Des conseils
LE POINT SUR
Allaitement et médicaments ne font pas toujours bon ménage. Pourtant, il est rarement nécessaire de stopper l’allaitement pour pouvoir se soigner. Des alternatives thérapeutiques sûres et quelques précautions permettent dans la grande majorité des cas de prendre soin de soi sans aucun danger pour le bébé.
Prendre un médicament alors qu’on allaite expose à deux types de risque :
→ une diminution de la lactation quand la molécule freine la libération de prolactine (hormone impliquée dans la production du lait). C’est le cas des dérivés de l’ergot de seigle (antimigraineux), de certains antihistaminiques, de la pseudo-éphédrine (décongestionnant)… ;
→ une toxicité pour l’enfant : la toxicité est liée aux effets indésirables de la classe thérapeutique. Elle varie selon le produit et son passage dans le lait qui augmente proportionnellement à la concentration plasmatique maternelle (donc en cas de forte dose ou d’administration parentérale). Le passage est aussi influencé par de nombreux facteurs inhérents au médicament : son poids moléculaire (les forts poids moléculaires ne passent pas dans le lait), sa liaison aux protéines du plasma (moins la liaison est forte, plus le passage dans le lait est important), sa liposolubilité (les psychotropes, très liposolubles, passent plus facilement), son élimination (les demi-vies courtes sont préférables). Enfin, plus l’enfant est jeune, plus le risque est élevé du fait de son immaturité d’élimination.
→ L’enfant reçoit très peu de la dose ingérée par la mère. Pour la majorité des médicaments pris par voie orale, l’enfant reçoit au maximum 1 % de la dose reçue par la mère.
→ Les contre-indications absolues ne concernent que quelques rares traitements à toxicité potentielle grave pour l’enfant (cytotoxicité, cardiotoxicité, risque hémorragique). Il s’agit essentiellement de produits d’utilisation limitée (amiodarone, isotopes radioactifs, lithium, antinéoplasiques…).
→ Des alternatives thérapeutiques existent pour la grande majorité des produits dont la compatibilité avec l’allaitement est jugée mauvaise ou malconnue. Par exemple, les mères diabétiques seront obligatoirement sous insuline dont le poids moléculaire élevé empêche le passage dans le lait ; les diurétiques seront remplacés par d’autres molécules anti-hypertensives comme certains bêtabloquants ; la paroxétine ou la sertraline, en cas de dépression, seront préférées à la fluoxétine…
→ Se poser la question « Est-ce vraiment nécessaire ? ».
→ Toujours prendre un avis spécialisé auprès du médecin ou du pharmacien. Attention, certains professionnels peuvent être frileux à ce sujet, les monographies de nombreux médicaments déconseillant l’allaitement faute d’études. Trop d’allaitements sont stoppés à tort pour cette raison. Pour une information validée, consulter un centre de référence spécialisé : le Crat (Centre de référence des agents tératogènes, réservé à l’information des professionnels de santé, www.lecrat.org ou 01 43 41 26 22, ou Medic-Al, réseau de professionnels au 01 40 44 39 14). Il est aussi possible de s’adresser aux centres de pharmacovigilance (coordonnées sur le site www.afssaps.fr).
→ Respecter la dose efficace la plus faible possible et la plus courte durée de traitement.
→ Éviter d’associer entre elles plusieurs molécules (au sein d’un même produit ou non).
→ Préférer (si possible) la voie locale à la voie orale.
→ Redoubler de surveillance et consulter un médecin si l’enfant tète moins, somnole, manque de tonus…
Plus la tétée est proche du pic de concentration plasmatique, plus la quantité de lait est importante. Pour éloigner le plus possible les prises médicamenteuses des tétées, prendre si possible le médicament juste après une tétée et avant la période la plus longue sans tétée (la nuit en général).
Si toutefois la maman désire stopper l’allaitement, il est toujours possible de lui conseiller de tirer son lait à l’heure prévue des tétées et de le jeter pendant la durée du traitement. L’enfant reçoit pendant cette période des biberons de lait industriel ou de lait maternel tiré à l’avance.
Faux. Environ trois semaines après l’accouchement, il est possible de reprendre une contraception orale. La pilule progestative est en revanche préférée pendant l’allaitement (les œstroprogestatives freinent la lactation).
Faux. La plupart des antibiotiques sont compatibles, c’est le cas des plus courants comme les pénicillines et les macrolides.
Vrai/faux. Le délai d’élimination du produit dans le lait dépend du métabolisme du médicament qui est éliminé plus ou moins vite dans l’organisme (indications dans le Vidal ou auprès du Crat ou Médic-Al).
Vrai. La très grande majorité des médicaments utilisés en pédiatrie est utilisable pendant l’allaitement (sauf toxicité importante de certains produits).
Le premier principe est d’éviter de prendre un médicament sans avis médical.
Quelques produits d’utilisation courante sont néanmoins reconnus sans danger, par exemple : le paracétamol (fièvre et douleurs), les argiles et silicones (gastralgies), les mucilages, gomme de guar, lactulose, sorbitol (constipation), le lopéramide, argile, charbon (diarrhées), le phloroglucinol (spasmes abdominaux), le lévonorgestrel (pilule du lendemain), valériane ou passiflore (insomnies). Penser aussi à l’homéopathie.
L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament, ex-Afssaps) a émis en décembre 2011 une mise en garde contre l’utilisation de dompéridone (Motilium) pour stimuler la lactation. Cette molécule, antagoniste des récepteurs de la dopamine, agit comme stimulant de la motricité gastrique et est indiquée dans les nausées et vomissements, ballonnements, régurgitations gastriques. L’un de ses effets secondaires (stimulation de la sécrétion de prolactine) est utilisé, hors autorisation de mise sur le marché, chez certaines mères allaitantes pour stimuler la lactation. Or de récentes études épidémiologiques ont mis en évidence une augmentation du risque d’arythmies ventriculaires graves et de mort subite lors de l’utilisation de dompéridone. Même si aucun cas n’a été rapporté à ce jour chez des nourrissons allaités, l’ANSM estime que « la dompéridone ne doit donc pas être utilisée dans cette indication qui est en dehors du cadre de son autorisation de mise sur le marché ».
En savoir plus : www.afssaps.fr