SANTÉ PUBLIQUE
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ACTION → Une enquête conduite par La Ligue contre le cancer, rendue publique début mai, met en évidence les difficultés financières que rencontrent de plus en plus de malades.
D’avril à décembre 2011, la ligue, via son Dispositif d’observation pour l’action sociale (Dopas), a recueilli les témoignages de quelque 1 700 malades, qui révèlent toute l’ampleur de cette “double peine”. Conséquence des arrêts de travail, voire d’une perte d’emploi, environ 60 % des personnes actives au moment du diagnostic affirment avoir subi une baisse de revenus au cours de leur maladie. Pour près de la moitié d’entre eux (44 %), il s’agit d’une diminution de plus d’un quart. « Mes ressources ont beaucoup baissé, raconte un malade cité par l’enquête. J’ai des difficultés à payer les soins, les factures importantes, et même le quotidien. » La “dégringolade” est encore plus sévère pour les artisans et les travailleurs indépendants, qui perdent parfois leur clientèle et accumulent les dettes.
Près de 10 % des malades interrogés, pourtant actifs avant la maladie, ne touchent aucune indemnité journalière de l’Assurance maladie car ils ne remplissent pas les conditions d’ouverture au régime d’indemnisation
Dépassements d’honoraires, soins de confort, médicaments non remboursés, forfait hospitalier – 18 euros pour les séjours de plus de 24 heures –, la prise en charge à 100 % de cette affection de longue durée est " trompeuse ", dénonce la Ligue contre le cancer. Et elle ne prend pas en compte toutes les dépenses annexes : gardes d’enfants, transports pour se rendre à l’hôpital, aide ménagère, psychologue, etc. Pour parvenir à tout financer, la grande majorité renonce aux loisirs, aux vacances, et réduisent leurs dépenses quotidiennes. Dans certains cas, « le recours aux soins peut être mis en cause », alerte l’enquête. « C’est une maladie qui dure deux, trois ans. Au bout d’un moment, ça coince », explique une assistante sociale qui exerce dans un service oncologie de l’AP-HP. « C’est très angoissant pour les malades. Il y a le loyer, les enfants, la vie qui continue. C’est un stress en plus. Et c’est encore plus difficile pour les personnes seules », détaille-t-elle. Gérant pas moins de 400 dossiers, elle avoue se sentir un peu démunie. « À part les aides ponctuelles accordées par la Ligue, je n’ai parfois pas grand-chose à leur proposer. »
* Au moins 200 heures de travail effectuées durant les trois derniers mois pour un arrêt inférieur à six mois, et 800 heures effectuées durant l’année précédente pour un arrêt supérieur à six mois.