L'infirmière Libérale Magazine n° 275 du 01/11/2011

 

ACCIDENT DU TRAVAIL

L’exercice au quotidien

Accidentée en mai 2007, Christine Mauger se trouve embarquée dans un véritable parcours du combattant. Santé défaillante, procès en cours, mauvais conseils… Malgré tout, elle continue de se battre.

« Au matin du 9 mai 2007, je me rendais chez un patient à une vingtaine de kilomètres de Millau, dans l’Aveyron (12), lorsque, en chemin, j’ai perdu le contrôle de mon véhicule. Je me suis réveillée au fond d’un ravin, la voiture encastrée dans un arbre. Malgré des douleurs croissantes, j’ai tenu à assurer la tournée. Les examens postérieurs ont révélé des fractures sur la huitième et la neuvième dorsale, un tassement des cervicales et des lombaires. J’ai été clouée au lit pendant deux mois. Hospitalisations, kinésithérapie, ostéopathie… Rien ne m’a permis de reprendre mon activité. En 2008, j’ai été déclarée en incapacité temporaire à 100 %. Aujourd’hui, le corps médical suspecte une maladie orpheline dont le diagnostic devrait être affiné par une biopsie musculaire programmée.

J’ai également dû faire face à d’autres problèmes. Mon assurance auto a proposé une indemnité de 10 000 euros seulement, que l’avocat m’a conseillé de refuser. La CPAM* et ma mutuelle individuelle assurent les remboursements des soins et des médicaments. Mais je ne vis plus qu’avec 800 euros par mois, que me verse la Carpimko, et grâce à l’aide alimentaire. Car mon assurance professionnelle m’a exclue, faute de n’avoir pu régler mes cotisations.

J’ai aussi acheté une maison sur plan en 2006, dont la signature effective date du mois de juillet 2007, donc après l’accident. Sans revenus professionnels, je ne peux pas payer les échéances du prêt bancaire dont l’assurance exclut les séquelles neuro-musculaires et l’incapacité temporaire. Résultat, malgré les conseils de l’Afub (Association française des usagers des banques) et suite au jugement rendu par le tribunal de grande instance de Rodez, je risque l’expulsion. La maison sera bientôt mise en vente par la banque qui m’accuse aussi d’escroquerie à l’assurance.

Pour finir, en 2008, mes anciennes collègues et associées se sont retournées contre moi pour un soi-disant abandon de clientèle… Heureusement, le Sou médical paie mon avocat dans cette affaire. Mes multiples démarches auprès des médiateurs des différentes entités n’ont pas abouties. À présent, je n’ai plus qu’à me tourner vers le médiateur de la République. »

* L’IDE doit avoir cotisé de façon volontaire.

Avis de l’expert

« Des risques souvent sous-estimés »

Victor Abram, spécialiste de la prévoyance et de la protection sociale chez Aviva France*

« Ces différentes situations sont un risque réel pour les paramédicaux libéraux et surtout pour les infirmières. En ce qui concerne la maladie professionnelle ou l’accident du travail, les garanties optionnelles souscrites sont décisives. Une évaluation exclusivement professionnelle de l’invalidité et sans aucun barème restrictif pré-établi doit notamment prévaloir. Quoi qu’il en soit, on se trouve dans le pire des cas lorsqu’il n’y a personne en face contre qui se retourner. Le choix du médecin conseil est un autre facteur déterminant.

D’autre part, la garantie emprunteur n’était sûrement pas adaptée à sa situation. Quant au type de contrat d’association signé entre professionnels, il devrait toujours passer par le conseil de l’Ordre qui maîtrise le sujet. »

* Assurance non concernée dans le cas présenté.