Une pathologie
Cahier de formation
LE POINT SUR
L’angine est une pathologie fréquente occasionnant 10 à 12 millions de diagnostics par an en France. Si la plupart des angines évoluent favorablement, même en l’absence de traitement, l’antibiothérapie s’avère nécessaire pour contrer certaines angines bactériennes pouvant provoquer de graves complications.
L’angine est une inflammation aiguë d’origine infectieuse du pharynx se limitant le plus souvent aux amygdales.
Elle se manifeste par une douleur de la gorge, spontanée et/ou provoquée par la déglutition et par l’augmentation de volume des amygdales palatines. La fièvre est souvent présente. D’autres symptômes peuvent être associés : toux, enrouement, douleurs abdominales et vomissements (en particulier chez l’enfant), éruptions cutanées (scarlatine).
On classe les angines selon l’aspect de l’oropharynx. Les plus fréquentes (90 % des angines) sont les angines érythémateuses (angines “rouges”) et érythémato-pultacées (angines “blanches”).
Elles sont le plus souvent d’origine virale. Lorsqu’une bactérie est en cause, il s’agit généralement du streptocoque bêta-hémolytique du groupe A (SGA) qui est responsable de complications graves comme le phlegmon amygdalien (le rhumatisme articulaire aigu et la glomérulonéphrite aiguë sont des complications devenues rares en France métropolitaine). Le SGA est en cause dans 25 à 40 % des angines de l’enfant (pic d’incidence chez les 5-15 ans) et dans 10 à 25 % des angines de l’adulte.
Certains éléments cliniques sont évocateurs d’une angine à SGA : l’âge (entre 5 et 15 ans), un début brutal des symptômes, une fièvre élevée, l’absence de toux, la présence de ganglions. D’autres évoquent une origine virale (pas ou peu de fièvre, toux, écoulement nasal…).
La scarlatine (rare) est due à un SGA sécrétant une toxine immunogène. Touchant surtout les enfants, elle se manifeste par une angine rouge, une fièvre élevée, des douleurs abdominales, des vomissements, et se caractérise par la survenue d’une éruption cutanée (exanthème scarlatiniforme).
Elles sont plus rares.
Angine pseudo-membraneuse ou à fausse membrane : un enduit nacré ou grisâtre (fausses membranes) s’étend au-delà de la région amygdalienne. Deux types d’angines présentent cette caractéristique : la mononucléose infectieuse (due au virus d’Epstein-Barr) et la diphtérie (devenue très rare du fait de la vaccination obligatoire en France).
Angine ulcéreuse ou ulcéronécrotique : il existe une nécrose souvent unilatérale de la muqueuse. Il peut s’agir d’une angine de Vincent (d’origine bactérienne et touchant surtout l’adulte jeune ayant une mauvaise hygiène bucco-dentaire) ou d’une angine syphilitique (peu douloureuse mais très contagieuse, contractée suite à des rapports oro-génitaux).
Angines vésiculeuses : de petites vésicules sont présentes sur le pharynx. Ces angines sont toujours d’origine virale (dues au virus de l’herpès ou à un entérovirus chez l’enfant qui peut provoquer un syndrome main-pied-bouche).
Le traitement des angines virales est symptomatique. En cas d’angines bactériennes, une antibiothérapie est nécessaire pour prévenir les complications.
Dans le cas d’une angine rouge ou blanche (les plus fréquentes), l’examen clinique ne suffit pas à lui seul à distinguer une angine virale d’une angine à SGA qui nécessiterait une antibiothérapie. Selon le contexte (voir encadré), un Test de diagnostic rapide sur prélèvement de gorge est alors réalisé pour poser le diagnostic d’angine à SGA.
L’amygdalectomie est envisagée dans les cas d’angines récidivantes (au moins trois épisodes d’angine bactérienne par an pendant deux hivers consécutifs).
Dans l’angine à SGA, l’antibiothérapie a pour objectif de limiter la dissémination du SGA à l’entourage, de prévenir les complications et de raccourcir la durée des symptômes.
L’amoxicilline (Clamoxyl) par voie orale pendant six jours est le traitement de première intention. En cas d’allergie aux pénicillines sans contre-indication aux céphalosporines, les céphalosporines sont utilisées (Zinnat, Orelox…) durant quatre ou cinq jours. En cas d’allergie aux bêtalactamines (pénicillines et céphalosporines), un macrolide est indiqué (Zithromax, Naxy, Zeclar, Josacine, Pyostacine…).
Un traitement antalgique/antipyrétique (paracétamol, aspirine, ibuprofène) par voie générale permet de lutter contre la douleur et la fièvre. Le paracétamol est indiqué en première intention (pour sa bonne tolérance).
Il est recommandé de bien s’hydrater (la sécheresse de la muqueuse pharyngée accentue la douleur). Sucer des bonbons ou pastilles augmente la sécrétion salivaire et permet d’atténuer les maux de gorge. Les traitements locaux (pastilles ou collutoires) peuvent aussi être utiles pour calmer la douleur.
En cas de douleurs en avalant, il faut préférer des aliments liquides ou mous (purée, soupes, compotes) et éviter les aliments acides (agrumes, vinaigre, tomates) ou trop salés (comme les chips) qui accentuent l’impression de sécheresse des muqueuses et la douleur.
Les angines sont contagieuses : les virus ou les bactéries sont transmis par contact oraux (gouttelettes de salive) ou oro-génitaux (syphilis). Il faut penser à mettre sa main devant la bouche lorsqu’on tousse et à utiliser des mouchoirs en papier que l’on jette après utilisation. Sous antibiotiques, les patients ne sont plus contagieux 24 à 48 heures après le début du traitement.
Toutes les angines ne nécessitent pas une consultation médicale ni une antibiothérapie, mais certains signes doivent amener à consulter : maux de gorge d’apparition brutale sans signes de rhinopharyngite associés (nez bouché ou qui coule, toux…), fièvre importante, éruption cutanée.
Le Test de diagnostic rapide (TDR) met en évidence les antigènes de la paroi du SGA et permet donc de poser le diagnostic d’angine à SGA.
Quand est-il réalisé ? Il est recommandé de réaliser un TDR chez tout patient souffrant d’une angine érythémateuse ou érythémato-pultacée, sauf chez l’enfant de moins de 3 ans (angine le plus souvent d’origine virale) et chez l’adulte lorsque le contexte évoque plutôt une infection virale (pas ou peu de fièvre, toux, enrouement, rhinorrhée…).
Comment l’interpréter ? Un TDR positif justifie la prescription d’une antibiothérapie. Un TDR négatif chez un sujet sans facteur de risque de rhumatisme articulaire aigu (RAA) écarte la présence du SGA et permet de ne pas prescrire d’antibiotiques.
Lorsqu’il existe un contexte à risque de RAA (antécédent personnel de RAA, âge compris entre 5 et 25 ans associé à la notion de séjour en région d’endémie de RAA, Afrique, Dom-Tom, ou à des conditions sociales ou sanitaires défavorables ou à des antécédents d’épisodes multiples d’angines à SGA), la mise en culture du prélèvement pharyngé est recommandée (même si le TDR est négatif) pour poser le diagnostic.