L'infirmière Libérale Magazine n° 275 du 01/11/2011

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

PRÉVENTION →Difficile à diagnostiquer, le syndrome des bébés secoués engendre des conséquences dramatiques. Aux entretiens de Bichat, un pédiatre a partagé avec les professionnels sa pratique du terrain, à l’heure où la HAS publie d’utiles recommandations.

En France, on évalue à environ 200 le nombre d’enfants atteints du syndrome des bébés secoués (SBS) chaque année.

« Des bébés présentant des lésions traumatiques externes et osseuses modérées associées à un pronostic neurologique sombre », expliquait Dr Hervé Haas (notre photo), responsable des Urgences pédiatriques au CHU du Lenval de Nice, lors de sa conférence aux Entretiens de Bichat*.

Les signes

Le SBS engendre un tableau effrayant, dont les signes révélateurs principaux comportent des vomissements, des difficultés alimentaires, des troubles de la conscience, des malaises, des convulsions, une tension de la fontanelle et des troubles végétatifs cardiaques et tensionnels. Les conséquences en sont souvent dramatiques, allant de simples difficultés d’apprentissage au coma végétatif ou au décès liées à la formation d’un hématome sous-dural. Le poids plus important de la tête du nourrisson, la faiblesse des muscles du cou et le non-contrôle postural de la tête sont à l’origine des dégâts causés au système veineux cérébral.

Face au déni

« Lors de l’arrivée à l’hôpital ou au cabinet du médecin, les parents n’avouent pas avoir secoué leur bébé. Ils parlent le plus souvent d’événements accidentels, comme d’une chute de la table à langer », déplore Hervé Haas, avant d’ajouter qu’il est extrêmement difficile d’établir si les parents qui ont secoué leur enfant sont véritablement maltraitants. « L’inexpérience parentale et, en général, l’ensemble des facteurs de stress pour la personne qui garde l’enfant, seraient responsables d’une frustration lorsque l’enfant n’est pas consolable, ce qui représenterait des facteurs de risque potentiels de SBS », précise-t-il. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on estime que les bébés atteints de coliques sévères et qui pleurent plus de 20 % du temps seraient plus en danger que les autres. Des situations qui demanderaient une attention accrue par les professionnels de santé et, pourquoi pas, une « consultation juste pour les parents où on leur expliquerait comment éviter d’atteindre l’exaspération en sortant, par exemple, de la chambre du bébé pour s’accorder quelques instants de détente avant de revenir s’occuper de lui ».

L’événement peut être isolé mais a souvent tendance à se renouveler car, « en secouant le bébé, on provoque une apnée, ce qui fait cesser les pleurs immédiatement », explique encore Hervé Haas. « C’est pourquoi il est extrêmement important d’insister auprès des parents pour qu’ils comprennent que les pleurs de leur enfant ne constituent pas une remise en question de leurs qualités parentales. Parce qu’après, c’est trop tard. » Et quand c’est trop tard, justement, la question légale vient s’immiscer : peut-on accuser les parents avec certitude ? « Le diagnostic est difficile. Les implications sont importantes : une accusation à tort est dangereuse pour la famille, une absence de diagnostic à tort est dangereuse pour l’enfant », conclut-il.

* Les entretiens de Bichat se sont tenus à Paris du 28 septembre au 1er octobre.

La HAS publie des recommandations

C’est pour lutter contre ce geste aux conséquences gravissimes que la Société française de médecine et de réadaptation (Sofmer), avec le concours de la Haute Autorité de santé (HAS), a organisé une audition publique d’experts dont les conclusions ont abouti à la publication de recommandations adaptées aux professionnels de santé. Un document de 27 pages est téléchargeable sur le site de la HAS (www.has-sante.fr). Il présente des critères précis d’aide au diagnostic et de recommandations en matière de signalement du SBS. Retrouverez tous les liens sur notre actualité du 15/09/2011 sur www.espaceinfirmier.com.