Le débat
Tous les acteurs de la santé n’ont pas nécessairement accès aux données issues des systèmes d’information du secteur. Les complémentaires, qui militent pour cet accès, sont accusées de vouloir, grâce à ces données, trier leurs assurés.
Quand on parle de données de santé, de quoi parle-t-on ?
L’IDS intervient principalement dans l’utilisation des données de santé qui proviennent des systèmes d’information des organismes de protection sociale. Ces données ont aussi vocation à être mises en commun avec d’autres. Ainsi, les données d’une enquête réalisée auprès de personnes sur leur position sociale, qui constitue un déterminant de la santé, permettent de compléter l’information disponible. Les données mises à disposition par l’IDS respectent évidemment l’anonymat des personnes.
À qui l’IDS met-il à disposition ses données ?
Les données sont mises à disposition des treize membres de l’IDS et des adhérents directs, par exemple les syndicats membres de l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS), et aussi des organismes d’études et de recherches, comme l’Inserm
Pourquoi l’accès aux données de santé représente-t-il un enjeu important ?
Les acteurs de la santé demandent une connaissance partagée permettant une décision plus éclairée. L’IDS y contribue en favorisant l’utilisation des données. Un large accès aux données est indispensable pour une bonne compréhension des enjeux relatifs au système de protection sociale, de telle sorte que tous les acteurs puissent être en mesure de partager un diagnostic. L’actualité récente a encore montré combien c’est nécessaire.
Qu’est que le projet dit « Monaco »?
C’est un projet mené en collaboration avec l’Irdes
Santeclair a-t-il accès à des données de santé ?
Sur le dentaire et l’optique, nous avons des données, mais pour tout ce qui transite par l’Assurance maladie, nous n’avons aucune visibilité. Santeclair propose notamment aux clients qui doivent subir une opération de saisir leur devis en ligne pour le comparer aux tarifs pratiqués par d’autres professionnels de santé de leur région. Pour ce service, nous avons besoin de données, que l’Atih
En quoi l’accès aux données de santé représente-t-il un enjeu si important ?
C’est le cœur de notre métier. Nous disposons de groupes d’experts, de statisticiens, de médecins qui travaillent sur les données brutes pour les rendre digestes aux clients. Les gens ont besoin de se repérer sur les prix, sur la qualité. Il y a une forme d’omerta des pouvoirs publics sur ce sujet. Je crois que les données statistiques devraient être accessibles à tous : statisticiens, associations de consommateurs, presse, etc. Mais elles sont confisquées à la population. Cela n’aide pas la transparence.
On fait un procès d’intention aux complémentaires santé sur le sujet.
Oui, les méchants sont ceux qui ont un actionnaire privé à leur capital. Je comprends et partage en partie l’inquiétude s’agissant d’un accès à des données nominatives, mais pas sur des données statistiques. On prétend que des complémentaires qui auraient accès à des données nominatives pourraient faire de la sélection. Mais elles ont déjà certaines données qui pourraient les pousser à cela et elles ne le font pas. Aujourd’hui, quand quelqu’un a un cancer, l’assureur le sait. Une personne hospitalisée à l’institut Gustave-Roussy, on sait pourquoi elle y va. De même, les assureurs savent lesquels de leurs clients sont en affections de longue durée (ALD), puisqu’ils sont pris en charge à 100 %. C’est un fantasme de croire que les complémentaires veulent trier les malades. J’ajoute que la loi Évin
(1) Inserm : Institut national de la santé et de la recherche médicale.
(2) Irdes : Institut de recherche et documentation en économies de la santé.
(3) Ses quatre actionnaires sont Allianz, MAAF-MMA, Ipeca et MGP.
(4) Atih : Agence technique de l’information sur l’hospitalisation.
(5) Loi du 31 décembre 1989 renforçant les garanties offertes aux personnes assurées contre certains risques.