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HPST > Le CNPS s’insurge contre un projet de décret fixant les modalités de contrôle de l’insuffisance professionnelle élaboré “en catimini”.
« Aujourd’hui, il existe déjà tout un arsenal de procédures pour mettre sur la touche un professionnel de santé qui manquerait à ses devoirs. Alors, quel besoin pour le gouvernement de nous en imposer d’autres, en catimini ? » Le président du Centre national des professions de santé (CNPS), Michel Chassang, s’insurge contre un projet de décret visant à confier aux Ordres de sept professions
Si l’intersyndicale mesure la nécessité de garantir la qualité des soins, notamment dans le cadre d’une obligation de moyens via le développement professionnel continu (DPC), son président s’oppose à la publication d’un texte non discuté qui instaurerait ce qu’il qualifie de « tribunal d’exception » pour les libéraux. « Même sans le dire, ce texte vise les libéraux qui, sans autorisation d’exercer, même temporairement, perdent tout. C’est un pouvoir exorbitant qui est donné à l’Ordre. Je ne dis pas que les Ordres feront forcément n’importe quoi. Mais qu’on en parle avant, au moins ! »
Le CNPS estime que le projet de décret tel qu’il est rédigé ajoute la notion de compétence aux « conditions nécessaires de moralité et d’indépendance » déjà examinées normalement par les Ordres lors de l’inscription d’un professionnel au tableau. Le conseil départemental concerné serait alors en mesure d’ordonner une expertise (lire ci-contre) « en cas de doute sérieux sur la compétence professionnelle du demandeur », au terme de laquelle il pourrait refuser l’inscription au tableau si elle met en évidence « une insuffisance professionnelle rendant dangereux l’exercice de la profession », sans davantage de précision. Ce projet de décret entraînerait la « suspension temporaire », totale ou partielle, du droit d’exercer. Avant de pouvoir reprendre son activité, le professionnel devra justifier auprès de l’Ordre d’un complément de formation correspondant à l’insuffisance reprochée.
* Les professions concernées : médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens d’officine, sages-femmes, infirmiers, kinésithérapeutes et pédicures-podologues.
« Pour les infirmiers, le rapport [d’expertise] est établi par trois infirmiers qualifiés, le cas échéant, dans la même spécialité que celle de l’infirmier concerné, désignés comme experts, l’un par l’intéressé, le deuxième par le conseil départemental et le troisième par les deux premiers experts. Ce dernier est choisi parmi les infirmiers enseignants de la même spécialité que l’infirmier concerné. »
Article 7 du Projet de décret relatif aux procédures de contrôle de l’insuffisance professionnelle, présenté en juin 2010 à la section sociale du Conseil d’État. En ligne sur http://bit.ly/yHKrik.