Cahier de formation
Savoir
Pertes de vigilance dans la journée, apnées du sommeil et surtout insomnie, qui affecte 10 % des Français, les troubles du sommeil ont d’importantes répercussions sur la qualité de vie et la santé. Encore mal compris par le public, ils sont un enjeu d’éducation et de prévention pour les professionnels de santé.
Il correspond à un ralentissement progressif de l’activité cérébrale et une mise au repos du cortex cérébral
Il est appelé “paradoxal” parce que le cerveau est très actif à ce stade. La respiration et le rythme cardiaque s’accélèrent. Les muscles sont complètement atoniques et les yeux secoués par des mouvements rapides et symétriques
Il fait partie intégrante du sommeil. Les temps d’éveil sont présents à l’endormissement, pendant la nuit et au réveil. Les éveils en cours de nuit sont normaux. Leur nombre et leur durée augmentent avec l’âge. Les adultes seraient éveillés environ 10 % du temps passé au lit sans s’en souvenir car la mémoire n’est pas active. Les éveils sont plus fréquents au cours des trois dernières heures de sommeil.
Pendant une nuit, sommeil lent, sommeil paradoxal et éveil se succèdent sur le même rythme pour s’organiser en cycle de sommeil. Le temps de sommeil comprend en moyenne 4 à 6 cycles qui durent 1 à 2 heures (voir schéma du cycle). Entre deux cycles, le sommeil redevient très léger et peut déboucher sur des éveils nocturnes plus ou moins longs.
Les besoins de sommeil sont différents selon les individus. Les adultes français dorment en moyenne 6 h 58 par nuit la semaine et 7 h 50 le week-end
Les petits ou courts dormeurs dorment 6 heures ou moins par nuit, les grands ou longs dormeurs 9 heures ou plus. Si 29 % des Français dorment moins de 7 heures en moyenne par 24 heures, 6 % dorment plus de 9 heures. Ces différences sont biologiques, certainement génétiques, et restreindre volontairement sa durée de sommeil peut avoir des conséquences néfastes, comme des accès de sommeil au volant ou au travail, ou encore le développement de pathologies. Une durée de sommeil inférieure à 6 heures par jour entraînerait des perturbations hormonales et métaboliques et prédisposerait à un risque accru de diabète, d’hypercholestérolémie et de troubles cardiovasculaires.
Les rythmes biologiques, dont le sommeil et l’éveil, sont gouvernés par une horloge biologique interne. Située au cœur du cerveau (au niveau du noyau suprachiasmatique de l’hypothalamus), cette horloge gère également la température interne, le rythme cardiaque, la fréquence respiratoire, les fonctions urinaires, etc. Cette horloge est réglée sur environ 24 heures chez l’homme et fonctionne sur un rythme circadien (du latin circa, autour, et diem, le jour).
Le rythme de l’horloge biologique réglé par l’organisme n’est pas totalement indépendant de l’environnement. Le rythme circadien de 24 heures est lié à l’alternance jour/nuit ou lumière/obscurité. La lumière de haute intensité agit au niveau des cellules photoréceptrices de la rétine et atteint l’horloge biologique par les voies visuelles. Le sommeil est ainsi favorisé la nuit. Les performances physiques et mentales sont optimales la journée. Les heures du coucher et du lever sont assez stables pour chaque individu. Avec l’âge, l’horloge est moins élastique et s’adapte plus difficilement aux changements d’horaires.
Les personnes qui se couchent tard et se réveillent plus tard sont considérées “du soir”. Celles qui ont sommeil plus tôt et sont très en forme tôt le matin sont dites “du matin”. Dans les deux cas, le sommeil est de durée et de qualité normale. Libres de vivre à leur rythme, ces personnes ne présentent pas de troubles du sommeil ou de la vigilance. Les troubles apparaissent lorsqu’ils doivent s’adapter à des horaires sociaux.
Le travail est la principale cause de manque de sommeil pour 53 % des jeunes adultes
À court terme, elle provoque une altération des fonctions supérieures du cerveau : concentration, mémoire, humeur, contrôle de la motricité. À long terme, le manque chronique de sommeil entraîne une baisse des défenses immunitaires, une hypertension, des troubles métaboliques (diabète) ou gastro-intestinaux, une vulnérabilité au stress ou une dépression. Les problèmes de surpoids chez les personnes qui ne dorment que 5 heures par nuit s’expliquent par une diminution de la leptine, hormone qui réduit la prise alimentaire et stimule les dépenses énergétiques, et une augmentation de la ghréline qui stimule l’appétit.
Les troubles du sommeil correspondent à toutes les perturbations de la durée ou de la qualité du sommeil. Les parasomnies (événements indésirables pendant le sommeil), l’hypersomnie et l’insomnie, longtemps considérées comme les signes d’un problème psychologique, sont aujourd’hui reconnues en tant que maladies.
Les troubles du rythme circadien ont une origine génétique. Le syndrome d’avance de phase provoque un besoin irrésistible de sommeil tôt dans la soirée et un réveil précoce. Les personnes concernées ne peuvent prolonger leur sommeil le matin, même en se couchant tard. Le syndrome de retard de phase empêche de s’endormir avant le milieu de la nuit (2-3 heures du matin) et le réveil se fait naturellement vers 11 ou 12 heures. L’adaptation aux horaires sociaux, scolaires ou professionnels peut s’avérer difficile.
Les avances et retards de phase, comme les problèmes liés au travail posté, travail de nuit peuvent être traités par photothérapie (aussi appelée luminothérapie ou luxthérapie). Le traitement repose sur une exposition à la lumière de haute intensité d’une lampe pendant 30 à 60 minutes par jour, durant 2 à 4 semaines. La prescription d’une photothérapie est réservée aux médecins spécialistes du sommeil avec des heures d’exposition adaptées à la pathologie du patient. La photothérapie se pratique dans un centre de sommeil ou à domicile.
Elles regroupent l’ensemble des troubles moteurs ou psychiques indésirables qui surviennent au cours du sommeil. Il n’y a pas d’altération des processus de veille et de sommeil, et peu de retentissement sur la qualité de vie en période de veille.
Au cours de la nuit, la personne exécute des comportements automatiques semblables aux activités de la journée pendant 5 à 60 minutes. Elle a les yeux ouverts, mais elle est inconsciente et indifférente à son environnement. Le plus souvent, ces comportements se limitent à s’asseoir au bord du lit, marmonner quelques mots, puis se rallonger pour se rendormir. Il peut également s’agir de déambulations dans la chambre, la maison, voire à l’extérieur. Ces activités peuvent être d’ailleurs dangereuses. Le somnambulisme occasionne parfois des boulimies nocturnes et des actes de violence envers soi-même ou autrui. Très fréquent chez l’enfant, il peut réapparaître chez l’adulte en situation de stress, d’anxiété ou de changements professionnels ou personnels.
Il repose sur la prise en charge du stress avec des séances de relaxation ou une amélioration de l’hygiène de vie (sport, horaires réguliers). En général, le somnambulisme ne nécessite pas de traitement médicamenteux, sauf dans les cas où il s’accompagne de violence.
Elles concernent principalement l’enfant d’âge scolaire, plus rarement les jeunes adultes. Au début de la nuit, l’enfant, paisiblement endormi, s’agite et hurle de “terreur”. Son cœur bat très vite, il est en sueur et se débat dans son lit. Au réveil, il ne se souvient de rien.
Les terreurs nocturnes peuvent être liées à un stress ou une anxiété. Elles sont généralement traitées par la prise en charge de ce stress, par le sport ou la relaxation. Exceptionnellement, un recours à un médicament est envisagé dans les cas où les terreurs nocturnes sont répétées toutes les nuits et gênent le sommeil de la famille ou des voisins. Leur survenue brutale chez l’adulte doit faire rechercher une cause neurologique ou psychologique.
Une hypersomnie se manifeste par une difficulté à se lever le matin et une fatigue accompagnée d’un ralentissement de l’activité et de l’attention pendant la période de veille. Elle correspond à une augmentation du rapport sommeil/veille (proportions normales : 2/3 pour l’état de veille et 1/3 pour le sommeil par cycle de 24 heures). La maladie dure toute la vie. Le trouble est soit permanent, soit fluctuant avec des périodes d’aggravation et d’amélioration relative. Les hypersomnies sont dites ”primaires” (hypersomnie idiopathique, narcolepsie, syndrome de Kleine-Levin) ou “secondaires” à une autre cause (voir encadré ci-dessus).
Rare, cette hypersomnie n’a aucune cause identifiée. Elle serait de nature génétique et due à un mauvais fonctionnement du système noradrénergique. La maladie persiste toute la vie avec des conséquences sociales, familiales et professionnelles. Parfois confondues à tort avec de la fatigue ou une dépression (diagnostics différentiels), les hypersomnies sont diagnostiquées par la clinique et l’exploration du sommeil par l’enregistrement de divers paramètres (voir la partie Savoir faire).
Aussi appelée “maladie de Gélineau”, c’est une affection rare (environ 30 000 narcoleptiques en France). La narcolepsie-cataplexie se caractérise par des accès brusques et irrépressibles de sommeil (narcolepsie) accompagnés d’une chute brutale du tonus musculaire (cataplexie) qui provoque souvent la chute du malade. Cas particulier des hypersomnies, les narcolepsies entraînent un sommeil nocturne court, associé à des siestes ou des accès de sommeil répétés dans la journée.
La narcolepsie fait entrer brutalement le sujet dans le sommeil paradoxal, sans passer par le sommeil lent, plusieurs fois par jour, pendant quelques secondes à plus d’une heure.
Les cataplexies vont du simple affaissement de la mâchoire, du cou et de la tête, à la chute de tout le corps. Elles sont brèves, de quelques secondes à rarement plus de 2 minutes, et concernent 70 à 80 % des formes de narcolepsies. Il existe une forme de narcolepsie sans cataplexie. Les cataplexies sont souvent dues à des émotions positives, éclat de rire, joie, etc. Parfois à des émotions négatives comme la colère.
Deux autres symptômes sont rencontrés chez 50 à 60 % des narcoleptiques : des hallucinations (auditives, visuelles, tactiles) à l’endormissement ou au réveil, et des paralysies à l’endormissement ou plus souvent au réveil, avec une impossibilité de bouger pendant quelques minutes.
Enfin, le sommeil de nuit est souvent de très mauvaise qualité, avec réveils et cauchemars.
Essentiellement clinique, il repose sur l’observation d’accès de sommeil diurne récurrents presque tous les jours sur une période d’au moins 6 mois. Les explorations du sommeil montrent l’entrée dans un sommeil paradoxal dans les 15 minutes après l’endormissement et un délai d’endormissement inférieur à 8 minutes en moyenne sur cinq siestes dans la journée.
Le diagnostic doit confirmer ou non la présence de catalepsies.
Cette maladie très rare affecte deux fois plus les garçons que les filles vers l’âge de 15 ans. Elle se manifeste par des périodes de sommeil de 20 heures sur 24 heures, pendant 10 jours en moyenne, qui se répètent à intervalle d’un mois à plusieurs années.
Les périodes de sommeil s’accompagnent de confusion mentale, fatigue intense, démotivation et d’un sentiment d’irréalité. Dans la moitié des cas, elles s’accompagnent de changements du comportement alimentaire avec goinfrerie et d’une désinhibition sexuelle. Entre les accès, la vigilance, le sommeil, l’humeur et le comportement sont normaux.
Elles sont peu opérantes, si ce n’est une activité physique soutenue et l’exposition à une lumière de forte intensité. Il est conseillé de dormir un minimum de 9 à 10 heures par 24 heures en privilégiant le sommeil de nuit et de repérer le rythme des accès de sommeil diurnes avec un carnet de veille et de sommeil pendant au moins 15 jours. Le patient doit alors prévenir les accès de sommeil par des siestes de moins de 20 minutes aux périodes de pics de somnolence.
→ Le modafinil (Modiodal) est le psychostimulant de première intention pour diminuer la somnolence diurne excessive. Depuis 2011, il n’est indiqué que dans la narcolepsie avec ou sans cataplexie (voir Point de vue ci-dessous).
→ Le méthylphénidate (Ritaline, Concerta) est utilisé en cas d’échec du modafinil. Ce psychostimulant amphétaminique est indiqué dans la narcolepsie avec ou sans catalepsie.
→ Le mazindol (Teronac) est un amphétaminique indiqué dans la narcolepsie avec catalepsie. Il bénéficie d’une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) et ne peut être dispensé que par les pharmacies à usage intérieur des établissements de santé.
→ L’oxybate de sodium (Xyrem, solution buvable), dépresseur du système nerveux central, réduit la somnolence diurne excessive et le sommeil de nuit fragmenté. Il agit aussi sur la catalepsie quelques jours après la première prise, mais peut être utilisé sur la narcolepsie sans cataplexie.
→ Les antidépresseurs sont utilisés dans les hypersomnies liées à une pathologie dépressive et dans les formes intermédiaires où il est difficile de distinguer l’hypersomnie idiopathique d’une hypersomnie psychiatrique. Ils ont aussi une action sur la cataplexie.
→ Des hypnotiques de type zolpidem (Stilnox) ou zopiclone (Imovane) peuvent être proposés pour traiter le sommeil nocturne des narcoleptiques souvent agité et fractionné.
L’insomnie se définit comme le ressenti d’une insuffisance de sommeil ou de sa mauvaise qualité restauratrice. Elle affecte l’endormissement ou le maintien du sommeil. L’insuffisance de sommeil, subjective, s’accompagne de retentissements à l’état de veille : fatigue, perte de concentration ou de mémoire, morosité ou irritabilité, erreurs dans la réalisation de tâches. Le plus souvent, l’insomnie est un symptôme associé à une autre pathologie.
Encore appelée insomnie d’ajustement, cette insomnie aiguë, momentanée, dure de quelques jours jusqu’à 3 mois. Elle touche une personne qui a habituellement un bon sommeil. Elle est liée à des événements stressants ou des situations nouvelles provoquant un stress : facteurs environnementaux inhabituels (bruit, chaleur…), stress psychique (deuil, contrariété…) et/ou physique, prise de toxiques ou de médicaments. Parfois récidivantes, elles peuvent se chroniciser chez des sujets vulnérables. Au-delà de 3 mois, l’insomnie doit faire rechercher une maladie organique ou psychologique.
Le DSM IV (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) définit l’insomnie chronique par la présence, depuis au moins un mois et minimum 3 fois par semaine, d’au moins un des critères suivants : difficultés à l’endormissement, réveils nocturnes avec des difficultés pour se rendormir, réveil matinal précoce.
En pratique, le médecin relève un temps d’endormissement supérieur à 30 minutes, au moins deux éveils par nuit avec des difficultés pour se rendormir et un réveil matinal prématuré au moins 1 heure avant l’heure choisie
Autres critères du DSM IV : sommeil non réparateur, sensation de fatigue au réveil et conséquences négatives sur le fonctionnement diurne (irritabilité, manque de concentration).
Et ce, en l’absence d’autre trouble du sommeil (apnées du sommeil, etc.), trouble mental, affection médicale, ou prise de substances toxiques ou médicamenteuses.
Elles sont liées à :
→ une pathologie mentale : états dépressifs, troubles bipolaires, troubles anxieux généralisés, attaques de panique, troubles compulsifs, etc. ;
→ une pathologie physique : pathologies douloureuses (première cause d’insomnie), hyperthyroïdie, épilepsie, cardiopathies, troubles respiratoires, reflux gastro-sophagien, neuropathies dégénératives, troubles prostatiques avec nécessité d’uriner plusieurs fois par nuit, etc. ;
→ un médicament ou une substance perturbant le sommeil : prise de psychostimulant (caféine, nicotine, cannabis, cocaïne, etc.), alcool, médicament prescrit (cortisone, dopamine, composant amphétaminique, etc.), aliment ou toxique, ou même hypnotique, etc.
→ L’insomnie idiopathique débute dans l’enfance et perdure de façon permanente et stable. L’insomnie psychophysiologique se caractérise par un conditionnement mental et physiologique qui s’oppose au sommeil, indépendamment de pathologies anxieuses ou dépressives. Il s’agit d’une forme d’insomnie chronique la plus fréquente. Le sommeil est redouté, c’est typiquement la personne qui dort devant la télé mais pas au lit.
→ L’insomnie paradoxale, appelée également mauvaise perception du sommeil, pour laquelle les plaintes d’insomnie ne se constatent pas à la polysomnographie.
Essentiellement clinique, le diagnostic repose sur un entretien approfondi dans une approche somatique, psychologique et environnementale, et sur l’historique du sommeil, y compris dans l’enfance du patient. L’insomnie doit faire l’objet d’une consultation spécifique et non d’un simple signalement en fin d’une consultation chez le médecin pour un autre motif.
Les explorations du sommeil (polysomnographie, actimétrie…) sont indiquées lorsqu’une cause associée est suspectée (voir la partie Savoir faire, Expliquer les examens du sommeil).
L’avis d’un spécialiste est nécessaire face à une insomnie rebelle, inexpliquée, atypique, ou évoquant une situation complexe. Dans ces cas, l’avis d’un psychiatre peut également être sollicité avant le recours à un centre du sommeil.
Elle est appréciée par sa fréquence (nombre de mauvaises nuits hebdomadaires) et l’ampleur de son retentissement diurne :
→ insomnie légère : une nuit par semaine, faible retentissement sur l’activité de la journée ;
→ insomnie modérée : 2 ou 3 nuits par semaine, fatigue, état maussade, tension et irritabilité ;
→ insomnie sévère : 4 nuits et plus par semaine. Aux signes précédents s’ajoutent : hypersensibilité diffuse, troubles de la concentration, performances psychomotrices altérées.
Appliquer des conditions optimales du sommeil suffit parfois à restaurer le sommeil en cas d’insomnies légères et sans cause. Elles sont associées aux autres mesures thérapeutiques dans les insomnies modérées ou sévères.
→ Dormir selon les besoins, pas plus, et éviter les siestes longues de plus d’une heure ou trop tardives après 16 heures.
→ Adopter un horaire régulier de lever et de coucher. Retarder le coucher chez les personnes âgées.
→ Limiter le bruit, la lumière et une température excessive dans la chambre à coucher.
→ Éviter la caféine, l’alcool ainsi que la nicotine.
→ Pratiquer un exercice physique dans la journée, mais pas après 17 heures.
→ Éviter les repas trop copieux le soir.
L’équilibre du cycle éveil-sommeil peut être rétabli par la lumière et l’activité physique.
En cas de difficultés d’endormissement, il faut :
→ bien marquer le moment du réveil (douche, exercice physique, ambiance lumineuse forte) ;
→ le soir, éviter la lumière forte et l’activité physique.
En cas de réveil matinal trop précoce :
→ ne pas traîner au lit quand on est réveillé ;
→ favoriser l’activité physique le soir et utiliser une ambiance lumineuse forte.
Une bonne connaissance des rythmes de sommeil spécifique à chaque individu permet de dépister certaines erreurs et de renforcer une bonne synchronisation de l’organisme. Certaines règles doivent être rappelées :
→ respecter autant que possible son rythme de sommeil personnel (qui peut être repéré en vacances) ;
→ se coucher uniquement quand on est fatigué ;
→ éviter de rester au lit en cas d’éveil prolongé ;
→ ne pas chercher à prolonger son sommeil le matin pour récupérer une mauvaise nuit ;
→ éviter l’irrégularité des horaires de sommeil et des repas ;
→ bien marquer le moment du réveil : prendre une douche, faire quelques exercices physiques, utiliser un éclairage de forte intensité (halogène).
→ Un sédatif léger tel la phytothérapie. Les plantes avec effet relaxant sont utilisées en tisanes ou infusions : valériane, passiflore, tilleul, verveine, fleur d’oranger.
→ Un hypnotique (doxylamine, benzodiazépine ou apparenté) pendant quelques jours, à la plus faible dose possible.
→ Si la composante anxieuse reste prépondérante, la prescription d’un anxiolytique selon les mêmes principes peut s’avérer suffisante afin de permettre le rétablissement du sommeil.
En plus des règles d’hygiène du sommeil, les thérapies cognitives et comportementales sont recommandées par les spécialistes de l’insomnie.
Des sessions de groupe conduites par un spécialiste visent à réfléchir sur son sommeil et à corriger les mauvaises habitudes. À l’exemple de la restriction du temps passé au lit, qui consiste à ne rester au lit que pour dormir et à se lever si on ne dort pas. Après quelques jours, les épisodes de sommeil, même de courte durée, sont plus récupérateurs.
→ L’efficacité des traitements hypnotiques prolongés (benzodiazépines et apparentés) n’est pas démontrée.
→ Une accoutumance est possible.
→ Les hypnotiques peuvent entretenir une insomnie (effet rebond possible à l’arrêt du traitement).
→ Les hypnotiques réunissent certaines benzodiazépines (BZD), les apparentés aux BZD, les antihistaminiques H1 et la mélatonine. Ils sont détaillés plus loin, dans la partie Savoir faire, surveiller la prise d’un hypnotique.
→ facilitent l’endormLes benzodiazépines et apparentésissement et réduisent le nombre de micro-éveils dans la nuit dans un contexte d’anxiété.
→ Les antihistaminiques agissent sur les troubles du sommeil en raison de leurs effets sédatifs d’origine histaminergique et adrénolytique.
→ La mélatonine (Circadin) est une hormone naturelle qui participe au contrôle des rythmes circadiens et à la régulation du rythme jour/nuit. Elle a un effet hypnotique et prédispose au sommeil.
(1) Cortex cérébral : partie périphérique du cerveau où siègent les fonctions nerveuses élaborées, comme mouvement volontaire et la conscience.
(2) En anglais, le sommeil paradoxal est appelé rapideye movement sleep ou REM sleep pour sommeil à mouvements oculaires rapides.
(3) Sommeil et rythme de vie : le sommeil dans tous ses états, enquête InSV (Institut du sommeil et de la vigilance)/BVA, 2009, réalisée auprès de 1 000 personnes âgées de 18 à 55 ans.
(4) Enquête sur les représentations, les attitudes, les connaissances et les pratiques du sommeil des jeunes adultes en France [25-45 ans], Institut BVA, décembre 2007. Sur www.inpes.sante.fr.
(5) Prise en charge du patient adulte se plaignant d’insomnie en médecine générale, Société de formation thérapeutique du généraliste, recommandations, décembre 2006.
Les nouveau-nés dorment entre 14 et 20 heures sur 24 heures. Leur sommeil est réglé par la faim. Entre 6 et 12 mois le sommeil nocturne est généralement acquis, avec plusieurs siestes pendant la journée qui disparaissent le plus souvent entre 4 et 6 ans. La durée de sommeil diminue progressivement et passe de 15 heures en moyenne à 6 mois à moins de 12 heures entre 4 et 12 ans. À l’âge scolaire, l’enfant doit bénéficier d’au moins 10 à 11 heures de repos entre le coucher et le réveil. À l’adolescence, la durée du sommeil “adulte” se met en place. L’adulte a généralement des rythmes bien marqués. En avançant dans l’âge, la durée et la qualité du sommeil nocturne diminuent et les éveils se font plus fréquents au cours de la nuit. Les siestes réapparaissent chez les seniors.
Leur traitement repose sur la prise en charge de la cause. Elles sont liées à :
– une pathologie psychiatrique : le plus souvent trouble de l’humeur, dépression majeure ou maladie bipolaire ;
– une affection neurologique : tumeurs cérébrales, AVC, Parkinson… ;
– une maladie métabolique ou endocrinienne : hypothyroïdie, diabète, carence en fer… ;
– des médicaments : hypnotiques, anxiolytiques, certains antidépresseurs et neuroleptiques, antihistaminiques H1, certains anti–épileptiques, antiparkinsoniens… ;
– des comportements : manque de sommeil, travail de nuit, horaires décalés… ;
– l’alcool présente des effets sédatifs alternant avec des effets stimulants en fonction du type d’individu et du taux d’alcoolémie.
Sylvie Royant-Parola, psychiatre et spécialiste du sommeil, responsable du centre d’exploration du sommeil à la clinique du Château de Garches (92), présidente du réseau Morphée
« Depuis le début de l’année 2011, l’Agence européenne du médicament a souhaité, sur les données d’un rapport d’experts soulignant l’existence d’effets secondaires insuffisamment contrebalancés par le service médical rendu, réduire l’autorisation de mise sur le marché du modafinil (Modiodal) à l’indication narcolepsie. Depuis cette date, sa prescription dans les hypersomnies idiopathiques n’est possible que par un “Centre des maladies rares” dans des indications triées sur le volet en fonction de la clinique. Et, dans ce cas, ils ne sont pas forcément remboursés et ils sont chers. Pour la même raison, le modafinil ne peut plus être utilisé ponctuellement sur une hypersomnie secondaire. »
Valérie Redouté, infirmière en santé au travail au service exploitation Roissy d’Air France
« Le service gère le suivi médical de 8 500 salariés non navigants dont la majorité ont des horaires décalés évoluant progressivement de 5 heures du matin à 16 heures sur cinq jours de travail suivis de trois jours de repos. Les plus jeunes se plaignent davantage de difficultés du sommeil. Sans contrainte familiale, ils se désorganisent encore plus. Fatigués parce qu’ils n’ont pas dormi la nuit précédant la première journée de matin, ils font une longue sieste de 14 heures à 17-18 heures, et ils n’arrivent plus à dormir la nuit suivante. Je peux souvent corriger une mauvaise gestion des rythmes veille/sommeil et travail/repos grâce à une information sur l’hygiène du sommeil. Je suggère par exemple des siestes courtes quand ils travaillent tôt le matin pour pouvoir s’endormir à un horaire raisonnable le soir du premier jour de travail. »
Les benzodiazépines (BZD) diminuent le sommeil lent profond au profit du sommeil léger tandis que les apparentés respectent la structure du sommeil. Toutes les BZD, à des degrés différents, ont une activité myorelaxante, anxiolytique, sédative, hypnotique, anticonvulsivante et amnésiante. Les apparentés aux BZD ont les mêmes propriétés, mais la posologie habituellement donnée dans les insomnies n’entraîne pas d’effets anticonvulsivants, myorelaxants ou anxiolytiques.