L'infirmière Libérale Magazine n° 281 du 01/05/2012

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

PRÉVENTION→ L’Anses, Agence nationale de sécurité sanitaire, fait le point sur les risques liés à la pollution de l’air intérieur et les mesures de prévention lancées depuis quelques années en France.

Reprenant l’étude faite en 2006 par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (Oqai) – auquel l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) participe depuis sa création – Valérie Pernelet-Joly, responsable de l’unité d’évaluation des risques liés à l’air de l’Anses, résume : « 10 % des logements français peuvent être qualifiés de multipollués et 15 % sont pollués. 50 % ont des teneurs en allergènes dépassant le seuil de sensibilisation. »

Des coupables silencieux

Des chiffres propres à inquiéter, surtout lorsque l’on sait que la majorité des composés polluants sont quasiment indétectables au commun des mortels. « À l’intérieur, où nous passons de 70 à 90 % de notre temps, nous sommes soumis à de nombreuses sources de pollutions qui peuvent avoir un impact sur notre santé en fonction de la durée d’exposition, du bâti, des matériaux de construction ou d’aménagement utilisés, de l’environnement naturel, des équipements et du comportement des occupants des lieux », ajoute cette ingénieure.

Il y a bien sûr le monoxyde de carbone, lié chaque année à quelque 5 000 intoxications et une centaine de décès. Ce gaz asphyxiant, inodore et invisible est généré par une mauvaise combustion, quel que soit le combustible utilisé. « Or plus des trois quarts des foyers français sont équipés d’au moins un appareil à combustion (chaudières, groupe électrogène, poêle à pétrole, etc.), mais seul un sur dix a conscience du risque », précise Valérie Pernelet-Joly. L’intoxication, qui cause au préalable maux de tête, nausées et vomissements, est mortelle en moins d’une heure. D’où l’obligation d’un entretien annuel et de contrôles périodiques des chaudières à respecter scrupuleusement. Le radon est également sous surveillance depuis plusieurs années. Ce gaz radioactif naturel est un cancérogène pulmonaire (il serait responsable de 5 à 12 % des cancers du poumon chaque année en France) et on le soupçonne désormais de provoquer également des leucémies. Il est présent dans la croûte terrestre, mais est susceptible de s’accumuler dans les espaces tels que sous-sols, vides sanitaires, etc. La mesure de ce gaz a été rendue obligatoire dans les établissements publics et sanitaires et sociaux en 2004. La loi HPST prévoyait également l’extension de cette surveillance à certains immeubles particuliers. Le décret est toujours en attente.

Nouvelle étiquette

Enfin, Valérie Pernelet-Joly a présenté la nouvelle étiquette “Émissions dans l’air intérieur” qui doit être apposée sur les nouveaux produits de construction et de décoration (revêtements muraux et de sols, peintures, colles, vernis…) depuis janvier 2012, et sur l’ensemble de ces produits à compter de septembre 2013. Rendue obligatoire par la loi Grenelle du 3 août 2009, elle informe sur le degré d’émissivité d’un matériau, via une note allant de C à A+. Cette étiquette cible onze substances, parmi lesquelles : le formaldéhyde (responsable d’irritations oculaires et nasales, de pathologies respiratoires et reconnu comme cancérogène), le tétrachloroéthylène (cancérogène probable), les benzènes (tous reconnus cancérogènes), le 2-butoxyéthanol (risque d’anémie hémolytique), etc.

Pour l’avenir, l’Anses travaille également à l’élaboration de valeurs guides concernant en priorité le formaldéhyde, le benzène, le naphtalène (responsable de lésions des voies respiratoires supérieures), le trichloréthylène (neurotoxique, cancérogène de type 2), le tétrachloroéthylène et le monoxyde de carbone afin de fixer des objectifs d’amélioration de la qualité de l’air intérieur à atteindre sur le long terme.