Aurore Michel, infirmière au Club Med
La vie des autres
Un jour sur deux, Aurore Michel occupe la fonction d’infirmière dans un village du Club Med, aux Antilles. Le reste du temps, elle officie en tant que GO, “gentille organisatrice” auprès des GM, “gentils membres”, en vacances.
Aurore Michel travaille sur une île de rêve aux Antilles depuis qu’elle a quitté les urgences du CHU de Montpellier, en septembre 2010. Soleil en toute saison, buffet à volonté, piscine et plage, ambiance de fête, soins plus légers… Et un emploi du temps très particulier : elle alterne, un jour sur deux, un poste d’infirmière et une place de GO dans un village vacances du Club Med en Guadeloupe.
Les jours “infirmiers”, elle assure les soins pendant 24 heures, en se relayant avec une autre infirmière. Ce sont les seuls professionnels de santé sur place. De 9 heures le matin à 9 heures le lendemain, elle est joignable au téléphone à toute heure et tient la permanence à l’infirmerie le matin et l’après-midi. « On y accueille tout le monde : des GM, mais aussi des GO et des GE, les gentils employés, explique-t-elle. La plupart du temps, nous sommes sollicitées pour de la bobologie : égratignures, rhumes, maux de tête, de ventre ou d’oreilles à cause des activités aquatiques ou de l’air conditionné. » Au cas par cas, elle propose des médicaments disponibles sans ordonnance.
Plus rarement, Aurore Michel doit faire face à des problèmes plus graves, fractures ou autres. Son expérience de plusieurs années aux urgences s’avère alors précieuse. Elle prodigue les premiers soins, établit un pré-diagnostic et rassure en attendant les secours. Sur le territoire français, elle peut faire appel au 15 ; ailleurs, elle a la possibilité de se tourner vers les médecins locaux recensés par les précédentes infirmières dans leur rapport de fin de saison. Et, en cas d’urgence, elle peut solliciter les médecins que compte souvent le groupe de GM en vacances… L’infirmière s’occupe également des déclarations d’accident, des relations avec les compagnies d’assistance et prend des nouvelles, le cas échéant, quand un client est hospitalisé.
Le jour suivant, elle mène la vie d’un GO, le “gentil organisateur” mythique du club. Elle circule dans le village à la rencontre des GM et participe à plusieurs temps de convivialité : les danses collectives typiques du club, les crazy-signs, et les jeux autour ou dans la piscine le midi à l’heure de l’apéritif, le déjeuner commun puis le jeu-café sur la terrasse.
Passés les efforts des premiers temps pour cette ex-timide, les contacts se nouent rapidement. « Il s’agit de passer un bon moment », raconte Aurore Michel. Ensuite, entre environ 14 h 30 et 19 heures, « j’ai du temps libre, durant lequel j’ai accès à toutes les activités du club : voile, tennis, tir à l’arc, fitness… Je me suis même mise au trapèze volant ». Elle peut aussi paresser, quelquefois, pendant cette plage horaire. « Nous assurons beaucoup d’heures de présence alors, parfois, nous nous accordons des pauses, note l’infirmière. Mais pas tous les jours, car nous passerions à côté de certaines activités originales. »
Le soir, rendez-vous au bar pour papoter, dîner puis danser avec les GM. À 21 h 30, elle forme avec les autres GO la haie d’honneur qui mène au spectacle avant de mettre l’ambiance en mode night-club ou soirée lounge sur la plage… « Un sacré rythme, reconnaît l’infirmière. Un peu comme des vacances. C’est vrai, j’ai une astreinte à l’infirmerie, durant laquelle je suis professionnelle à 100 %. Mais je suis dans un cadre magnifique, les GO sont très sympathiques, je fais la fête et je m’amuse… »
En plus de quelques RTT, elle profite une fois par semaine d’une journée de congé… qu’elle passe souvent avec d’autres GO, à l’extérieur du village. « On visite, on va au resto ensemble, on peut se lâcher un peu, raconte-t-elle. Ce qui renforce la cohésion d’équipe. »
En milieu de saison, « notre chef nous appelle pour faire le point, savoir si nous voulons continuer et, si oui, recueillir nos souhaits de destinations pour la saison suivante. » Les postes sont affectés ensuite en fonction des besoins, des places disponibles, des langues parlées et de l’évaluation de fin de saison.
Entre deux contrats, elle rentre chez ses parents, retrouve sa famille et ses amis. Le changement de rythme et d’ambiance est assez brutal… Si elle apprécie être “en représentation” durant la saison, bronzée, maquillée et coiffée tous les jours, elle apprécie de pouvoir se faire un plateau-télé en pyjama ! Avant de repartir pour une nouvelle destination. Car, même si sa place au CHU l’attend pendant six ans et que la dimension technique des soins lui manque un peu, observe Aurore Michel, « je ne me vois pas du tout, pour le moment, retourner à l’hôpital ».
« Être infirmière libérale est une bonne solution quand on a une vie de famille. Mais il faut trouver le cabinet et les associés qui nous conviennent, ce qui permet de travailler moins en termes de jour par mois – même avec beaucoup d’heures – pour un salaire équivalent ou supérieur à celui d’un poste hospitalier. En revanche, on travaille seul et, pour le moment, la sensation d’appartenir à une équipe me manquerait beaucoup. Je trouve aussi que les soins que l’on peut faire en libéral ne sont pas assez techniques et j’aurais un peu peur de m’ennuyer. Je pense cependant que je viendrai au libéral un jour, quand j’aurai une famille et d’autres priorités. »
Les infirmières y assurent en moyenne deux saisons, indique Dominique Rosier, responsable santé au Club Med. Les besoins sont réguliers et exprimés au Salon infirmier (voir pages 20-21) ou sur le site Web de la société dédié au recrutement, www.clubmedjobs.fr. Les infirmières recherchées ont une expérience professionnelle d’au moins un an, de préférence aux urgences et/ou en pédiatrie, avec une bonne faculté d’adaptation et de débrouillardise. « Parler anglais est un plus, souligne Dominique Rosier, ou toute langue comme l’allemand ou l’italien. » Le contrat de travail est un CDD saisonnier, souvent de droit français et sous la convention collective de l’hôtellerie. Il dure de 2 à 8 mois, voire 12 dans les villages les plus lointains. Le salaire s’élève à 1 595 euros bruts par mois, frais d’hébergement et de nourriture déduits. En fonction des villages, l’infirmière travaille avec une infirmière du pays ou une autre infirmière française, parfois un médecin – mais il n’y a pas de médecin français dans les villages à l’étranger. Des formations sont possibles.