SANTÉ PUBLIQUE
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SOLITUDE→ Chaque année, quelque 3 000 personnes âgées de plus 65 ans se suicident en France. La ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie compte inscrire la lutte contre l’isolement des seniors dans la future loi d’anticipation et d’accompagnement de la perte d’autonomie, dont le débat s’ouvrira à l’automne.
Plus discret qu’une canicule puisque moins médiatisé, et certainement pas exempt d’une certaine forme de tabou de la part de notre société, le suicide des personnes âgées est toujours en augmentation au cours de la période estivale. Isolement social et familial, solitude, sentiment d’inutilité, dépression latente non diagnostiquée ou non prise en charge, deuil, maladie, perte d’autonomie… sont autant de facteurs qui “s’emboliseraient” à cette période et favoriseraient le passage à l’acte.
Début août, trois suicides qui s’étaient déroulés à quelques jours d’intervalle, ont fait d’ailleurs réagir Michèle Delaunay, la ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie. Sur son blog, elle écrit, dans un post daté du 7 août, que « nous en sommes tous comptables de ces suicides. Proches à tous les titres de proximité possible, parents, pouvoirs publics. Ces derniers, à la fois en priorité pour tout ce qui est en leur pouvoir, et bien impuissants quand on sait que ce sont les dernières heures qui emportent la décision ».
De façon plus officielle, la ministre a aussi annoncé le 8 août que « la lutte contre l’isolement des personnes âgées, le rétablissement de liens intergénérationnels et de voisinage, l’amélioration des conditions sociales de ceux dont les revenus ne leur permettent pas une vie digne, ainsi que la palliation – autant que faire se peut – des déficits partiels d’autonomie constituent une priorité politique qu’[elle] souhaite inscrire dans la loi d’anticipation et d’accompagnement de la perte d’autonomie qu’elle a mission de préparer ». Le projet de loi devrait être discuté dès la fin de l’année. En attendant, la ministre appelle « à la vigilance de tous ».
« Le suicide des personnes âgées a tendance à être banalisé, comme si c’était normal de se suicider quand on est vieux », explique le psychiatre Jean-Jacques Chavagnat aux médias. Or, poursuit-il, « c’est un problème de santé publique et il faut pouvoir le traiter au mieux. Savoir diagnostiquer correctement un syndrome dépressif et repérer “les facteurs de risque” susceptibles de conduire à un passage à l’acte est essentiel ».
Selon les dernières statistiques disponibles, datant de 2009, sur les 3 000 personnes âgées de plus de 65 ans qui se suicident chaque année en France, on en dénombre près de 1 800 de 75 ans et plus, dont 620 âgées de plus de 85 ans. Par ailleurs, selon des chiffres fournis par France Prévention suicide fin 2010, c’est dans la tranche des plus de 85 ans que l’on observe les taux de suicide les plus élevés (39,7 morts par suicide pour 100 000 habitants de plus de 85 ans, soit un taux deux fois supérieur à celui des 25-44 ans).
D’une manière générale, prévient l’Union nationale pour la prévention du suicide, « les statistiques de mortalité ne sont toutefois pas exemptées de biais et conduisent probablement à une sous-estimation du nombre de décès par suicide ».
Rappelons que la 10e Journée mondiale de prévention du suicide, le 10 septembre prochain, sera dédiée à « la prévention du suicide à travers le monde : renforcer les facteurs de protection et insuffler l’espoir ». Plusieurs manifestations dédiées au grand public et aux professionnels de santé se dérouleront un peu partout en France à cette occasion.