Magazine n° 274 du 01/10/2011

 

POLITIQUE DE SANTÉ

ACTUALITÉ

SENSIBILISER → En octobre, dans toute l’Europe, des associations se mobilisent pour informer et contrer les a priori sur cette maladie.

« L’OMS prévoit que la dépression sera la deuxième cause mondiale d’invalidité derrière les maladies cardiovasculaires en 2020. Comment se fait-il qu’il soit encore si difficile d’évoquer cette pathologie et de chercher une aide appropriée ? », s’interroge Stéphanie Wooley, présidente d’honneur de l’association France-Dépression. Aussi, Prendre conscience pour vaincre la dépression est le thème retenu par la France pour cette 8e Journée européenne de la dépression(1).

Éviter la stigmatisation

Si certaines personnes sont parfois gênées d’admettre leur dépression de crainte que cela ne soit interprété comme un “signe de faiblesse”, d’autres, habituées aux symptômes de la maladie, ne reconnaissent pas cet état comme étant pathologique. L’objectif de France-Dépression est d’informer sur la gravité des troubles dépressifs et d’en améliorer la prise en charge. La manifestation est soutenue par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES). Elle sera relayée par un spot d’information télévisé (MCM, TF1), et par une campagne d’affichage dans le métro et le RER parisiens, grâce à un partenariat avec la RATP.

Nouveaux traitements

L’événement sera aussi l’occasion de faire un point sur les traitements. Stéphanie Wooley soulève un paradoxe : « On parle souvent de la surconsommation de psychotropes en France, alors qu’une large part des personnes souffrant de dépression n’est pas traitée. »

À ce sujet, le Dr Wexler, psychiatre au CHU de Rouen, tiendra une conférence sur Les nouveautés en matière de traitement médicamenteux et de thérapies cognitivo-comportementales dans la dépression le 20 octobre à la Maison des associations de Rouen(2). Il rappelle qu’« en France, 80 % des dépressions sont traitées par les médecins généralistes ». Ce qui est parfois préférable, constate Stéphanie Wooley : « Le patient est plus en confiance. Il peut craindre une stigmatisation de la maladie mentale en consultant un psychiatre. » Elle ajoute qu’« il faut encourager une meilleure formation des médecins généralistes sur les troubles dépressifs et une plus grande accessibilité des psychologues dans le système de santé français. Il faut anticiper la pénurie de psychiatres à venir ».

Appel à la mobilisation

Au-delà des frontières nationales, l’European Depression Association (dont France-Dépression est cofondatrice) vise à interpeller les instances européennes sur ce problème de santé publique, en organisant sa Journée le 30 septembre à Bruxelles. L’association, qui regroupe dix-sept pays d’Europe, projette d’organiser la Journée l’an prochain sous la bannière “20 ans 20 villes”.

(1) Pour tout renseignement sur les manifestations qui s’échelonnent en réalité sur plusieurs jours, Association France-Dépression, tél. : 09 51 75 68 11.

(2) Les manifestations dans les différents pays participants sur le site de l’European Depression Association, www.eddas.org.