L'infirmière Libérale Magazine n° 281 du 01/05/2012

 

CANCER DE LA PROSTATE

Actualité

Plus des trois quarts des hommes de plus de 75 ans ont réalisé au moins un dosage de PSA (prostate-specific antigen) entre 2008 et 2010. C’est ce que montre une étude rendue publique par l’Assurance maladie début avril, venant appuyer un rapport d’orientation de la Haute Autorité de santé (HAS) selon lequel le dépistage du cancer de la prostate, « même chez les hommes avec des facteurs de risque », n’a pas démontré d’intérêt à ce jour.

→ 3e cause de décès chez les hommes

Le cancer de la prostate, avec pas moins de 71 200 nouveaux cas détectés en 2010, est le premier cancer chez l’homme, devant le cancer du poumon (27 500 cas) et les cancers colorectaux (21 500 cas). Ce n’est en revanche que la troisième cause de décès par tumeur chez l’homme en France (8 700 décès par an), derrière le cancer du poumon (21 000 décès par an) et le cancer colorectal (9 200 décès par an). On estime par ailleurs que 70 % des hommes de 80 ans et plus ont un cancer de la prostate.

Chez cette population, donc, « si on cherche un cancer, on le trouve », ironise Hubert Allemand, médecin-conseil national à l’Assurance maladie, qui appelle la communauté médicale à cesser de dépister ce cancer au-delà de 75 ans. « C’est le cancer dont le dépistage n’est pas recommandé de façon systématique le plus réalisé dans notre pays », ajoute-t-il, émettant l’hypothèse selon laquelle le dépistage est largement prescrit car il est très simple – dans 80 % des cas par le médecin traitant. « En médecine, il n’est pas nécessaire de faire tout ce que l’on sait faire, il faut être pertinent », martèle le Pr Allemand.

→ 60 000 hommes traités à tort

D’autant qu’en l’espèce, on estime à 70 % le nombre de faux positifs dans les dosages de PSA : on induit donc des examens complémentaires qui ne sont pas sans risques, à l’instar des biopsies, pour des hommes chez qui le cancer ne se serait pas développé. L’Assurance maladie estime ainsi à 62 500 le nombre de traitements (par chirurgie, chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie…) de ce cancer potentiellement inutiles chaque année. Et de conclure : « Faut-il le dépister ? À qui proposer le dosage de PSA ? Chez qui ne faut-il pas dépister ? » Des questions à poser au médiatique Dr Michel Cymès * qui, début 2011, lançait une campagne d’affichage appelant la gent masculine à se faire dépister.

* Animateur du Magazine de la santé sur France 5, entre autres.