L'infirmière Libérale Magazine n° 278 du 01/02/2012

 

Une inflammation

Cahier de formation

LE POINT SUR

Très fréquentes, les otites sont des inflammations de peau ou de muqueuse de l’oreille. Selon la position et les caractéristiques de l’infection, l’otite portera un nom plus spécifique. Ainsi, l’otite aiguë, douloureuse, peut correspondre à une inflammation de l’oreille moyenne ou du conduit auditif externe. Parmi les otites chroniques, la plus fréquente reste l’otite séreuse de l’enfant.

L’otite moyenne aiguë

L’otite moyenne aiguë (OMA) est une inflammation d’origine infectieuse de la muqueuse de l’oreille moyenne. Très fréquente chez l’enfant, elle est une complication des rhinopharyngites. L’otalgie est plus ou moins importante. Il y a parfois un écoulement de pus au niveau du conduit auditif (otite perforée). La fièvre est présente, parfois associée à d’autres symptômes : diarrhée, conjonctivite purulente…

Le traitement

Pour soulager la douleur, le paracétamol est indiqué en première intention, l’aspirine ou l’ibuprofène en deuxième intention (ou parfois lorsque la douleur est très intense).

L’antibiothérapie par voie générale vise à prévenir les complications bactériennes : mastoïdite (inflammation de l’os situé derrière l’oreille moyenne), paralysie faciale, complications endocrâniennes (méningite, œdème cérébral…). Chez l’enfant de moins de 2 ans, elle est recommandée d’emblée. Chez l’adulte et l’enfant de plus de 2 ans, elle est instaurée en cas de fièvre élevée (> 38,5 °C) ou d’otalgie importante ou en cas de risque infectieux particulier (immunodépression…). En dehors de ces situations, il est possible de ne pas prescrire d’antibiotiques, sous réserve d’une amélioration clinique dans les 48 à 72 heures.

L’amoxicilline (80 à 90 mg/kg/jour), en 2 à 3 prises quotidiennes, est privilégiée en première intention. Chez l’enfant, en cas de suspicion d’infection à Heamophilus influenzae (otite associée à une conjonctivite), l’association amoxicilline/acide clavulanique (Augmentin) est indiquée. D’autres antibiotiques sont utilisés en cas de contre-indication à ces molécules, notamment chez l’enfant, le cefpodoxime (Orelox), l’association sulfaméthoxazole/triméthoprime (Bactrim) ou érythromycine/ sulfafurazole (Pédiazole). La durée du traitement est de 8 à 10 jours chez l’enfant de moins de 2 ans, de 5 jours au-delà de cet âge. Chez l’adulte, le traitement antibiotique est maintenu 7 à 10 jours.

L’antibiothérapie locale n’est pas indiquée en cas d’OMA.

La paracentèse consiste à pratiquer une ouverture à travers le tympan pour permettre l’évacuation des sécrétions. Généralement indiquée en cas de douleur importante ou de risque de complications, elle soulage le patient et permet également l’analyse microbiologique des sécrétions.

À savoir : l’otite congestive correspond à une congestion bénigne des tympans le plus souvent d’origine virale. Elle régresse habituellement spontanément et l’antibiothérapie n’est pas indiquée. Des gouttes auriculaires peuvent permettre de soulager la douleur.

La prévention

La prévention des otites moyennes aiguës est la même que celle des rhinopharyngites : utiliser un mouche-bébé en cas d’encombrement nasal chez le nourrisson après lavage à l’eau de mer ou au sérum physiologique, apprendre à l’enfant plus grand à se moucher, couvrir sa bouche lorsqu’on tousse ou qu’on éternue, utiliser des mouchoirs en papier…

Encourager l’allaitement au sein (rôle protecteur vis-à-vis des épisodes infectieux).

Limiter le tabagisme qui fragilise la muqueuse respiratoire.

Éviter les séances de piscine en période hivernale.

L’eau de mer a une action bénéfique sur la prévention des rhinopharyngites et des OMA.

L’otite externe

L’otite externe correspond à une inflammation de la peau du conduit auditif externe. En population générale, c’est l’otite la plus fréquente. D’origine infectieuse, elle est favorisée par les baignades, les traumatismes répétés (coton-tige), une inflammation locale (eczéma, psoriasis…). L’otalgie est souvent très importante. Il n’y a pas de fièvre.

Le traitement

Il fait appel aux antalgiques (paracétamol, etc.) pour soulager la douleur et à l’antibiothérapie locale.

Les gouttes auriculaires sur prescription renferment une ou plusieurs molécules antibiotiques, éventuellement un corticoïde (Panotile, Polydexa, Antibio-Synalar…) et pour certaines un antifongique (nystatine dans Auricularum). La durée du traitement est habituellement de 7 jours.

Les solutions auriculaires disponibles sans ordonnance (Osmotol, Aurigoutte…) renferment des anesthésiques, des antiseptiques ou des vasoconstricteurs locaux. Elles ne sont pas recommandées en cas de perforation du tympan. Il faut faire vérifier l’intégrité du tympan avant leur emploi.

L’eau oxygénée boratée est souvent prescrite sur une courte période pour nettoyer le conduit auditif avant instillation des gouttes antibiotiques. Elle ne doit jamais être utilisée de façon prolongée, car elle altère le film lipidique protecteur du conduit auditif externe, pouvant favoriser la survenue d’une otite externe.

La prévention

Il faut éviter toute stagnation de l’eau dans l’oreille (bien sécher le pavillon de l’oreille après chaque baignade ou douche, etc.), recourir aux bouchons d’oreille (Quies, Blox, Ear Bodyguard…) pour éviter l’entrée de l’eau au niveau du conduit auditif (en cas de natation…).

Hygiène des oreilles : pas de coton-tige ou objet pouvant fragiliser le conduit auditif externe. Le jet de la douche dirigé au niveau de l’oreille suffit. On peut aussi s’aider d’une solution d’hygiène auriculaire (comme Audispray) une, voire deux fois par semaine pour les personnes sécrétant beaucoup de cérumen.

L’otite séromuqueuse

L’otite séromuqueuse est une forme d’otite chronique très fréquente chez l’enfant. Il s’agit d’une inflammation chronique de l’oreille moyenne (liée à une mauvaise ventilation de l’oreille moyenne via la trompe d’Eustache). Elle est notamment favorisée par une hypertrophie des végétations adénoïdes, par la prématurité et par la répétition des OMA. L’évolution est le plus souvent favorable lorsque l’enfant grandit, mais il existe des formes sévères avec évolution vers une otite chronique (avec rétraction ou perforation tympanique…).

Le traitement

Il est fonction des troubles : antibiothérapie en cas d’OMA à répétition, voire corticoïdes par voie générale. S’il existe une baisse significative de l’audition, la pose d’aérateurs transtympaniques (yoyos ou diabolos) est proposée (souvent associée à une adénoïdectomie).

Les conseils

En cas de port d’aérateurs transtympaniques, il est impératif d’éviter toute pénétration de l’eau dans l’oreille (risque d’infection). Il est possible d’utiliser des bouchons d’oreille au cours du bain, de la douche.

Les séances de piscine sont généralement déconseillées.

L’otite barotraumatique

Elle correspond à une atteinte de l’oreille moyenne à la suite d’une variation de pression : généralement au cours d’une séance de plongée, d’un voyage en avion (décollage et surtout atterrissage) ou en train (passage des tunnels en TGV). Sa survenue est favorisée par une infection des voies aériennes supérieures (rhinopharyngite…).

Pour l’éviter, il faut provoquer l’ouverture régulière de la trompe d’Eustache en réalisant de fréquentes déglutitions (mâcher un chewing-gum, proposer un biberon ou une tétine aux jeunes enfants) ou la manœuvre de Valsalva (expiration bouche fermée en pinçant le nez).

Des bouchons d’oreille spécifiques (comportant un filtre ou un petit trou permettant un échange progressif de l’air) peuvent aussi être utilisés en prévention : à mettre en place avant le décollage ou l’atterrissage (Blox Avion, Quies EarPlanes…).

En cas d’infection ORL, il faut prévoir une consultation médicale avant de prendre l’avion.