Éditorial
« Qu’est-ce qu’on mange ? » Le repas, c’est le don de soi à l’autre, l’échange. C’est bien plus que ce que l’on trouve dans l’assiette et, pour preuve, c’est aussi ce qu’on a le plus de mal à abandonner avec un proche en fin de vie. « Il faut manger un peu, reprendre des forces. » Mais quand la guérison n’est plus un hôte qu’on attend, il faut savoir lâcher prise. Pour cela, il importe de savoir ce qui se joue lorsque l’on cesse d’alimenter, et s’y tenir.
Vous avez un rôle essentiel d’information à jouer en matière d’accompagnement en fin de vie, alors même que les Français ne cessent de réaffirmer leur souhait de s’éteindre chez eux. Notre Cahier de formation, fruit de plusieurs mois de travail, est là pour vous y aider. Avouez qu’il est quand même déroutant, aujourd’hui, d’avoir à se préoccuper autant de ce qu’on propose à nos proches, au quotidien, qui pourrait les amener à être malades. Et pourtant, c’est là tout l’objet du documentaire Tous cobayes ? qui vient de sortir en salle. Les produits chimiques, les manipulations génétiques sur un aliment de base comme le maïs en arrivent à former des tumeurs monstrueuses sur des rats en quelques mois. Certes ce sont des rats, tous albinos, et ce n’est pas l’animal auquel on préfère s’identifier. D’aucuns argueront aussi qu’un scientifique – ce qu’est le Pr Gilles-Éric Séralini, biologiste à l’université de Caen – n’a pas à accompagner une étude sérieuse d’un docu grand public, qu’on ne mélange pas nucléaire et OGM, Fukushima et Tchernobyl dans un même discours… C’est vrai. Mais cela ne change rien au fait que les agriculteurs et les dockers, qui manipulent ces denrées qui n’ont plus rien d’alimentaires, développent de plus en plus jeunes des pathologies qu’on ne guérit pas toujours. Manger est l’acte à la fois le plus délicieux, le plus dangereux et le plus nécessaire qu’on ait jamais inventé. Ce n’est peut-être pas la peine d’en rajouter.