L'infirmière Libérale Magazine n° 282 du 01/06/2012

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

DIABÈTE → Le Centre d’études et de recherches pour l’intensification du traitement du diabète (Ceritd) est à l’initiative d’un nouveau programme – Descendance – ayant pour objectif de mener une étude sur 500 familles diabétiques sur deux générations.

« Le programme proposé par le Ceritd est extrêmement important et a des conséquences cruciales sur la prévention, la prise en charge et le traitement du diabète », a lancé en guise d’introduction de la conférence de presse du 9 mai le Dr Philippe Froguel, diabétologue et généticien, président du conseil scientifique de la Société francophone du diabète.

Un ciblage précis

Le diabète de type 2 est en augmentation rapide en France. Il touche aujourd’hui plus de 2,5 millions de personnes et constitue une maladie avant tout familiale, puisque 60 % du risque de diabète est d’origine génétique. C’est pour prévenir cette maladie que le Ceritd a mis en place le programme Descendance (cf. affiche ci-contre), afin de comprendre quelles sont les personnes les plus à risque, via la mise au point d’outils de diagnostic génétique. « Compte tenu du mode de transmission familiale du diabète de type 2, l’attention doit être portée sur les sujets hautement prédisposés, qui sont à rechercher parmi les enfants de parents eux-mêmes atteints de diabète de type 2 », rapporte le Dr Guillaume Charpentier, président du Ceritd et chef du service de diabétologie au Centre hospitalier sud-francilien. Les éléments de prédiction reposent sur trois items mis en équation : les habitudes familiales en termes d’alimentation et d’activité physique, le fait que la mère ait fait ou non un diabète gestationnel au cours de sa grossesse et la connaissance des gènes à risque chez les deux parents. « Cette équation permettra de calculer le risque que l’enfant a de devenir diabétique dans trente ans », précise le Dr Charpentier.

Le programme Descendance doit recruter des personnes diabétiques de type 2, dont au moins un parent diabétique est encore en vie, et dont un frère ou une sœur de plus de 35 ans est non diabétique. L’étude a besoin de 500 familles(1) dotées de ce profil pour réaliser des comparaisons statistiques fiables entre les profils génétiques des deux enfants, l’un ayant le diabète et l’autre non. La génétique peut ainsi permettre de mieux identifier la cause d’une maladie et faire bénéficier les sujets à haut risque, encore minces et en bonne santé, de mesures préventives ciblées, comportementales et éventuellement médicamenteuses, dès le plus jeune âge.

Dizaine de partenaires

Ce programme auquel participe une dizaine de partenaires(2) est soutenu par le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) qui insiste sur le rôle des médecins de famille dans la prévention de cette maladie, et par l’Association française des diabétiques. « Notre volonté est d’aider la recherche sur les diabètes et de contribuer à l’évolution des connaissances », soutient son président Gérard Raymond. Le Ceritd(3) se donne deux ans pour trouver ces familles et obtenir des premiers résultats.

(1) Pour être volontaire, appeler le 0 800 300 341 (numéro vert).

(2) Institut Pasteur de Lille, Inserm, CNRS, Credoc et services de diabétologie et d’endocrinologie des CHU de Besançon, Bondy, Caen, Liège, Lille, Marseille, Sud-francilien, Nancy, Strasbourg, Toulouse, Grenoble.

(3) Plus d’informations sur www.ceritd.fr.

Les Français et le diabète

L’Association française des diabétiques a publié, à l’occasion de la première semaine nationale de prévention du diabète qui se déroulera du 4 au 10 juin, son baromètre sur ”Les Français et le diabète”. Cette étude révèle que l’hérédité est reconnue comme un facteur de risque de diabète par 39 % des Français, derrière l’hygiène de vie citée par 75 % des interrogés. Or une personne ayant un parent diabétique a 40 % de risque de développer un diabète, et 70 % de risque lorsque ses deux parents sont atteints par cette maladie. Par ailleurs, 45 % des Français non diabétiques pensent pouvoir être touchés par le diabète. Mais encore 700 000 Français sont des diabétiques qui s’ignorent. Par ailleurs, pour 29 % des Français, le diabète est un taux de sucre dans le sang et 10 % l’associent directement à un dysfonctionnement du pancréas. Mais encore 60 % d’entre eux ont une idée confuse de la maladie.