Une procédure
LE POINT SUR
La transfusion à domicile est pratiquée dans le cadre de l’hospitalisation à domicile. Elle peut offrir un meilleur confort de soin pour des patients ciblés, dans un contexte de transfusions répétées. Elle doit faire l’objet d’une procédure spécifique appliquant les règles de la sécurité transfusionnelle.
Le rôle de chaque intervenant doit être clairement défini et cet acte résulte d’une étude de faisabilité. Néanmoins, dans ce contexte spécifique, la réglementation devrait être plus précise. La cotation est prise en charge dans le cadre de l’hospitalisation à domicile (HAD).
Les prduits sanguins labiles (PSL) sont de trois sortes : concentré de globules rouges (CGR), concentré plaquettaire (CP) et plasma frais congelé (PFC), à usage thérapeutique. Les produits transfusés à domicile sont préférentiellement les CGR, car les CP comportent des risques allergiques plus importants.
Cette information, qui relève de la responsabilité médicale, doit être écrite et orale. Elle porte sur la nature du produit et sur les risques, théoriques et avérés, qu’il encourt.
Une ordonnance signée par un médecin est obligatoire pour commander les PSL. Le médecin prescripteur doit pouvoir intervenir pendant toute la durée de l’acte. Il convient de s’assurer auparavant qu’il est joignable à tout moment lors de la transfusion.
L’Idel ou un coursier formé vient retirer les produits à l’Établissement français du sang (EFS) ou au poste de délivrance. Les produits sont transportés dans un conteneur qualifié et scellé. Le plus souvent, un enregistreur continu de température permet de tracer la conservation des produits transportés.
À réception des produits, l’Idel contrôle le délai de transport, l’intégrité du conteneur et des poches, la température des produits sanguins à l’arrivée, leur aspect général ainsi que la date de péremption. Elle valide ce contrôle, par exemple avec le bordereau de délivrance.
La transfusion d’un PSL doit débuter dans les six heures suivant sa réception. Le produit demeure dans le conteneur en attendant qu’il soit transfusé.
→ L’Idel fait décliner son identité au patient et vérifie sa concordance avec l’identité figurant sur l’ensemble des documents nécessaires à la transfusion (résultats d’examen immuno-hématologiques, ordonnance, bordereau de délivrance).
→ Elle vérifie que le numéro de lot du produit délivré concorde avec celui porté sur le bordereau de délivrance. Elle vérifie que le groupe ABO, Rh1 figurant sur les documents concorde avec celui figurant sur l’étiquette du produit.
→ Elle contrôle les spécificités demandées pour le produit (comme un produit irradié).
→ L’Idel effectue le contrôle ultime de compatibilité à l’aide de la carte de contrôle et vérifie ainsi le groupe ABO du patient et du CGR et leur compatibilité.
L’Idel reste au domicile du patient pendant toute la durée de l’acte.Une prise initiale de constantes est réalisée. On pose une voie veineuse périphérique au patient d’un calibre minimum de 18 G. Il est obligatoire d’utiliser un perfuseur, avec un filtre Hemoset, pour chaque poche. Le débit de la transfusion est réglé en fonction de la prescription médicale et de l’état clinique du patient.
Un concentré globulaire passe en moyenne entre une heure et une heure et demie.
→ Il s’agit de contrôler les paramètres vitaux : pouls, pression artérielle, fréquence respiratoire, diurèse et température de façon régulière et continue. L’apparition de signes cutanés, érythème, urticaire, ou pétéchies doit être également surveillée. Toute expression de sensation anormale de la part du patient (douleur, chaleur, angoisse ou malaise) doit alerter. Toute modification significative des paramètres vitaux doit entraîner l’arrêt de la transfusion et l’appel du médecin.
→ Une trousse d’urgence est à disposition de l’Idel : elle pourra utiliser les médicaments sur prescription médicale ou en se référant à un protocole validé. Elle dispose également des tubes nécessaires à la réalisation de bilan sanguin en cas d’incident transfusionnel.
→ L’abord veineux doit également être surveillé : dépistage de réactions allergiques ou de diffusion sanguine sous-cutanée.
→ L’infirmière reste au domicile du patient trente minutes après la transfusion.
Un document d’information et de surveillance post-transfusionnelle est remis au patient et à son entourage sur lequel figurent les coordonnées du service HAD joignable 24 heures sur 24. Il est conseillé que l’Idel reste joignable pendant les deux heures suivant la transfusion.
Le conteneur et la fiche de délivrance doivent être rapportés au poste de délivrance au plus tard le lendemain de la transfusion.
On garde pendant deux heures les cartes de contrôle et les poches avec le dispositif de perfusion clampé. Les poches de sang vides seront éliminées dans un sac jaune et acheminées à l’hôpital avec les déchets d’activités de soins, conformément à la procédure mise en place.
En cas d’accident transfusionnel, la carte sera envoyée en hémovigilance. Si un incident transfusionnel par contamination bactérienne est suspecté, la poche et le dispositif de perfusion seront transmis au laboratoire au service de bactériologie.
Réalisé avec l’aide de Patrice Eymere, cadre de santé IADE au service d’accueil des urgences du CHU de Clermont– Ferrand et de Marie– Françoise Raynal, IDE en hémovigilance au centre hospitalier de Vichy
→ Retrouvez toutes les informations en ligne sur le site Internet de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (www.afssaps.fr), dans la rubrique “hémovigilance”.
Pour obtenir un produit sanguin labile, on doit disposer du résultat de deux déterminations de groupe ABO-Rh1 valides ne comportant ni barrures, ni mentions, ni étiquettes. Ces déterminations de groupe ABO-Rh1 sont issues de deux prélèvements différents, réalisés si possible par deux personnes différentes, à deux moments distincts. L’étiquette renseignant sur l’identité du patient doit être apposée immédiatement après le prélèvement sur le tube par la personne qui a prélevé, et vérifiée en présence du patient.
Il est obligatoire d’effectuer une recherche d’agglutinines irrégulières (RAI). Il s’agit d’anticorps qui résultent d’une stimulation par antigènes. Leur apparition dépend également du nombre de transfusions : un patient polytransfusé aura beaucoup plus de probabilités d’en développer. Si cette recherche est positive, il faut ensuite identifier l’anticorps en cause et “comptabiliser” les produits à transfuser. Ce test peut prendre jusqu’à deux heures.
Cette recherche d’agglutinines irrégulières est valide pendant 72 heures.
Sa validité peut être étendue à 21 jours en l’absence d’antécédents immunologiques (transfusions, grossesse) dans les six derniers mois.