Cahier de formation
Savoir faire
Au même titre que les médicaments, les règles hygiéno-diététiques et la surveillance du pied diabétique permettent de prévenir les complications liées au diabète. Sans se transformer en diététicienne, éducateur sportif ou podologue, l’infirmière peut être un relais efficace vers des structures spécialisées.
Le médecin a parlé à monsieur G., 70 ans, diabétique de type 2, de l’intérêt d’une activité physique pour améliorer l’équilibre de sa glycémie.
Il vous dit qu’il n’a plus l’habitude de faire du sport depuis très longtemps et qu’il n’est pas rassuré à l’idée de faire de nouveaux efforts. C’est l’occasion pour vous de lui rappeler l’importance de l’activité physique dans la prise en charge du diabète et dans la prévention des graves complications liées à cette maladie. Après avoir donné quelques conseils, vous pouvez lui signaler l’existence de structures de proximité qui peuvent l’aider à adopter de nouvelles habitudes.
Pour le diabète de type 2 (DT2), certains spécialistes accordent autant d’importance à l’activité physique qu’au traitement médicamenteux. Elle est définie par l’OMS comme tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques, entraînant une dépense d’énergie supérieure à celle du repos. Elle vise à pallier l’abandon progressif dans la société actuelle de la dépense physique dans les activités professionnelles et dans les déplacements de la vie courante.
C’est au niveau du tissu musculaire que sont consommés et stockés environ 70 % des glucides ingérés. Le transport du glucose dans le muscle squelettique est stimulé par l’insuline et l’exercice physique. Si la stimulation par l’insuline est diminuée dans le DT2, celle induite par l’exercice physique reste normale. En fait, l’exercice physique combine une consommation directe de sucre et une consommation indirecte due à la sensibilité accrue des cellules à l’insuline.
Pratiquée régulièrement, elle entraînerait une baisse de la glycémie moyenne jusqu’à 40 % et permettrait ainsi de diminuer de moitié la prise de médicament.
Au cours de l’exercice, la captation musculaire de glucose et la synthèse du glycogène stocké sont augmentées, malgré une insulinémie généralement basse dans le diabète. Après une séance d’exercice, la sensibilité musculaire à l’insuline reste augmentée pendant plusieurs heures. Le transport intramusculaire du glucose persiste pendant 12 à 24 heures après une activité suffisamment intense.
L’activité physique doit être encouragée pour ses effets bénéfiques sur la santé en général. Elle permet de développer les muscles et de diminuer la prise de graisse abdominale, d’augmenter le bon cholestérol (HDL) et de faire baisser la pression artérielle. Elle renforce aussi l’estime de soi. « Le patient, qui peut appréhender l’activité physique au début, découvre rapidement de nouvelles sensations qui rendent ces efforts agréables », constate Arnaud Boudenot, éducateur en activité physique adaptée auprès du réseau Diabolo (“Diabète Orléans Loiret”). « La mesure de la rigidité artérielle ou de la capacité respiratoire montrerait les bienfaits majeurs de l’activité physique aux patients déçus de ne pas voir de résultats immédiats sur la glycémie », confie le Pr Jean-Jacques Altman, chef du service de diabétologie de l’hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP).
« L’activité physique recommandée dans la prise en charge du diabète ne consiste pas à faire un marathon, explique Arnaud Boudenot. Elle commence par bouger un peu plus, sortir de chez soi ou faire l’entretien de son domicile. » À l’inverse, « le footing ou le foot avec les enfants ou petits-enfants, d’intensité trop élevée, sont à éviter », précise l’éducateur sportif. Pour les plus jeunes, les sports extrêmes (parapente, sports mécaniques, etc.) sont souvent déconseillés aux diabétiques, car le risque d’hypoglycémie pourrait s’avérer dangereux dans certaines situations.
Lorsque l’activité est adaptée aux capacités du patient dans une perspective de progression, les risques sont limités. Toutefois, le patient qui part pour une marche ou une balade à vélo doit se munir d’un “resucrage” d’urgence (3 sucres), de son lecteur de glycémie pour vérifier une éventuelle hypoglycémie, d’une bouteille d’eau pour s’hydrater sans attendre d’avoir soif (environ un demi-litre par heure), et d’aliments un peu sucrés (pain, fruits frais ou secs) pour une longue randonnée ou un effort prolongé. « La personne diabétique doit si possible être accompagnée », ajoute Arnaud Boudenot, pour intervenir en cas d’hypoglycémie. Une glycémie inférieure à 1,30 g/l avant une activité physique nécessite de prendre une collation.
Les activités physiques proposées sont la pluparr du temps modérées. Cependant, des circonstances rares peuvent transitoirement les déconseiller. Un bilan plus complet est à réaliser avant de recommander une pratique sportive, sachant que les efforts brefs et intenses sont généralement déconseillés aux personnes DT2 après 40 ans (voir encadré ci-dessous).
L’activité physique nécessite le respect de soins d’hygiène rigoureux (voir plus loin).
Pour la marche, le choix de chaussures confortables et de chaussettes suffisamment épaisses en coton doit être rappelé.
« L’échauffement articulaire en tournant poignets, chevilles et coudes permet de rentrer dans l’activité physique et de limiter les risques d’entorses ou de foulures. Il est aussi conseillé de commencer par marcher doucement pendant cinq minutes pour mettre en route le système cardiovasculaire », explique l’éducateur. Après l’exercice, les étirements évitent les courbatures.
Il se fait en collaboration avec le patient pour que « l’exercice soit le plus possible ressenti comme un plaisir de façon à l’intégrer dans son quotidien », conseille Arnaud Boudenot. Parmi les activités les plus accessibles :
→ la marche et le vélo. La marche nordique avec les bâtons fait fonctionner aussi les bras et sollicite plus de muscles. Elle augmente l’intensité de l’activité physique sans pour autant marcher rapidement ;
→ l’entretien du domicile ;
→ remplacer la voiture par la marche ou le vélo dans les déplacements.
D’une manière générale, il faut inciter le patient à utiliser son corps au quotidien.
→ Un podomètre permet de compter les pas et de se fixer facilement des objectifs. « Marcher 10 000 pas par jour, c’est très bien, alors que quelqu’un de sédentaire est généralement autour de 3 000 pas par jour », précise l’éducateur sportif.
→ Un cardiofréquencemètre mesure les pulsations cardiaques. Des battements par minute supérieurs de 20 ou 30 par rapport à la fréquence au repos signent une activité physique qui commence à utiliser de l’énergie.
→ La durée de l’activité est un critère. « En dessous de 20 minutes, c’est difficile de parler d’activité physique. » L’objectif est fixé entre 20 et 45 minutes pour permettre de brûler le sucre et d’obtenir une adaptation physiologique à cette consommation de glucose. À pratiquer tous les 2 jours ou 3 fois par semaine. Classiquement, une durée de 30 minutes de marche par jour, à un bon rythme, entraîne une diminution du risque vasculaire de 30 %.
→ L’essoufflement marque une limite. « Pour ne pas aller au-delà du début d’essoufflement, il faut être capable de parler pendant l’activité. Si on n’arrive plus à parler, il faut ralentir », avertit Arnaud Boudenot.
Cette absorption provoque une reconstitution plus rapide des concentrations de glycogène musculaire et accélère le retour à une insulino-sensibilité proche des valeurs avant l’exercice. Tandis qu’une restriction en glucides ralentit le retour à la faible sensibilité musculaire à l’insuline constatée avant l’exercice.
Pratiquée en fin de matinée, l’activité physique a un effet anorexigène et contribue à limiter les apports caloriques. Après une activité prolongée, le foie et les muscles ont puisé dans les réserves de glycogène. Le repas suivant doit contenir assez de glucides pour les reconstituer. Une réhydratation suffisante est maintenue après l’effort.
Pratiqué après le repas, l’exercice permet d’équilibrer facilement sa glycémie en consommant le sucre absorbé. Les féculents apportent des sucres qui sont plus longtemps disponibles.
Le soutien social est très important pour se motiver. « Si on arrive à créer un petit groupe de marche, les gens un peu isolés y trouvent un plaisir supplémentaire. L’occasion de se retrouver masque un peu l’aspect rébarbatif de l’exercice », constate Arnaud Boudenot dans son activité au sein du réseau. Impliquer le conjoint, même s’il n’est pas diabétique, est aussi une source de motivation. « C’est parfois le conjoint qui est plus motivé et va entraîner le malade », ajoute le spécialiste.
Chez le diabétique âgé, l’activité physique doit également tenir compte de l’état clinique et du risque de chute. La marche régulière doit être encouragée, ainsi qu’un entraînement en endurance et en résistance lorsque cela est possible. Un rythme de trois séances par semaines est idéal si l’exploration cardiovasculaire l’autorise. Enfin, la kinésithérapie permet, chez les sujets fragiles, de maintenir leur masse musculaire.
→ L’hypertension artérielle contre-indique les activités intenses. Par contre, une activité modérée, régulière et prolongée, améliore les chiffres de la pression artérielle.
→ ECG systématique. ECG d’effort à la recherche d’une ischémie myocardique silencieuse chez les plus de 50 ans, si tabagisme ou facteurs de risques associés au diabète.
→ Examen du fond d’œil systématique afin de dépister une rétinopathie proliférante, contre-indication temporaire aux activités physiques intensives qui pourraient déclencher une hémorragie rétinienne.