Cahier de formation
LE POINT SUR
Prescrits dans l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), les antirétroviraux regroupent six classes de médicaments. Prescrits en association, ils agissent sur plusieurs cibles du cycle viral au prix d’effets indésirables conséquents et d’une observance sans faille.
L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est chronique. Elle se caractérise par une période de latence clinique, variable selon les individus, mais la réplication virale est continue, et l’immunité diminue progressivement. Le sida est le stade ultime de la contamination, avec la survenue d’infections opportunistes, ou de tumeurs.
Le VIH a pour cible les lymphocytes CD4 dits “helper”, cellules du système immunitaire (valeurs normales des CD4 : 500 à 1 500 par mm3 , soit 35 à 55 % des lymphocytes totaux).
Le but principal : empêcher la progression vers le sida en maintenant ou en restaurant un nombre de lymphocytes CD4 supérieur à 500 mm3. Pour cela, rendre la charge virale plasmatique indétectable, ce qui permet une meilleure restauration de l’immunité et limite le risque de sélection de virus résistants.
Autres objectifs : la meilleure tolérance clinique et biologique possible, améliorer et préserver la qualité de vie.
Un traitement antirétroviral précoce pourrait constituer un outil performant de réduction du risque de transmission du VIH. Une charge virale plasmatique indétectable (inférieure à 50 copies ARN-VIH/ml) chez un patient traité diminue le risque de transmettre le VIH au(x) partenaire(s).
Mise en place d’un traitement individualisé chez les patients symptomatiques, et asymptomatiques avec un nombre de CD4 entre 350 (ou inférieur à 15 %) et 500/mm3.
C’est une trithérapie avec, en première ligne, une association de 2 INTI avec soit un IP/r, soit un INNTI (cf. définitions ci-après).
Les antirétroviraux sont classés selon leurs mécanismes d’action au niveau du virus ou des cellules hôtes.
Les inhibiteurs nucléosidiques/nucléotidiques (INTI), de deux types selon leur structure chimique (voir tableau).
Les inhibiteurs non nucléosidiques/nucléotidiques (INNTI).
Ces deux familles de médicaments sont de structure chimique différente, mais de mode d’action identique. Ils bloquent la transcriptase inverse, enzyme virale nécessaire à l’intégration du VIH, virus à ARN (rétrovirus), dans le génome de la cellule hôte.
Les IP ou antiprotéases bloquent la maturation des nouveaux virus produits par la cellule infectée en agissant contre la protéase, enzyme du VIH. Les nouveaux virus, défectueux, ne peuvent alors plus infecter d’autres cellules.
L’enfuvirtide inhibe la fusion entre le virus et la cellule réceptrice.
Le maraviroc empêche les virus qui ont une affinité pour un récepteur particulier (CCR5) de pénétrer dans la cellule.
Le raltégravir inhibe l’intégrase, enzyme virale permettant l’intégration du génome du virus dans la cellule infectée.
Une observance d’au moins 95 % pour éviter le risque d’échappement virologique (apparition de résistance) : moins d’une erreur par semaine pour un traitement sur deux prises par jour (oubli, décalage horaire, etc.).
De nombreuses interactions médicamenteuses ainsi que des effets indésirables plus ou moins invalidants et responsables de l’inobservance.
Nombreux, ils sont soit communs à une classe thérapeutique, soit spécifiques d’une molécule.
Tous entraînent un risque d’acidose lactique.
Autres effets : anémie (zidovudine), l’hypersensibilité (abacavir), toxicité rénale (ténofovir), troubles neuropsychiques (efavirenz), hépatiques (stavudine), éruptions cutanées ou une cytolyse hépatique précoce (nevirapine ou efavirenz), pancréatites (didanosine), neuropathies périphériques (stavudine, didanosine)…
Ils donnent des troubles digestifs (nausées, vomissements, ballonnements, diarrhée) et sont responsables de troubles métaboliques (hyperglycémie, hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie avec risque de pancréatite) et d’anomalies de répartition des graisses (lipodystrophies) avec fonte adipeuse (membres, fesses, visage) et hypertrophie adipeuse (tronc).
L’exposition aux antirétroviraux, en particulier leur impact sur le profil lipidique et les effets propres du VIH en termes d’inflammation, est un facteur de risque cardiovasculaire (RCV). Les facteurs de RCV sont fréquents chez les patients VIH : 45 % sont fumeurs, 38 % lipodystrophiques, 54 % dyslipidémiques, 6 % diabétiques et 9 % hypertendus. D’où un accompagnement hygiénodiététique indispensable.
Les troubles digestifs : ils sont presque toujours constants (nausées et vomissements, douleurs abdominales, anorexie, altération du goût). La diarrhée est très fréquente et, si elle devient chronique, le traitement doit être arrêté pour éviter une perte de poids trop importante.
Les principaux effets indésirables sont à type de réactions locales au site d’injection, d’infections ORL, de perte de poids, de neuropathies périphériques, de pancréatite, d’eczéma, de sécheresse cutanée…
Il s’agit principalement de troubles digestifs (constipation, nausées, flatulences, douleurs abdominales…), d’asthénie, de réactions cutanées (comme prurit, rash, hyperhydrose…), de douleurs musculaires, de troubles neurologiques (vertiges, céphalées, insomnie, etc.), de toux, d’augmentation des transaminases (raltégravir).