Un dispositif médical
Cahier de formation
LE POINT SUR
Traditionnellement utilisés par voie rectale, les thermomètres médicaux profitent de plus en plus largement de nouvelles technologies, moins invasives et plus rapides. Leur fiabilité dépend essentiellement des conditions d’utilisation.
Les thermomètres pour mesurer la température corporelle sont des dispositifs médicaux de classe I ou IIA s’ils sont actifs (besoin d’une source d’énergie). Tous n’ont pas le même usage : le thermomètre électronique par voie rectale sert de référence pour une mesure précise, d’autres voies ou appareils suffisent pour tester et/ou suivre l’évolution de la température.
La température corporelle ne peut être mesurée précisément qu’à l’aide de sondes internes. On utilise en pratique courante des sites périphériques qui nécessitent ou non une correction pour s’approcher au mieux de la température centrale.
→ Rectal. La température étant proche de la température centrale, aucune correction n’est nécessaire. Mesure : insérer l’embout, éventuellement lubrifié avec de la vaseline, dans le rectum de 2 cm environ. Avantages : fiable, peu influencé par la température ambiante. Inconvénients : adaptation lente (demeure élevée après que la température interne a commencé à baisser), mesure stressante, difficile (agitation…), possibles contaminations par des micro-organismes fécaux et microtraumatismes. Contre-indications : lésions locales, péritonite.
→ Buccal. La mesure sublinguale, reflet de la température des artères linguales, nécessite une correction de - 0,6 °C en moyenne. Mesure : placer l’embout contre le frein de langue, bouche fermée et langue abaissée. Avantages : peu invasive. Inconvénients : influencée à la baisse par la respiration, la température ambiante et à la hausse par les aliments chauds, le tabac. Contre-indications : coma, détresse respiratoire, nourrissons.
→ Axillaire. Mesure peu sensible qui nécessite une correction moyenne de - 0,8 °C. Mesure : embout dans le creux de l’aisselle, au contact de l’artère axillaire. Avantages : non invasive. Inconvénient : très influencée par la mise en place et la température ambiante. Contre-indication : agitation.
→ Auriculaire. La température de la membrane tympanique reflète précisément celle de l’hypothalamus. Un écart moyen entre 0 °C et - 0,5 °C est observé. Mesure : insérer la sonde dans le conduit auditif en tirant le pavillon vers l’arrière. Si le capteur est mal orienté, on mesure la température du conduit et non du tympan. Avantages : rapide, non invasive. Inconvénients : forte variabilité liée au patient (cérumen, pilosité…), au positionnement, à la température ambiante. Contre-indications : décubitus latéral (surestimation), otite, otorrhée.
→ Frontal et temporal. La présence d’artères frontales et temporales relie la mesure à la température centrale. Mesure : balayage frontal avec ou sans contact ou contact de la sonde sur la tempe, dans le prolongement du sourcil. Inconvénients : perturbée par la température ambiante, les rides, le maquillage…
Le contact d’une sonde en métal permet la mesure par conduction.
→ Les appareils à dilatation contiennent un alliage métallique (indium, gallium…) dans un corps en verre.
→ Les digitaux électroniques sont les appareils de référence en utilisation domestique. Attention : les thermomètres “tétines”, peu fiables, mesurent la température supralinguale et non sublinguale, zone de référence.
→ Le conductif RATE (Rapid Accurate Temperature Establishment) est muni d’une sonde qui mesure quasi instantanément par contact les flux thermiques de l’artère temporale.
La technologie infra-rouge mesure les rayonnements thermiques d’une surface émettrice et les transforme en température corporelle. La majorité des appareils corrigent automatiquement la température en température rectale correspondante.
→ Les appareils auriculaires mesurent la température tympanique sans contact direct avec la membrane. Le milieu fermé de l’oreille limite la variabilité grâce à une insertion correcte.
→ Les appareils frontaux ou temporaux s’utilisent avec ou sans contact avec la peau. À ne pas confondre avec les bandelettes à cristaux liquides (échelle colorimétrique) qui ne sont que des indicateurs de température (peu fiables).
→ Les appareils mixtes permettent de prendre des mesures auriculaires et frontales ou temporales.
→ Mesure précise : voie rectale à tout âge.
→ Dépistage ou suivi de température : avant 2 ans : axillaire, temporal ou frontal. La mesure auriculaire est moins fiable (conduit auditif étroit) ; de 2 à 5 ans : axillaire, tympanique, temporal, frontal ; plus de 5 ans : axillaire, buccal, temporal, frontal.
→ Avant mesure, se reposer 15 minutes.
→ Chez l’enfant, limiter le nombre de mesures rectales, choisir plutôt un embout olive et flexible (risques de traumatismes).
→ L’entretien doit être soigneux. Pour les appareils à dilatation et digitaux électroniques, nettoyer à l’eau tiède et savonneuse puis désinfecter à l’aide d’un tampon d’alcool. Pour les thermomètres infra-rouges et RATE, nettoyer les sondes avec un chiffon doux ou une compresse d’alcool à 70 %.
→ Les appareils électroniques peuvent dériver dans le temps, les vérifier tous les ans par comparaison à un autre thermomètre.
La fièvre est une élévation de la température corporelle centrale au-dessus de 38 °C en l’absence d’activité physique intense et dans une ambiance tempérée.
Prise en charge : chez l’adulte, on considère que la fièvre < 41 °C est sans danger. Selon l’inconfort, se découvrir, boire, maintenir une température ambiante entre 18 et 20 °C et prendre si besoin un antipyrétique. Chez l’enfant, un traitement n’est recommandé qu’à partir de 38,5 °C.
Quand consulter ?
→ Enfants si fièvre > 38,5 °C (moins de 3 mois) ou > 40 °C (tous) et/ou somnolence, irritation, diarrhée, vomissement, refus de boire, convulsions.
→ Adultes si fièvre > 41 °C ou 40 °C (chaleur, effort physique, grossesse).
→ Fièvre persistant plus de 48 heures et/ou essoufflements, maux de tête, éruption cutanée, signes urinaires.
→ Affection chronique (dénutrition, diabète…).