PROFESSION
Actualité
ACCÈS AUX SOINS > À la suite d’une commande du Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques, deux députés ont rendu fin janvier un rapport
Le député UMP de la Somme Jérôme Bignon et Germinal Peiro, député socialiste de la Dordogne, se sont penchés sur l’épineuse question de la répartition des professionnels de santé sur le territoire. Un sujet qui préoccupe aussi les Français puisque, selon un sondage Viavoice pour le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss), la santé est jugée prioritaire dans la campagne présidentielle pour 79 % des Français. Et pour 72 % d’entre eux, la question des déserts médicaux est un argument de campagne auquel ils sont sensibles.
D’ailleurs, les deux rapporteurs pointent du doigt, au regard de la démographie médicale, les disparités entre les territoires. « On constate des variations de 1 à 8 pour les infirmiers libéraux, de 1 à 4 pour les kinésithérapeutes et de 1 à 4 pour les dentistes », soulignent-ils. Dans l’Hexagone, près de 2,5 millions de personnes vivent dans des zones touchées par la désertification médicale. Avec une baisse estimée de 10 % du nombre de médecins à l’horizon 2025, « le renouvellement des médecins de campagne est donc prioritaire », estiment les deux élus.
Depuis la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) du 21 juillet 2009, modifiée par celle du 10 août 2011, l’accès aux soins, l’amélioration des conditions de travail des médecins et les incitations à s’installer dans les zones déficitaires sont au premier rang des priorités. Des mesures ont déjà été prises en direction des praticiens, avec notamment les contrats d’engagement de service public, ces bourses à destination des élèves s’engageant à exercer en zone fragile pour une durée équivalente à celle de leurs études.
Cependant, les rapporteurs signalent que cette mesure peine encore à séduire. Différents types d’aides financières ou dispositifs incitatifs ont également été mis en place pour faciliter l’installation ou le maintien des professionnels de santé dans certains territoires sous-dotés, mais ils ne sont pas opérationnels. D’autant que les aides financières ne lèvent pas les freins – comme l’isolement – à l’exercice en zone désertifiée. Aussi, les deux parlementaires reprennent les conclusions d’un rapport de la Cour des comptes et soulignent que les maisons de santé regroupant des professionnels médicaux et paramédicaux constituent une réponse de plus en plus adaptée aux besoins des populations et aux évolutions des modes d’exercice des professions médicales. Ce travail en réseau sous-entend de réfléchir à la question de la délégation de compétences (lire notre dossier p.20) et au déploiement du Dossier médical personnel qui pourrait être partagé avec un accès à domicile pour les infirmiers de passage et un accès à l’hôpital de proximité.
* Le rapport est téléchargeable sur http://bit.ly/yjUZMI.
Les deux parlementaires émettent, dans leur rapport, une série de recommandations afin de garantir une meilleure répartition de l’offre de soins sur le territoire.
→ Assurer les conditions d’une offre de santé équilibrée sur l’ensemble du territoire dans le contexte d’une évolution démographique défavorable des praticiens dans les zones rurales.
→ Favoriser la mise en réseau de tous les acteurs de santé sur chaque territoire et prévoir, pour ce faire, une animation par un ou des élu(s) permettant d’intégrer un volet santé dans chaque projet de territoire, en utilisant tous les outils disponibles.
→ Soutenir des actions favorisant l’exercice regroupé des professionnels de santé, par exemple les maisons de santé pluriprofessionnelles, afin de répondre à l’isolement des médecins de campagne.
→ Établir dans les projets de santé de territoire un lien nécessaire avec les services médico-sociaux ou sociaux.
→ Conclure des Contrats locaux de santé (CLS) dans l’ensemble du territoire national avant la fin de l’année 2015.