L'infirmière Libérale Magazine n° 277 du 01/01/2012

 

Éditorial

La chute bête : une plaque de verglas en sortant de la voiture. Pas d’hôpital à moins de cent cinquante bornes. L’état de votre crâne nécessite des points de suture que vous ne pouvez pas vous poser vous-même. C’est la nuit, votre consœur se trouve dans les îles pour les fêtes et le seul médecin du périmètre participe à un tournoi de bridge. Est-ce que vous refuseriez l’aide du professionnel de santé le plus proche, à savoir ce charmant vétérinaire qui habite à deux pas ? Que le véto qui n’a jamais posé des points sur un patient humain en détresse se lève… C’est presque une évidence. Mais, entre le dépannage d’urgence et l’instauration d’une « passerelle de formation » dans les écoles de vétérinaires pour contrer la pénurie de praticiens, il y a un barrage qu’un saumon lui-même ne franchirait pas. Disons que l’adjointe à la santé de la ville de Dijon s’est un peu emballée* avec sa proposition… L’ambiance de fin d’année s’y prêtait, sans doute. Mettons ça sur le compte de la traditionnelle redif’ des Bronzés font du ski avec un Christian Clavier qui hurle dans son cabinet de généraliste « je ne soigne pas les bêêêtes » au couple qui lui a apporté son cochon. Là, tout le monde rit. Mais, quand on parle de désertification médicale, le registre change. On en est là, à l’approche du grand retournement de sablier pour tout recommencer sous de nouveaux chiffres. Pour cette année qui débute, nous reprendrons tous un peu de désert… La rédaction de L’Infirmière libérale magazine vous adresse néanmoins ses meilleurs vœux de bonne santé.

* Le démenti n’a pas tardé : pour la directrice de l’Agence régionale de santé de Bourgogne, « aujourd’hui, ce n’est absolument pas pensable […]. La réglementation est claire, elle fait en sorte que nous ayons des médecins dans les zones rurales ». Que les vétérinaires remplacent les médecins, « ça n’a été évoqué ni de près, ni de loin dans le plan régional de santé ».