L'infirmière Libérale Magazine n° 278 du 01/02/2012

 

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RÉGION→ Le Réseau polyarthrite rhumatoïde Languedoc-Roussillon décline l’ETP en ambulatoire avec un système efficace dont les libéraux sont la clé de voûte.

Fidèle à la loi HPST du 21 juillet 2009, le programme d’éducation thérapeutique du patient (ETP) “Mieux vivre la polyarthrite”, initié l’an dernier en Languedoc–Roussillon, vise à aider les malades à apprivoiser leur pathologie au quotidien. Un programme né sous l’impulsion du service de rhumatologie du CHU de Montpellier voilà huit ans. Ce sont toutefois les libéraux qui animent le volet ETP.

Le premier cycle test s’est achevé en juillet dernier à Montpellier. Béziers et Sète reprendront bientôt le flambeau. D’ores et déjà à Lunel, « les sept membres de l’équipe pluridisciplinaire du comité de pilotage et les dix patients inscrits de façon volontaire, ainsi que certains de leurs proches, ont été réunis fin septembre pour suivre une présentation du programme d’ETP », relate l’infirmière Fatima Bouizem-Martinez. Également coordonnatrice du programme d’ETP sur son secteur, avec un confrère masseur-kinésithérapeute, elle est l’une des trois libérales sur les cinq IDE que compte le réseau. Et c’est bel et bien l’ETP qui a motivé son adhésion au réseau PR-LR. « Nous comptons une dizaine de nouveaux professionnels de santé libéraux », confirme le Dr Jean Rouvière, rhumatologue libéral à Arles et médecin coordonnateur du réseau PR-LR. Actuellement, 160 professionnels de santé, en grande majorité libéraux, constituent l’équipe de soignants qui prend en charge 1 400 patients (8 000 fiches de suivi).

Ateliers thérapeutiques

Cette première année, cinq groupes de dix patients bénéficient du programme d’ETP. Les soignants impliqués et formés élaborent des ateliers thématiques définis à partir de “bilans éducatifs partagés” individuels. « Connaissance de la maladie, du traitement, des biothérapies… composent les grandes lignes, détaille le Dr Jean Rouvière. Mais, à Lunel, on a abordé la sexualité, le traitement en voyage, l’impact sur l’entourage… » Au sortir de ces journées de réunion, le malade aborde de façon individuelle, avec les soignants et sur leur lieu d’exercice, les questions non traitées qui auraient surgi lors du premier entretien. Au bout de six mois, le cycle s’achève par une séance bilan. « L’ETP deviendra à coup sûr, à moyen ou à long terme, une partie essentielle de la prise en charge pluridisciplinaire du réseau », affirme le Dr Jean Rouvière.

* Cf. l’article (30/06/11) publié sur espaceinfirmier.com concernant l’enquête de la DGS rendue publique en juin dernier : Éducation thérapeutique : deux ans après HPST, 1 800 programmes autorisés.

Des libéraux en équipe

« Le réseau est l’occasion de travailler avec d’autres professionnels de santé ou du social, évalue Fatima Bouizem-Martinez qui a achevé un DU “Éducation pour la santé des patients” en juin 2010. C’est idéal au niveau de la cohésion autour du malade et de la réussite de la coordination. Pourtant, les médecins généralistes sont peu présents. Alors qu’une adhésion au réseau (10 €/an) leur permettrait d’accéder au dossier informatisé et sécurisé de leurs patients et ainsi de mieux les accompagner. De plus l’ETP modifie le regard envers le malade et la pratique en général. On se rend compte que les patients ont beaucoup de connaissances, mais ils manquent d’assurance. L’ETP les rend acteurs. Bénéfique pour eux, c’est aussi très stimulant pour nous et cela permet de relativiser les situations que nous rencontrons d’ordinaire. »

Le programme “Mieux vivre la polyarthrite” bouscule la relation soignant-soigné et tend à offrir aux professionnels de santé libéraux un langage commun.