L'infirmière Libérale Magazine n° 279 du 01/03/2012

 

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Initiatives

Infirmière libérale à Saint-Cyr-sur-Mer et à Bandol, Brigitte Leccia consacre une très grande partie de son temps libre à la plongée sous-marine. Une passion qu’elle cultive depuis la fin de ses études en soins infirmiers.

Infirmière libérale depuis 2005, Brigitte Leccia s’est orientée vers cette profession un peu par hasard. « Je voulais réparer les voitures ou réparer les gens », se rappelle-t-elle en éclatant de rire. Avant de passer le concours de l’Institut de formation en soins infirmiers (Ifsi) en 1993, Brigitte, alors jeune mère de famille de 21 ans, exerce de nombreux petits boulots : vendeuse, retoucheuse, secrétaire dans un cabinet d’avocat… Finalement, c’est en rencontrant une ancienne amie, étudiante en première année d’études en soins infirmiers, qu’elle décide de tenter sa chance. « Si je ne l’avais pas croisée, je n’aurais peut-être jamais passé le concours », reconnaît-elle.

À la recherche de la liberté

Une fois diplômée, Brigitte exerce en réanimation au sein d’une clinique privée, puis en bloc opératoire à l’hôpital. Ensuite, elle s’installe comme instrumentiste pour un professeur en orthopédie pendant sept ans. « Je travaillais directement avec lui, donc, lorsqu’il partait en vacances, certains mois, j’avais des difficultés pour payer mon loyer. » Aussi pense-t-elle à l’activité libérale pour pallier ce problème mais aussi parce qu’elle ressent « un besoin de changement » : « J’aspirais à me sentir plus libre au niveau de mon activité et vis-à-vis des patients. » Elle commence par faire des remplacements. Puis s’oriente vers les soins techniques difficiles et les soins palliatifs en ouvrant son premier cabinet infirmier à Saint-Cyr-sur-Mer en 2005. Un an après l’ouverture, un autre infirmier la rejoint et ils sont maintenant trois à travailler, chacun dix jours par mois. Mais les trois professionnels ayant des objectifs professionnels qui diffèrent, Brigitte souhaite changer le lieu de son cabinet pour s’installer à Bandol, son lieu de résidence. « Je suis une meneuse et je ressens le besoin d’être mon propre chef. L’activité en libéral procure une liberté psychologique énorme qu’on ne retrouve pas ailleurs car, en milieu hospitalier, nous sommes soumis au travail qu’on nous impose. » Avec son activité d’infirmière qu’elle mène de front, Brigitte travaille tous les jours, car elle continue de consacrer trois à cinq jours par mois à l’instrumentation. Mais cela ne l’empêche pas de faire de la plongée sous-marine entre deux tournées.

L’eau, depuis toujours

La plongée sous-marine, Brigitte l’a découverte à la fin de ses études à l’Ifsi d’Aix-en-Provence, en 1996. « J’ai découvert la plongée avec des amis qui voulait faire un baptême, raconte-t-elle. Cela a été une révélation pour moi : pouvoir respirer sous l’eau, ne pas avoir à remonter à la surface, voir les poissons, les fonds marins… »

Avant de découvrir la plongée sous-marine, Brigitte avait déjà fait des balades aquatiques avec un masque et un tuba. « J’ai toujours eu un pied dans l’eau, se souvient l’infirmière. Quand j’étais petite, je n’habitais pas à côté de la mer, mais mes parents avaient une piscine, et dès le mois de mars, ils la remplissaient avec de l’eau à 10 °C et je me baignais. »

Mais cette attirance pour le milieu n’était pas toujours accessible financièrement. « Les rares moments au bord de la mer étaient donc très appréciés. C’est pour cela que j’ai toujours cherché, à chacun de mes déménagements, à me rapprocher de la mer. Maintenant, je ne peux pas être plus près ! »

Ce qu’elle éprouve au contact de l’eau, Brigitte a du mal à l’exprimer : « Je ressens un bien-être total quand je suis dans l’eau. Le sentiment de légèreté que j’éprouve lorsque je me retrouve à flotter est très agréable pour moi. »

Un investissement personnel

Comblée par la découverte de la plongée, Brigitte décide de s’investir totalement dans cette nouvelle passion et passe différents niveaux, ces diplômes qui permettent de plonger dans un premier temps accompagné, puis, progressivement de manière autonome. « En une dizaine de mois, j’ai passé trois niveaux, me permettant ainsi de plonger seule. »

Avec ces diplômes, Brigitte a appris les différentes consignes de sécurité à respecter lorsqu’elle s’adonne à sa passion. « Il vaut mieux toujours plonger avec quelqu’un, pour parer un danger, un problème de matériel ou encore une panne d’air », précise-t-elle. Et d’avouer : « Il m’est déjà arrivée de plonger seule. Je faisais de la plongée sans palier, limitée en temps et en profondeur. Mais ma robinetterie s’est coincée dans un filet dissimulé dans la faune. Lorsque l’on passe les niveaux, on nous apprend à décapeler, c’est-à-dire à retirer sa bouteille de plongée et le gilet de stabilisation sur lequel elle est fixée. Mais j’ai préféré récupérer mon couteau à ma cheville et découper le filet qui dépassait. Je suis remontée avec le reste du filet accroché à ma robinetterie. Je n’ai pas paniqué, j’ai su gérer la situation. Mais mon ami qui m’attendait sur le bateau n’était pas dans le même état ! »

De la plongée loisir à la plongée technique

Après avoir exercé pendant quelques années la plongée loisir, celle que tout le monde peut pratiquer, Brigitte a décidé de se former à la plongée technique, en rencontrant un plongeur – devenu par la suite son conjoint – qui utilise le recycleur. Il s’agit d’un appareil de plongée utilisé à la place des bouteilles à air ou nitrox. L’usage de cette machine très lourde nécessite un certain nombre de diplômes. L’avantage de cet appareil est de permettre aux plongeurs d’avoir une machine dans laquelle ils respirent en circuit fermé avec un système de chaux qui capte le CO2, et des bouteilles d’oxygène, d’air ou d’hélium qui leur permettent d’avoir un mélange optimum de gaz respiré qui change à chaque profondeur par un moyen électronique.

« Cette machine assure une meilleure décompression, une plongée plus longue de trois à quatre heures, moins de fatigue et un confort respiratoire très appréciable avec de l’air chaud qui passe par nos poumons », souligne-t-elle. De plus, « avec le recycleur, on ne fait pas de bulle, donc c’est l’idéal pour prendre des photos, d’autant qu’on ne fait pas peur aux poissons ». Brigitte pratique la photo sous-marine depuis plusieurs années. Elle a découvert la photo avec la plongée loisir. « Maintenant, j’ai des gros appareils reflex numériques. » Ce sont des amis photographes qui lui ont donné des conseils. « Je fais des photos personnelles, mais aussi des photos pour une revue de plongée qui les publient avec mes textes. »

Brigitte fait également de la spéléologie. « Il s’agit de l’une des formations les plus difficiles, car la spéléologie requiert une très grande maîtrise de soi et une exécution des consignes de sécurité à la lettre. C’est le plus haut niveau de la plongée technique. » Car « il faut savoir gérer son stress. Lorsque l’on plonge en spéléologie, le plafond de la grotte est au-dessus de nous et on ne peut pas remonter à la surface. Personnellement, cela m’apporte un réel bien-être. Dans une grotte, je suis plus rassurée que perturbée. » Un bien-être intérieur et un plaisir pour les yeux : « Visuellement, c’est magnifique, aucune plongée n’est identique. »

Pour profiter pleinement de ses diplômes, la plongeuse a passé son permis côtier puis son permis hauturier qui lui permet de naviguer sans aucune limite de miles. Elle s’est également acheté un bateau. « J’en suis à mon quatrième aujourd’hui. C’est plus pratique que d’en louer un car, en étant propriétaire, je suis davantage autonome. Je peux partir quand je veux, d’autant que je pratique également la pêche. »

Partager avec sa famille et ses patients

Brigitte consacre une grande partie de son temps libre à sa passion. Elle a effectué de nombreux voyages en France, dans le bassin méditerranéen, en Corse, mais aussi à l’étranger, en Floride, au Mexique, en République dominicaine, en Mer rouge, pour pratiquer la plongée et continuer de s’y former. Elle a déjà pensé à arrêter son métier d’infirmière pour se concentrer uniquement à sa passion. Brigitte a d’ailleurs passé un diplôme lui donnant la possibilité d’enseigner dans le cadre de balades aquatiques. Mais, à la différence de l’étranger et notamment des États-Unis, en France, « cette pratique n’est pas assez bien payée et c’est difficile d’en vivre », regrette-t-elle.

Tout en étant soutenue par ses proches dans l’exercice de la plongée, Brigitte a néanmoins décidé de réduire sa pratique pour pouvoir passer plus de temps avec sa famille. Elle a maintenant deux enfants : une fille de 20 ans, qui n’est pas intéressée par la plongée, et un garçon de 10 ans qui, à l’inverse de sa sœur, est très attiré par cette discipline. « Il a envie d’essayer, mais il a des problèmes au niveau de l’oreille interne. Je préfère attendre que la croissance de ses oreilles soit à maturité avant qu’il s’investisse dans cette pratique. » L’infirmière partage également sa passion avec certains de ses patients à qui elle raconte ses escapades. « Beaucoup sont admiratifs, notamment parce que je plonge à 90 mètres et que je suis l’une des rares femmes en France à plonger en recycleur en plongée souterraine et en plongée profonde. »