SANTÉ PUBLIQUE
Actualité
POLÉMIQUE→ L’affaire des “blouses impudiques”, partie d’une chronique de blogueuse kiné, alimente le débat dans la communauté soignante et chez les quidams. Vite, une solution !
Vous n’y aurez pas échappé, à moins d’être allé sur la planète Mars pour vos vacances. Tout a débuté fin juillet, avec une chronique de blogueuse, Leya MK, kinésithérapeute de son état, qui décrit la gêne d’une patiente de 85 ans, affublée de l’affreuse chemise d’hôpital, ouverte dans le bas du dos. « Dignité, mes fesses ! », s’emporte-t-elle dans un billet Web bien senti. Une autre blogueuse, médecin généraliste, s’empare du sujet avec une pétition en ligne « pour des chemises d’hôpital respectant la pudeur et la dignité des patients »
L’affaire des “blouses impudiques”, relayée par les médias, interpelle jusqu’à la ministre de Santé, pourtant en vacances. Le 9 août, Marisol Touraine assure par un mail à la pétitionnaire que cette question n’est pas « secondaire » à ses yeux. Son courrier circule vite sur Twitter : « J’ai saisi les services du ministère afin qu’ils me fassent des propositions, ajoute-t-elle. L’intimité de la personne doit être respectée dans l’ensemble du processus de soins, sans toutefois que ce respect ne perturbe la pratique des soignants. »
Si nul ne remet en cause l’utilité des chemises ouvertes dans le dos pour les patients alités ou pour une intervention au bloc, peut-on faire autrement pour les autres patients ? Une question que s’est posé, dès 2008, le CHU de Nîmes. Après un audit édifiant, l’établissement décide d’acheter de nouveaux vêtements respectant la dignité des patients. Mais les modèles présents sur le marché sont très chers. Après trois ans de tests infructueux, menés en collaboration avec la blanchisserie et les soignants, eurêka ! La nouvelle chemise, en tissu gratté, devra avoir une encolure en V, avec deux boutons-pression pour fixer le col, des manches papillon adaptées aux plâtres, mais également fermées par des pressions pour ne pas laisser apparaître les seins des femmes ; et, enfin, une fermeture en portefeuille dans le dos, là encore par deux pressions.
Au total, 7 500 chemises ont été commandées à Nîmes ainsi que des modèles pour enfants et patients obèses. Elles remplaceront les anciennes à partir de septembre, en priorité dans les services MCO (médecine, chirurgie, obstétrique), où « près de 50 % des patients portent des blouses », précise Christophe Bacou, directeur du pôle ressources au CHU. Coût supplémentaire de ces chemises : 45 centimes d’euros, vite amortis.
* La pétition, accessible sur le lien raccourci http://petitlien.fr/61o8, a dépassé les 12 000 signataires à l’heure où nous écrivons ces lignes.