L'infirmière Libérale Magazine n° 282 du 01/06/2012

 

CHARENTE-MARITIME (17)

Initiatives

La côte Atlantique, Royan, la Rochelle, Les Sables d’Olonne… Les paysages côtiers font partie intégrante du quotidien de Nathalie Beauvais. Cette infirmière libérale de 47 ans s’en inspire depuis dix ans pour reproduire, sur des toiles, les lumières des bords de mer.

Cheveux courts, souvent le sourire aux lèvres, des lunettes violettes et orange, Nathalie est la joie de vivre incarnée. Originaire de Royan, elle part faire ses études en soins infirmiers à la Rochelle où elle s’installe une fois diplômée en 1988. Nathalie se lance alors directement dans une carrière libérale. « Les stages que j’ai effectués en milieu hospitalier pendant mes études ne m’ont pas plu, souligne-t-elle. Je n’ai pas aimé la hiérarchie qui y règne, ni le niveau, qui est parfois celui d’une cours d’école maternelle. » Nathalie a donc déjà en tête, à l’époque, l’exercice libéral, sans pour autant avoir fait l’expérience de cette pratique. « L’idée d’aller chez les gens me plaisait beaucoup et me plait toujours, raconte-t-elle en arrivant à la cité HLM au nord de la Rochelle, où elle effectue sa tournée. Et puis, la nécessité de prendre soin des autres fait partie de moi. » Elle n’arrêterait ce métier pour rien au monde, car « j’ai besoin de m’occuper des gens soit par les soins, soit en parlant ou en riant avec eux. C’est un peu égoïste : je me fais plaisir tout en aidant les autres ».

L’infirmière commence sa carrière en effectuant des remplacements et s’associe, après un an de pratique, avec les deux infirmières du cabinet de Mireuil. Dans le quartier où elle exerce, Nathalie prend en charge des patients aux situations sociales compliquées. « J’ai des relations particulières avec eux. Je ne donne pas uniquement des soins car ils recherchent plus une écoute qu’autre chose et me demandent des conseils pour la gestion de leur vie familiale. »

Cependant, en 2007, Nathalie décide de ralentir sa pratique. Toujours propriétaire des locaux, elle devient de nouveau remplaçante dans ce cabinet et travaille pour un autre à Charon, à seize kilomètres. En tant qu’infirmière, elle n’exerce plus que dix jours par mois. « Mon mari étant à la retraite depuis quelques années, j’ai eu envie de ralentir un peu mon activité. » Et d’ajouter : « Mon métier a longtemps été ma passion. Mais j’ai peut-être été un peu usée et moins motivée, et, maintenant, j’en ai une nouvelle. » En effet, Nathalie consacre désormais le reste de son temps aux voyages, et surtout à la peinture…

L’appel de la mer

Gérard, le mari de Nathalie, avec qui elle vit depuis plus de vingt ans à L’Houmeau, à proximité de la Rochelle, lui a fait découvrir une façon de voyager qu’elle ne connaissait pas : le bateau. Le couple, qui en possède un actuellement en mouillage en Turquie, part en mer tous les ans, en mai, juin, septembre et octobre. « Ce n’est pas vraiment le bateau en soi qui me plaît, mais plutôt ce mode de transport qui offre une autre façon d’arriver dans un pays. C’est une manière vraiment extraordinaire de découvrir des paysages. »

Après avoir navigué par intermittence pendant quatorze ans dans les Caraïbes, Nathalie et son mari ont décidé, depuis trois ans, de partir à la découverte de la Méditerranée : Turquie, Baléares, Tunisie, Malte, Sicile et Grèce. Ces nouveaux paysages sont autant de sources d’inspiration pour Nathalie, qui dispose, à bord, de tout son matériel de peinture. « J’ai découvert le pastel il y a une dizaine d’années, complètement par hasard, en achetant un livre sur le sujet. Cela me paraissait facile. J’ai donc essayé tout de suite car je ne suis pas patiente », raconte-t-elle en éclatant de rire. Mais, très vite, elle s’oriente vers la peinture à l’huile, « plus noble » que le pastel et qui permet de créer des tons « inattendus et inespérés ». Davantage touchée par les couleurs que par le graphisme, les tons de la mer l’inspirent fortement pour ces tableaux riches en couleurs vives. Autodidacte, Nathalie a cependant pris quelques cours afin d’avoir des conseils et acquérir les bases techniques de la peinture à l’huile. « Pendant un an, j’y suis allée une fois par semaine. » Elle aimerait pouvoir trouver d’autres cours pour approfondir les techniques tout en laissant libre cours à son imagination.

Nathalie a également beaucoup appris sur la peinture en parcourant les livres et Internet. « Je ne sais pas dessiner, alors je fais avec mes moyens, je suggère. » Et, en dix ans de pratique, ses tableaux ont évolué. « Lorsque j’ai commencé à peindre, j’ai essayé de représenter les choses, mais c’était naïf puisque je ne savais pas dessiner. Les peintures que j’ai réalisées au début ne me plaisent pas du tout, car elles ne ressemblent pas au rendu que je souhaitais. Puis, un jour, j’ai reproduit ce qui me passait par la tête, les couleurs, les formes, et mon entourage m’a dit que c’était de cette manière que je devais dessiner, en me lâchant ! » Un travail qu’elle s’applique à faire depuis trois ans environ en insistant sur l’abstraction et le figuratif.

Partager ses toiles

Nathalie n’arrive pas encore tout à fait à se considérer comme un peintre. « Il faudrait que je fasse plus d’expositions pour me considérer comme tel, explique-t-elle. Cela vient aussi de mon caractère, je manque encore un peu de confiance en moi, il faut que je prenne de l’assurance. Mais je suis très motivée et je commence à me sentir artiste. » D’ailleurs, elle investit une grande partie de son temps à cette passion. « Je peins l’après-midi quand je ne suis pas en tournée et sur notre bateau. J’oublie tout quand je peins. Dans mon atelier, le temps passe sans que je m’en aperçoive. Je trouve cela magique de pouvoir faire des peintures avec des couleurs aussi gaies », raconte-t-elle en enfilant sa blouse blanche de peintre. Auparavant, Nathalie peignait dans sa maison, sur le palier de l’étage. « Avec le pastel, ce n’était pas un problème, mais la peinture à l’huile est plus salissante. » Elle a donc aménagé avec son mari un atelier dans l’ancienne conciergerie située dans le jardin de leur maison. Très coloré et décoré de souvenirs de ses voyages ainsi que de ses tableaux, l’atelier de Nathalie, apaisant, est actuellement en cours d’agrandissement. « Il fait 25 m2, mais il va être agrandi d’environ 33 m2. La nouvelle pièce permettra également d’accueillir nos invités. J’ai hâte que les travaux se terminent pour reprendre la peinture ! » D’autant plus que Nathalie doit produire de nombreuses toiles pour des expositions.

D’expos en expos

Outre des expositions collectives dans les villages environnants, elle a effectué sa toute première, “Des couleurs et des mers”, seule, pendant trois semaines en novembre 2011 dans une salle au bout de la jetée aux Sables d’Olonne. Pour cela, elle a dû accélérer son rythme de production afin d’avoir 26 toiles à présenter au public. « D’une exposition à l’autre, certaines des toiles que je montre sont les mêmes car je ne peux pas constamment en produire des nouvelles. » Et d’ajouter : « Habituellement, j’en réalise en moyenne une par mois. Comme la peinture à l’huile prend du temps à sécher, je peux me consacrer à plusieurs tableaux en même temps. Et l’avantage avec la peinture à l’huile est de pouvoir repasser sur les couches lorsque je ne suis pas satisfaite. » L’envie de montrer son travail au public pour savoir s’il peut plaire a poussé Nathalie à faire des expositions. « Et puis entasser les toiles chez moi, ce n’est pas mon but, je veux qu’elles se promènent », raconte celle qui s’est récemment inscrite à la Maison des artistes. À l’issue de sa première exposition, Nathalie – ou Thali B., sa signature – a vendu cinq toiles. Des ventes qui lui permettent, entre autres, de se racheter du matériel. Et elle continue de préparer de nouvelles expositions : en mai au salon d’Arts contemporain de la Rochelle, début août à Neuvicq le Château où elle va présenter une vingtaine de toiles, et elle en cherche d’autres.

La fin de son métier d’infirmière ?

Arrêter sa carrière d’infirmière pour se consacrer uniquement à la peinture lui a traversé l’esprit. « Mais il faut garder les pieds sur terre : les peintres qui vivent de la vente de leurs toiles sont rares. Et j’aurais du mal à ne plus être infirmière. J’ai trouvé le bon rythme en alternant mon métier et ma passion. » Cependant, l’artiste pense constamment à la peinture : « Je peins, je lis, je fais sans cesse des recherches sur Internet sur la peinture, alors qu’avec le métier d’infirmière, dès que je rentre à la maison, tout s’arrête. » Ses premiers fans « Mon mari, qui me soutient en permanence et m’a poussée à me lancer. Il y a aussi mes parents, mon frère et les deux petites filles de mon mari. Les encouragements sont très importants et font avancer. » Nathalie montre également ses toiles à certains de ses patients qu’elle connaît bien. « Ils aiment voir mes toiles, cela les change de leur quotidien et nous permet de parler d’autre chose que de la maladie. »

* Pour voir les œuvres deThali B., consulter son site Internet : www.thalib.com.