L'infirmière Libérale Magazine n° 281 du 01/05/2012

 

Éditorial

La crise est partout. Elle est économique, environnementale, spirituelle, financière, sociale et sociétale. Ces dernières semaines, les meilleurs analystes du temps qu’il fait se sont même persuadés qu’elle gangrenait la météo. Le logement, c’est déjà fait depuis longtemps. Et puis on se dit, entre nous, pour se remonter le moral : tant qu’il y a la santé… Mais la santé, comment se porte-t-elle ? Chez nos proches voisins espagnols, elle est frappée par un sévère plan d’économies de 7 milliards d’euros. Parmi une dizaine d’autres mesures, le reste à charge sur le prix des médicaments va grimper en fonction du revenu du patient, atteignant, pour certains, les 60 %. En résumé : ceux qui peuvent payer payeront plus. La solidarité avec un S grand comme jamais ? On aimerait y croire, sauf que, dans un même élan de générosité, les immigrés illégaux seront exclus de la prise en charge médicale générale. Et oui, comme ils sont déjà sans papiers, sans travail et sans logement, harmonisons le tout… Le pays se contentera alors d’offrir aux « touristes de santé (…) uniquement les services que les Espagnols peuvent recevoir dans ces pays ». Ce sera désormais œil pour œil, dent pour dent. La crise n’est pas technologique, cependant, puisqu’il faudra bien créer une nouvelle carte électronique individuelle de santé intégrant la situation fiscale de chaque patient. La crise devient en revanche franchement existentielle. Et pas qu’en Espagne. De quelle société voulons-nous, quelles sont nos priorités, où allons-nous ? Le nouveau gouvernement français qui sortira des urnes le 6 mai devra s’engager sur l’éducation, la santé. Il y aura peut-être moyen de respirer : la crise cardiaque n’est pas une fatalité.