PROFESSION
Actualité
MÉTHODE→ Comment diminuer la douleur et/ou l’anxiété de l’enfant lors de soins par des méthodes non médicamenteuses ? Une Idel a partagé son expérience avec les participants de la 6e journée
Catherine Zinchiri-Diamantidis est infirmière libérale à Pierre-Bénite (Rhône-Alpes). Constatant des lacunes dans la prise en charge de la douleur chez l’enfant
Elle s’est ainsi appuyée sur les recommandations de l’Anaes (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) qui répertorie les méthodes non médicamenteuses de lutte contre la douleur et l’anxiété. Des méthodes peu connues et peu appliquées, pourtant peu coûteuses et simples à mettre en œuvre, adaptées à l’âge et au développement cognitif de l’enfant.
L’infirmière en a observé trois : l’allaitement maternel, la succion de solutions sucrées et la distraction. Entre avril et octobre 2009, elle a mesuré leur efficacité, leur applicabilité et leur impact sur 49 enfants âgés de 0 à 6 ans, lors de 61 soins douloureux et/ou anxiogènes : ponctions veineuses (le soin le plus fréquemment réalisé), injections intramusculaires, pansements.
Trois outils lui ont ainsi été utiles : un tableau de recueil de données cotant la douleur et l’anxiété avant, pendant et après le soin ; un court questionnaire de suivi et d’évaluation pour les parents ; une trousse pédiatrique rose contenant des garrots colorés, des pansements décorés, des sifflets à bulles, des ballons, des sucettes… « Il s’agit de susciter la curiosité de l’enfant, de détourner son attention sur le jeu », explique l’infirmière.
Tout acte confondu, le temps moyen est de 24 minutes et 30 secondes, incluant la mise en place de la méthode non médicamenteuse, les explications et la préparation du matériel, le soin en lui-même et un temps de jeu et de discussion après avec l’enfant et les parents.
L’infirmière a tout de même rencontré quelques difficultés pour évaluer l’anxiété de ses jeunes patients du fait d’échelles d’évaluation peu adaptées au temps du soin. Elle a donc élaboré sa propre échelle : « J’ai tenté d’évaluer certains enfants avec l’aide de leurs parents par une Échelle numérique simple (ENS) où 0 indique une absence d’anxiété et 5 une anxiété majeure. Pour observer le comportement de l’enfant, j’ai aussi utilisé l’échelle OPS (Objective Pain Scale) sans l’item tension artérielle. Enfin, j’ai eu recours aux échelles Édin (Échelle douleur et inconfort du nouveau-né) et Dan (Douleur aiguë du nouveau-né), et précisément les items concernant le comportement, pour quelques enfants que je ne parvenais pas à évaluer autrement. » Les résultats de son enquête font ressortir une forte adhésion de l’enfant et de ses parents aux méthodes non médicamenteuses, qui permettent d’instaurer un climat plus serein et gratifiant et d’éviter ainsi le traumatisme ultérieur pour l’enfant. « Malgré une appréhension des parents vis-à-vis du soin à faire à leur enfant dans 60 % des cas, 95 % ont désiré participer activement au soin et jugé le soin très satisfaisant dans 95 % des cas et satisfaisant dans 5 % des cas », se réjouit l’infirmière.
Toujours est-il que ces méthodes sont encore trop peu proposées, faute de reconnaissance par les instances décisionnelles mais aussi d’intégration et de valorisation dans la nomenclature des actes infirmiers à domicile. « Il reste beaucoup à faire, reconnaît Catherine Zinchiri-Diamantidis, mais je garde espoir, car mon expérience prouve que ces méthodes fonctionnent ! »
(1) La 6e journée du CNRD s’est déroulée à l’Espace Charenton, à Paris, le 20 octobre 2011.
(2) Lire également notre Cahier de formation Les soins aux enfants paru dans L’ILM n° 275, daté de novembre 2011.