Échappées
Un vieil homme bougon et solitaire (veuf, sans enfants ni animaux) se réveille dans un lit d’hôpital. Sauvé des eaux, lui explique-t-on : suicide, homicide ou accident, personne ne sait, et surtout pas lui qui a tout oublié… ou presque. Mais, contre toute attente, Pierrot, le râleur-né, va s’adapter à cet environnement fait de portes ouvertes et de médecins “pète-sec”. Et nouer des liens d’amitié impossibles dans sa “vraie vie”. Finalement, l’hôpital se révèle être un lieu très fréquentable.
Bon rétablissement, Marie-Sabine Roger. Éd. du Rouergue, 2012. 204 pages. 18,50 euros.
Avant de s’installer aux États-Unis, ils vivaient en Géorgie ou en Russie. Ils avaient des amis, ils étaient quelqu’un. Infirmière là-bas, dame de compagnie ici. La réalité de l’exil s’avère douce-amère pour ces femmes que Sana Krasikov dépeint dans huit nouvelles empreintes d’une vibrante humanité. En quête d’une vie meilleure, ces exilées n’ont parfois plus de place nulle part, errant entre deux cultures et deux identités.
L’An prochain à Tbilissi, Sana Krasikov. Éd. Albin Michel, 2011. 273 pages, 22 euros.
Un collège, un flingue abandonné sous une haie. Et l’ado qui le récupère se sent « au centre du monde ». De quoi le consoler de cette rouste mise par une fille (la honte !) et de toutes les petites humiliations du quotidien. Mais ce flingue va changer de mains. Parce qu’on est parfois trop bête pour défendre ce qui compte vraiment. Un texte prenant, porté par une série de photos qui le lui rendent bien.
En plein dans la nuit, H. Gaudy, Bertrand Desprez. Éd. Thierry Magnier, 2012. 107 pages.9 euros.
Un étonnant livre choral signé par 57 écrivains et artistes du monde entier, très inspirés par – employons le mot – l’utérus. Cela fera plaisir à Ève Ensler, l’auteur des Monologues du vagin, qui préface l’ouvrage. Poétique, drôle, incisif, émouvant… Tous les bénéfices de la vente de ce livre sont destinés à l’Association Maia, qui accompagne depuis dix ans les couples infertiles dans leur désir d’enfants. Ce qui ne gâche rien.
Dans le ventre des femmes, Maïa Brami (dir). BSC Publishing, 2012. 222 pages. 19,90 euros.
C’est réaliste, c’est captivant. Ce roman graphique est une réussite sur toute la ligne. Le scénario d’Arnaud Gautelier (auteur du récit J’te plaque, ma sclérose) est plus que sublimé par la mise en image de Renaud Pennelle. Le héros est un trentenaire ambitieux qui se retrouve esclave de crises de fourmillements. On découvre avec lui la douleur qui le réveille et le transforme, le regard des autres et les difficiles relations avec des soignants pas bien doués, il faut l’avouer. Un départ hors de la capitale avec sa femme et sa fille lui donnera un nouveau souffle. La sclérose en plaques, ils vont la dompter ensemble.
Des fourmis dans les jambes. Arnaud Gautelier et Renaud Pennelle (ill.). Emmanuel Proust éditions, 2012. 18 euros.